REPORTAGE VIDÉO – En l’absence de réaction de la part du rectorat, l’équipe éducative du collège Vercors qui en est à son 8e jour de grève multiplie les actions en vue d’obtenir des postes de surveillants supplémentaires. Ce lundi 18 septembre, une réunion avec les associations du quartier, elles aussi victimes de la diminution des contrats aidés, était organisée. Avant que des représentants des professeurs, parents d’élèves et assistants d’éducation ne décident de camper sous les fenêtres du rectorat afin d’y passer la nuit.
« L’idée c’était de faire un point avec les parents d’élèves mais aussi les associations du quartier pour voir comment nous pourrions continuer pour obtenir ce que nous voulons et dénoncer la situation des contrats aidés en voyant l’impact que cela a sur le quartier dont le collège est un acteur essentiel », explique Christelle Blanc-Lanaute qui représente le personnel du collège Vercors. C’est à cet effet que l’équipe éducative qui en est à son 8e jour de grève organisait ce lundi 18 septembre à 18 heures une réunion d’information devant la Maison des habitants du quartier de l’Abbaye.
Parmi les soutiens, le maire et des adjoints
Sur place, de nombreux soutiens. Outre des professeurs du collège et des assistants d’éducation (AED), des parents d’élèves et de nombreux élus ont fait le déplacement. Notamment Éric Piolle, le maire de Grenoble – qui avait déploré la perte de 160 emplois sur Grenoble et interpellé le rectorat sur la suppression des contrats aidés (CAE) – , Élisa Martin, Fabien Malbet et le conseiller municipal honoraire Raymond Avrillier. Mais aussi des représentants d’associations du quartier mises en péril par la diminution du nombre de contrats aidés décidée par le gouvernement.
Un peu plus tard, un petit groupe s’est dirigé vers le rectorat aux abords immédiats duquel, à l’aide de tentes, ils ont érigé un campement de fortune afin d’y passer la nuit et d’inviter le recteur à un petit déjeuner dès le lendemain. Du moins l’ont-ils espéré.
Reportage Joël Kermabon
« Nous ne faisons pas partie des secteurs préservés »
« Nous ne sommes pas les seuls a être impactés par la suppression des contrats aidés. Là, nous, ça se voit beaucoup et c’est pour cela que nous sommes très mobilisés mais souvent dans les associations les gens sont plus isolés. L’idée est de fédérer un petit peu tout ça », expose Christelle Blanc-Lanaute. Un tout premier contact donc où, dans un premier temps, seules deux associations touchées par le gel des contrats aidés se sont exprimées. En l’occurrence les cafés associatifs La Pirogue et le Barathym.
Thomas Pedron-Trouvé, le coordinateur du Barathym lors de sa prise de parole. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« Sur les cinq emplois que nous avons à La Pirogue, quatre sont en contrats aidés. Nous ne pouvons pas renouveler ces postes clés et nous serons très certainement obligés de fermer notre café », nous confie Véronique Gonçalves, la gérante de l’établissement. Même motif, même punition pour le Barathym.
« Nous sommes sur un territoire politique de la ville et nous avons une mission de cohésion sociale mais nous ne faisons pas partie des trois secteurs préservés – bien qu’ils ne le soient pas complètement – que sont l’Éducation nationale, les collectivités territoriales et l’urgence sanitaire et sociale », regrette quant à lui Thomas Pedron-Trouvé, le coordinateur du Barathym dont quatre emplois sont également menacés. « Tout ceci est brutal et nous sommes dans la sidération », commente, désabusée, Véronique Gonçalves.
L’occasion pour Thomas Pedron-Trouvé d’appeler à la mobilisation pour la défense des emplois dans le secteur associatif. « Nous sommes en train de nous constituer en collectif d’associations dans le but d’essayer d’alerter l’opinion. Nous appelons toutes les associations qui souhaiteraient se joindre à nous à signer un communiqué que nous allons mettre en ligne sur le site du Crieur de la Villeneuve », explique le coordinateur du Barathym.
Une délégation va monter à Paris ce jeudi 21 septembre
Pour autant, si l’équipe éducative élargit le débat sur le problème des CAE en solidarité avec le secteur associatif, elle n’en perd pas de vue ses objectifs. « Ce soir, nous allons camper devant le rectorat avec pour objectif de maintenir ce campement jusqu’à mercredi midi où nous appelons les autres établissements à venir nous rejoindre », précise Christelle Blanc-Lanaute. Qui rappelle que d’autres collèges ou écoles, s’ils ne sont pas encore impactés, vont l’être tout comme le collège Vercors. Mais là ne s’arrête pas la combativité de l’équipe éducative.
Petit déjeuner de la petite équipe qui a campé aux abords du rectorat. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« Nous allons envoyer une délégation à Paris jeudi matin pour rejoindre d’autres établissements qui organisent un rassemblement devant le ministère de l’Éducation nationale avant de rallier le cortège parisien », annonce la porte-parole. Dans le même temps, ceux qui seront restés à Grenoble participeront à la manifestation qui part à 10 heures de la gare.
« L’idée est d’organiser, après la manifestation une réunion publique pour élargir le débat et proposer d’autres actions en direction de la préfecture de Région, du gouvernement… », précise-t-elle encore. En attendant, l’équipe éducative qui se prépare à un neuvième jour de grève attend toujours les propositions du rectorat de Grenoble et l’octroi de surveillants supplémentaires.
« Les contrats aidés, aujourd’hui en voie de disparition, répondent à des besoins structurels. Mais ils ne sont pas pris en compte par le rectorat dans le calcul du taux d’encadrement des collèges, alors que sur le terrain ils répondent à des besoins essentiels et participent bien de l’encadrement des collégiens », plaident les grévistes sûrs de leur bon droit. L’équipe éducative en est convaincue, « ils sont devenus essentiels au fonctionnement des établissements scolaires. Le rectorat se refuse à l’entendre et se réfugie derrière des statistiques éloignées de notre réalité », finissent-ils par lâcher.
Joël Kermabon