REPORTAGE VIDÉO – Le premier étage de la Casemate a été entièrement ravagé par les flammes, dans la nuit du 20 au 21 novembre 2017. Cet incendie criminel, selon les premières constations de la police, a entièrement détruit le Fab lab – l’atelier de fabrication numérique du Centre de culture scientifique technique et industrielle. Une attaque contre un lieu symbolique de la science et de la culture grenobloise qui a suscité colère et consternation tant du personnel que des responsables politiques.
Ambiance pesante ce mardi 21 novembre devant le centre de culture scientifique technique et industrielle (CCSTI) de Grenoble. Élus locaux et personnel étaient réunis à 10 heures devant La Casemate victime d’un incendie durant la nuit.
L’état des fenêtres laisse deviner l’ampleur des dégâts à l’intérieur du Fab lab ©Anaïs Mariotti
Le Fab lab, l’atelier de fabrication numérique situé au premier étage, a été totalement détruit par cet acte manifestement criminel. Trois départs de feux ont en effet été constatés par la police.
« Quasiment rien n’a survécu »
De l’extérieur du bâtiment, il est quasi impossible de distinguer l’ampleur des dégâts. Mais quand Eric Piolle et Christophe Ferrari sont redescendus du Fab lab, leur affliction était palpable. « Quasiment rien n’a survécu. Il y a seulement de la suie et une odeur de carbone », témoigne Christophe Ferrari.
Ordinateurs, appareils photos, imprimantes 3D… Il ne reste rien de l’atelier de fabrication numérique, précise le président de Grenoble-Alpes Métropole.
Christophe Ferrari et Eric Piolle sont redescendus du Fab lab – entièrement incendié – avec le regard éteint. © Anaïs Mariotti – Place Gre’net
Quel coût aura cet acte criminel ? « Il est trop tôt pour faire des estimations exactes. Mais des centaines de milliers d’euros viennent de partir en fumée », estime Patrice Senn, le président de La Casemate. Hormis les dégâts matériels, des prototypes et des projets artistiques stockés sur ordinateur ont également disparu.
Et « ce ne sont pas des biens rachetables », regrette Jeany Jean-Baptiste, la directrice adjointe. Heureusement, le rez-de-chaussé de la Casemate a été épargné par l’incendie et restera ouvert au public.
Un incendie « inattendu » et « gratuit »
Tous dénoncent un « acte gratuit », dont le motif demeure encore inconnu. Le personnel de la Casemate assure, par ailleurs, n’avoir jamais reçu de menaces ou connu de dégradations volontaires auparavant.
Les forces de police étaient encore très présente ce matin à 10 heures © Anaïs Mariotti
« Nous étions préparés pour les incendies. Mais on ne se doutait pas qu’il puisse, un jour, être d’origine criminelle », explique Patrice Senn. « La propagation du feu a été trop rapide pour qu’on puisse faire quoi que ce soit », déplore-t-il.
Les enquêteurs ne pourront en tout cas pas s’appuyer sur des images pour espérer mettre la main sur les auteurs, le bâtiment n’étant pas équipé de caméras de surveillance.
Une attaque contre un « lieu emblématique »
La Casemate, un symbole de la culture et de la science à Grenoble © Anaïs Mariotti
« S’attaquer à la culture et à la science, ça a une portée particulière », juge Christophe Ferrari qui se dit « écœuré et profondément choqué » par cette attaque contre un symbole du dynamisme grenoblois en matière de culture scientifique et numérique.
Patrick Curtaud, vice-président départemental à la culture, a également souligné, par communiqué un peu plus tard dans la matinée, sa « colère » et sa « consternation » face à cet acte criminel contre un « lieu emblématique de l’histoire grenobloise ». « S’attaquer à ce lieu, ce n’est pas seulement détruire un bâtiment, c’est attaquer l’idée même de progrès scientifique, de culture, de transmission », estime-t-il.
Eric Piolle, Patrice Senn et Christophe Ferrari devant la Casemate. © Anaïs Mariotti – Placegrenet.fr
Sur les lieux, Jeany Jean-Baptiste a partagé ce désarroi : « Nous sommes atterrés par l’ampleur des dégâts et par la gratuité du geste. C’est une vision d’horreur », confie-t-elle.
Quant au maire de Grenoble, resté plutôt discret ce mardi matin à la Casemate, il semblait particulièrement affecté par ces événements. Et a souligné, par communiqué, sa colère face à cet acte.
Un manque à gagner important
De fait, les conséquences s’annoncent lourdes. Chômage technique pour les salariés, annulation des événements et des visites pour les établissements scolaires… L’incendie du Fab lab représente un manque à gagner important.
« Nous accompagnerons les équipes, et nous soutiendrons la mise en place du matériel nécessaire », promet Christophe Ferrari. La Métropole et la Ville de Grenoble se sont ainsi engagées à retrouver un local pour poursuivre les activités du Fab lab.
Quid de l’augmentation des incendies criminels dans l’agglomération ? « Effectivement, c’est une situation très préoccupante, concède Christophe Ferrari. Nous faisons confiance à la police, qui nous dira si ces événements sont liés. » L’heure est donc à l’enquête.
Anaïs Mariotti