Le Conseil départemental de l’Isère veut faire connaître ses missions et les agents qui les accomplissent. Tel est le sens affirmé de sa nouvelle campagne de communication et de promotion de son action. Une démarche également politique, alors que les Conseils départementaux apparaissent pour certains comme l’échelon administratif à abattre.
« Un juste retour du travail fait au quotidien par les agents du Département. » C’est ainsi que Jean-Pierre Barbier, président du Conseil départemental de l’Isère, présente la campagne de promotion du personnel du Département. Des femmes et des hommes qui accomplissent au quotidien les tâches dévolues à la collectivité, depuis l’entretien des routes en passant par l’action sociale ou la restauration dans les collèges.
S’étalant du 17 octobre au 17 novembre, cette campagne divisée en deux séquences Nord-Isère et Sud-Isère met en avant des agents du Conseil départemental. Souriants, la main tendue pour figurer l’ouverture et l’échange, ils représentent les différents services du Département. En tout, ce sont 18 agents qui sont ainsi mis en scène et apparaissent sur les visuels.
Les « deux jambes » du Département
Pourquoi une telle campagne ? « Parce qu’il faut rappeler le rôle des collectivités territoriales », juge Jean-Pierre Barbier, qui précise être personnellement à l’origine de cette communication. « Une collectivité territoriale marche sur deux jambes : une jambe politique et une jambe administrative. Et c’est la parfaite coordination entre le politique et l’administratif qui fait que l’on arrive à un certain nombre de choses ! », insiste-t-il.
Un certain nombre de choses, comme « la plus grande cuisine du département, le plus grand réseau routier, le plus grand réseau d’accueil, le plus grand réseau social… », détaille le président. Sans oublier de rappeler que le Département de l’Isère est la troisième plus importante collectivité de la région Auvergne-Rhône-Alpes, juste derrière le Conseil régional et la Métropole de Lyon. En matière de budget comme de population.
Un message politique sous-jacent
Si cette campagne est une manière de célébrer les 4 630 agents du Département, la dimension politique n’est ainsi pas absente du tableau, au moment où nombre d’acteurs politiques pourfendent le mille-feuilles administratif et invitent à supprimer des collectivités. Et, sans surprise, Jean-Pierre Barbier n’a pas l’intention de laisser faire…
« Chaque fois que l’on parle de réforme territoriale, le Département est l’échelon qu’il faut supprimer. Je peux vous dire que c’est un maillon essentiel de cette organisation territoriale », clame-t-il. Avant de déplorer le « bashing » dont seraient victimes les conseils départementaux et de dénoncer le « gigantisme » de certaines collectivités, la Région en tête.
« Je voudrais qu’on se sorte de la tête l’idée que la proximité, c’est quelque chose de ringard. Quand les grands groupes industriels veulent s’installer sur un secteur, ils veulent un ancrage territorial parce qu’ils ont conscience que le gigantisme n’est pas quelque chose qui fonctionne ! », ajoute encore le président du Département.
Quid des critiques concernant le coût de fonctionnement du conseil départemental ? Là encore, Jean-Pierre Barbier dresse le glaive et assure que le Département répond à des besoins de société qui existeraient sans lui. « Ce ne sont pas les collectivités territoriales qui créent les demandeurs de RSA, les personnes âgées, les personnes handicapées, l’enfance en danger ! »
Quand Jean-Pierre Barbier vante le travail des fonctionnaires
Une ode à la fonction publique surprenante de la part d’un homme de droite, soutien à Nicolas Sarkozy durant la présidentielle de 2017 ? Jean-Pierre Barbier assume pleinement son amour pragmatique des fonctionnaires, et affirme combattre dans son propre camp la tendance consistant à les dénigrer. Tout en ironisant : « J’espère qu’on ne va pas me prendre ma carte du parti ! »
« Pendant des années, justifie-t-il, au prétexte d’avoir un souci de gestion rigoureuse, on a externalisé tout un tas de choses. Dans le domaine du social, de l’environnement, on a confié à des associations. C’est extraordinaire, sauf que les missions ne semblent plus portées par le Département. Ça ne favorise pas la transparence, mais surtout cela nous coûte beaucoup plus cher. »
Une campagne à 70 000 euros tout compris
Le message risque, une fois encore, de mal passer auprès des structures associatives qui, depuis des mois, dénoncent les orientations de la nouvelle majorité et les baisses de financement. Jean-Pierre Barbier cite, pour sa part, l’exemple des Espaces naturels sensibles dont une gestion “internalisée”, avec embauche d’agents à la clé, aurait permis d’économiser pas moins de 250 000 euros.
Mais puisque l’on parle d’argent, combien a coûté cette campagne d’autopromotion, diffusée sur les mobiliers départementaux et sur les emplacements Decaux ou Clear Channel ? 70 000 euros tout compris, répond le Département, depuis la conception en interne jusqu’aux frais de diffusion. Avec en prime un numéro spécial d’Isère Magazine, et un partenariat avec le Dauphiné Libéré.