REPORTAGE VIDÉO – Après Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon le chef de file de La France insoumise (LFI) s’est déplacé ce 11 octobre à Grenoble pour apporter son soutien aux salariés de GE Hydro. Un soutien politique de poids mais aussi une aubaine médiatique pour les grévistes qui occupent le site et demandent toujours la suspension du plan social qui les frappe. Jean-Luc Mélenchon a « adjuré » Emmanuel Macron et Bruno Le Maire d’intervenir et de prendre leurs responsabilités.
C’est sur l’air de « On lâche rien » que près de 300 personnes – salariés de GE Renewable Energy (GE Hydro), pour certains en famille, militants de la France insoumise et un parterre de politiques – ont accueilli Jean-Luc Mélenchon.
Le leader de La France insoumise (LFI), en déplacement à Grenoble ce mercredi 11 octobre, est venu apporter son soutien aux grévistes de General Electric qui occupent leur usine depuis plus d’une semaine.
Après un discours au cours duquel le tribun a sévèrement étrillé Henri Poupart-Lafarge, le PDG d’Alstom, il a demandé à Emmanuel Macron et à Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, de prendre leurs responsabilités. Notamment pour que l’État fasse jouer l’option d’achat de 20 % des actions de Bouygues au sein d’Alstom, qui arrive à échéance le 17 octobre. Tout comme Arnaud Montebourg l’avait fait une dizaine de jours plus tôt lors d’une rencontre à Grenoble avec les salariés en lutte.
Reportage Joël Kermabon
Jean-Luc Mélenchon « adjure » l’État d’intervenir
« S’il ne le font pas c’est qu’ils ne veulent pas le faire ! Voilà la vérité ! L’État a 20 %, l’État pourrait les racheter. Il ferait une bonne affaire financière et la France continuerait à disposer de son appareil de production », fulmine Jean-Luc Mélenchon, juché sur la tribune qui fait face aux salariés. « C’est de la politique, ce sont des dirigeants politiques qui ne veulent pas faire ce qui est nécessaire pour l’intérêt général du pays », martèle encore le député des Bouches-du-Rhône.
« J’adjure le président Macron et le ministre Le Maire de comprendre ce qui est en jeu, il ne s’agit pas seulement d’un montage financier, il s’agit d’une question technique et de qualification professionnelle », a déclaré solennellement Jean-Luc Mélenchon. Qui considère qu’il est primordial de conserver des unités de production en France.
« On parle ici de postes de travail uniques dans leur genre et à très haut niveau de qualification », souligne le chef de file des Insoumis. Des postes de travail dont il fera d’ailleurs une description détaillée et empathique, un peu à la Zola, dans la première partie de son discours. Une manière de conquérir un peu plus un auditoire pourtant déjà acquis.
« Des incapables, des mendiants de subventions publiques ! »
L’occasion était trop belle pour le leader de la France insoumise d’écorner au passage Henri Poupart-Lafarge, le président directeur général d’Alstom, s’étonnant ironiquement de se retrouver à la tribune à sa place. « C’est lui le chef d’entreprise ! […] Il n’y a pas de respect humain ! Il pourrait venir vous dire qu’il ne peut pas faire autrement, mais il ne vient pas le faire ! », lance-t-il à la petite foule. Et d’extrapoler l’attitude du PDG. On reconnaîtra le style qui ne fait pas dans la dentelle.
« Voilà ce que c’est ! Des incapables, des mendiants de subventions publiques, des gens cupides qui passent leur temps à vouloir toujours plus », assène Jean-Luc Mélenchon. Applaudissements.
Et puisqu’il est question des dirigeants, à Paris, dans le même temps où Jean-Luc Mélenchon discourait, Henri Poupart-Lafarge était auditionné par les commissions des affaires économiques de l’Assemblée nationale et du Sénat à propos de la fusion d’Alstom avec Siemens. Raison pour laquelle une délégation d’une cinquantaine de salariés de GE Hydro, faisant feu de tout bois, sont montés à la capitale pour protester devant les deux assemblées.
« Le gouvernement suit la situation de très près »
Pour autant, il semble que, du côté du gouvernement, les lignes commencent à bouger. Mais pas vraiment là où l’attendent les grévistes de GE Hydro, à savoir sa position sur le rachat des fameuses actions. Lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale ce mercredi 11 octobre, Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement a assuré que « le gouvernement suit la situation de très près » et « qu’il sera extrêmement attentif à ce que General Electric respecte tous ses engagements et notamment la création nette de 1 000 emplois ». Une promesse faite par le groupe lors de son rachat de la branche énergie d’Alstom. Faute de quoi le groupe risque d’être lourdement frappé par une « pénalité financière de 50 000 euros pour chaque poste non créé », prévoit le gouvernement.
Émilie Chalas dénonce des « récupérations politiques »
Par ailleurs, les représentants des salariés de GE Hydro sont reçus ce jeudi 12 octobre à Bercy, suite à une démarche initiée par Émilie Chalas, la députée La République en marche (LREM) de la troisième circonscription de l’Isère.
Qui se désespère « des récupérations politiques faites depuis la semaine dernière. Ce ne sont pas messieurs Mélenchon et Montebourg qui proposeront des solutions constructives », a‑t-elle déclaré sur l’antenne de nos confrère de France bleu Isère. « Jean-Luc Mélenchon n’est pas président. Nous le remercions pour ses idées, mais elles n’ont pas été retenues par les Français », tacle Émilie Chalas.
Enfin, Christophe Castaner a fait l’annonce de la tenue d’une nouvelle réunion à Bercy le 16 octobre, laquelle réunirait « l’ensemble des acteurs » concernés par la restructuration du site grenoblois de GE Hydro. Toujours est-il que si les salariés en grève se plaignaient que leur lutte soit peu médiatisée et manque de visibilité, la venue de Jean-Luc Mélenchon les aura au moins rassurés sur ce point. À défaut – regrettent certains d’entre eux – d’autres assurances peut-être plus compliquées à obtenir.
Joël Kermabon