EN BREF – Stéphane Gemmani s’invite à son tour dans le débat sur la légalisation du cannabis. Après Éric Piolle, maire de Grenoble, et son adjointe Élisa Martin, qui se sont prononcés pour à plusieurs reprises, et Jérôme Safar qui veut faire de Grenoble un « territoire expérimental », le conseiller régional d’opposition plaide, lui aussi, pour l’expérimentation. Mais dans le cadre de “salles de shoot”.
Dans un courrier adressé à Place Gre’net, Stéphane Gemmani se déclare « plutôt favorable » à la légalisation du cannabis. Avantages d’une telle mesure ? Elle « mettrait fin à une certaine violence engendrée par son trafic et assécherait les économies souterraines », offrant l’occasion de « sortir de nombreux adolescents des réseaux criminels ».
De plus, celui qui fut conseiller municipal de Grenoble durant le mandat de Michel Destot juge que « légaliser le cannabis priverait, pour un moment, le crime organisé de sa plus grande source de revenu ». Sans compter que « la prohibition coûte très cher, et pose le grave problème d’un épuisement des forces de l’ordre et d’un engorgement des tribunaux ».
« Mettre le paquet sur la prévention »
Est-ce à dire que la légalisation n’aurait que des avantages ? À condition de prendre des « précautions pour ne pas générer des choses qui seraient bien pires que ce que nous connaissons et vivons actuellement ». Ainsi, « si le cannabis est légalisé, sa consommation va s’accroître considérablement et notamment dans les premiers temps », considère le conseiller régional. Avec toutes les conséquences sur la santé que peut entraîner la consommation d’une substance nocive.
Stéphane Gemmani rappelle, à ce titre, que « la fumée du cannabis, contenant plus de substances cancérigènes que celle du tabac, est donc plus toxique pour le système respiratoire et peut favoriser des cancers de la gorge ». C’est pourquoi il estime que cette consommation doit être encadrée, et qu’il « faut vraiment tout miser et mettre le paquet sur la prévention ».
Mieux former la police aux évolutions du marché
Autres risques sanitaires ? Le conseiller régional affirme que « certains trafiquants disent attendre cette légalisation avec impatience pour étendre leur clientèle et la rendre encore plus captive par des produits plus fortement dosés ».
Et de citer la “skunk”, une « variété de cannabis OGM plus puissante qui augmente les risques de développer une maladie mentale »*.
Enfin, parce que « les criminels ne se fixent pas sur un produit mais sur l’argent », Stéphane Gemmani estime qu’une « formation et anticipation des services de police aux évolutions du marché » serait nécessaire. Et ceci pour s’attaquer au report des trafiquants sur la cocaïne, voire sur d’autres drogues de synthèse « beaucoup plus dangereuses sur un plan sanitaire ».
Des “salles de shoot” pour les consommateurs de cannabis ?
Comment prévenir ces possibles dérives selon Stéphane Gemmani ? « Il serait bon de développer des salles de consommation à moindre risque (SCMR), qui pourraient encadrer aussi cette consommation », estime-t-il. Une proposition de campagne pour les élections municipales de 2020, auxquelles il ne cache pas vouloir participer ?
Les SCMR, parfois surnommées “salles de shoot”, sont actuellement des espaces dédiés à la consommation de drogues par injection, comme l’héroïne. L’expérimentation d’une telle salle à Grenoble figurait par ailleurs en 39e position des engagements de campagne du candidat Éric Piolle.
FM
- * Une affirmation souvent battue en brèche, notamment par les partisans de la légalisation du cannabis. Ceux-ci rappellent que le skunk est né dans les années 70, issu de méthodes de croisements et de sélections classique dans l’agriculture. Et qualifient le cannabis OGM surpuissant de « mythe prohibitionniste ».