EN BREF – Suite, mais pas fin, du bras de fer entre le maire de Saint-Just-de-Claix et le groupe Lactalis, dont la fromagerie l’Étoile du Vercors rejette ses effluents dans l’Isère. La justice vient en effet de donner raison au maire qui refuse d’accorder un permis de construire pour la station en question…
Le bras de fer entre le maire de Saint-Just-de-Claix Joël O’Baton et le groupe Lactalis continue, malgré les promesses du gouvernement. En attendant, la fromagerie l’Étoile du Vercors, rachetée par Lactalis en 2011, déverse donc toujours ses effluents dans l’Isère, comme elle le fait depuis plusieurs années au grand dam des défenseurs de l’environnement.
Au cœur du problème ? Le maire de la commune exige de l’usine qu’elle se raccorde au réseau public d’assainissement, tandis que l’entreprise affirme que ce raccordement serait insuffisant et demande l’autorisation de construire une station d’épuration. Autorisation refusée par le maire, à plusieurs reprises ces dernières années. Et ce contre l’avis même de la préfecture de l’Isère.
La députée Élodie Jacquier-Laforge a interpellé Nicolas Hulot
Revenu dans les médias à la faveur d’une nouvelle demande de permis de construire émanant du groupe, le sujet n’a pas manqué d’agacer la députée de la neuvième circonscription de l’Isère. Dans une question au gouvernement en date du 15 novembre 2017, Élodie Jacquier-Laforge a ainsi interpellé le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot*.
Dénonçant « une catastrophe écologique qui perdure depuis plus de quinze ans » et mettant clairement en cause le groupe Lactalis, la députée a rappelé que les préfets de l’Isère successifs n’étaient pas parvenus à trouver de solution, et a demandé à l’État d’agir. « Laisserons-nous à nos enfants un tel monde, avec une eau imbuvable et un air irrespirable ? Que comptez-vous faire pour mettre fin à cette situation ? », s’est-elle enquise.
La justice donne raison au maire
C’est la secrétaire d’État Brune Poirson qui a répondu à Élodie Jacquier-Laforge, en affirmant que « récemment, la société [Lactalis] a[vait] fait part de son projet d’installation d’une station d’épuration, qui permettra[it] de traiter efficacement les rejets concernés ». Un projet qui date en réalité de plusieurs années… « Notre ministère s’assurera du suivi des travaux et nous nous rendrons si nécessaire sur place pour en constater l’exécution », a enfin affirmé la secrétaire d’État.
Mais en se rendant sur place, les agents du ministère de la Transition écologique et solidaire risquent fort de ne pas voir grand chose. Car, deux jours après cet échange, la justice a donné raison à Joël O’Baton : le maire est dans son droit en refusant à Lactalis un permis de construire une station d’épuration.
Dans un communiqué associant Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté et la mairie de Saint-Just-de-Claix, le vice-président du Département en charge de l’Assainissement Bernard Perazio déclare à présent « espérer que ce jugement permettra à Lactalis d’adopter une position cohérente » et de procéder au raccordement à l’assainissement public. Ceci afin que son usine « puisse continuer à se développer dans des conditions environnementales, juridiques et sociales sereines ».
FM
* Un échange dont on peut trouver la retranscription sur le site nosdéputés.fr.