FOCUS – Après la pause estivale, Eazyshop, tout nouveau service de livraisons à domicile et à vélo de produits frais et de qualité, collectés chez des petits commerçants grenoblois, redémarre ce 1er septembre. La formule est-elle viable ? Toujours est-il qu’un concurrent direct, Goukitok, est lui aussi dans les startings blocks…
David Bidard, 26 ans et Alexandre Compain, 25 ans, les deux jeunes cofondateurs
d’Eazyshop, s’apprêtent à reprendre du service.
Eazyshop ? Un facilitateur de courses locales, en quelque sorte. Le slogan imaginé par les cofondateurs est assez explicite : « Tout votre quartier en un seul panier. » L’idée étant donc de proposer des produits de qualité, frais, de saison et locaux – pains, légumes, viandes, poissons, fromages – mais aussi plus spécifiques : vins, alimentation exotique, etc. Il suffit de commander sur Internet, et la livraison est effectuée dans la journée, à son domicile ou sur son lieu de travail.
Des livraisons jusqu’à 20 heures
Les deux jeunes entrepreneurs mènent, pour l’heure, tout de front : gestion de la plateforme d’e-commerce Eazyshop, démarches commerciales et partenariales… Leurs après-midis sont encore plus sportives, puisqu’Alexandre et David livrent eux-mêmes leurs clients, à vélo et ce jusqu’à 20 heures. Des clients essentiellement grenoblois et, pour les autres, habitant la proche banlieue (Échirolles, Fontaine, Saint-Martin-d’Hères…).
David Bidard, cofondateur d’Eazyshop, service de livraison à vélo de produits alimentaires frais, sur Grenoble et dans sa proche banlieue. DR
Officiellement lancé en février 2017, Eazyshop est opérationnel depuis mai dernier. Le service sur Internet s’adresse à tous. Certes, il semble susceptible de séduire tout particulièrement les actifs qui n’ont guère le temps de faire quotidiennement leurs courses chez les petits commerçants, mais pas que… « Nous avons des clients de tous âges, de 25 à 70 ans et de profils variés », assure David Bidard, l’un des deux cofondateurs.
L’allié du petit commerce versus le “drive” des grandes enseignes
Les livraisons de courses à domicile ont particulièrement le vent en poupe. Toutes les grandes enseignes s’y sont mises, avec le “drive”. Quant aux start-up – comme Foodora, Take Eat Easy et Deliveroo – elles ont jusqu’ici plutôt investi le champ de la restauration, en livrant des plats tout faits et à vélo. Le tout avec des cadences de travail parfois infernales, qui ont été dénoncées.
Plus d’une dizaine de commerçants grenoblois partenaires d’Eazyshop, service de livraisons à domicile, à vélo, sur Grenoble et sa proche banlieue. DR
Easzyshop se distingue donc en proposant une sorte de « drive à vélo du petit commerce local », misant sur la saisonnalité, la qualité et l’originalité des produits…
Avant la pause estivale, Eazyshop avait déjà fédéré une dizaine de commerçants partenaires (une épicerie fine, un boulanger, un fromager, un primeur, un poissonnier, un boucher…) et enregistrait entre cinq et dix commandes par jour. A la veille du redémarrage du service, un nouveau caviste et un commerce asiatique viennent de signer avec le service de livraison à vélo.
Objectif : 40 commandes par jour
Les prix des denrées vendues par Eazyshop sont les mêmes que ceux observés en boutique. Le client ne paie, en supplément, que le coût de la livraison à vélo, fixé à 4,9 euros. Un prix unique, quelles que soient la longueur de la liste de courses et la distance parcourue par les livreurs.
Les entrepreneurs prennent l’essentiel de leur commission sur le chiffre d’affaires qu’effectuent les commerçants grâce à Eazyshop.
« Notre concept est assez jeune en France. Nous sommes quatre ou cinq à proposer ce type de service dans l’Hexagone », estime David Bidard. Dont deux rien que sur Grenoble… Le concurrent ? Goukitoc. Il a débarqué seulement un moins après le lancement d’Eazyshop.
Il ne faut donc pas s’endormir sur ses lauriers dans ce secteur. D’autant que la rentabilité du modèle économique sera atteinte à condition d’engranger quarante commandes par jour, annonce le cofondateur. « C’est sur la quantité que notre modèle est viable », poursuit-il.
Le challenge : trouver des clients
Afin de susciter une large adhésion à ce nouveau service, les jeunes entrepreneurs sont en train d’explorer différentes pistes pour se faire connaître et déclencher l’acte d’achat. Et de suggérer, dès à présent, sur leur site, des « paniers à thèmes » et des recettes de petits plats appétissants, à concocter bien sûr au moyen de quelques-uns des 500 produits frais en vente sur Eazyshop.
Les attentes des différentes cibles potentielles sont du reste relativement disparates. Par exemple, les jeunes entrepreneurs sont actuellement en négociation avec des services d’aide à domicile, dans le but de toucher les séniors via les personnes qui font leurs courses.
Si un terrain d’entente est trouvé, il est probable que les deux entrepreneurs aient à mettre au point une interface spécifique de prise de commande simplifiée et adaptée à la clientèle plus âgée.
Séverine Cattiaux
« Une idée avec du sens »
Anciens étudiants de l’Institut des administrations et des entreprises (IAE) de Grenoble et de l’Ensimag (école d’ingénieur), Alexandre et David se sont rencontrés lors de leur Master 2 Entrepreneuriat & conseils aux PME. « Nos profils étaient complémentaires et nous voulions nous lancer dans l’expérience de la création d’entreprise », explique Alexandre.
« Nous avons donc commencé à chercher une idée avec du sens, répondant à un réel besoin et non pas un énième site de e‑commerce. Après quelques semaines de recherche, nous avons soumis notre idée Eazyshop lors d’un concours dans l’entrepreneuriat où nous avons remporté le premier prix ! Cela nous a donné la conviction que nous étions sur le bon chemin et que notre « idée » de livraison de commerces locaux était à développer. »