ENTRETIEN – La récente intervention, très médiatisée, de Jean-Yves Coquillat, procureur de la République, sur le trafic de stupéfiants à Grenoble a replacé la sécurité au cœur du débat politique grenoblois. Réponse d’Élisa Martin, première adjointe d’Éric Piolle et responsable de la tranquillité publique, suite à l’entretien accordé à Place Gre’net sur le bilan à mi-mandat de l’équipe municipale.
Les récentes déclarations de Jean-Yves Coquillat, procureur de la République de Grenoble au sujet du trafic de stupéfiant dans l’agglomération ont secoué la torpeur estivale grenobloise. Le magistrat n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, estimant, dans Le Dauphiné libéré, la ville de Grenoble « pourrie et gangrenée par le trafic de drogue ».
De quoi susciter des réactions, malgré la trêve estivale, dont celle de la première intéressée, Élisa Martin dans les colonnes du Dauphiné libéré. Alors que la première adjointe déléguée à la tranquillité publique nous avait accordé, en amont des déclarations du procureur, un entretien sur la tranquillité publique (ci-dessous), elle a accepté de nous livrer sa réaction sur cette récente actualité.
« JE TROUVE CE MAGISTRAT TRÈS FORT, INDÉPENDANT ET LIBRE »
« Nous avons beaucoup d’estime pour ce magistrat. Moi je le trouve très fort, très indépendant et libre. C’est une belle représentation de la justice française », nous explique Élisa Martin, qui revient sur les propos du procureur ce mardi 1er août. Et de poursuivre : « Après, c’est sûr que quand on a un monsieur qui est procureur de la République, un personnage important, référent […] et qu’il dit des choses comme cela, ça aide la société française à poser le problème. »
Pour autant, aussi explosive qu’ait été la déclaration de Jean-Yves Coquillat, l’équipe municipale n’envisage pas de modifier ses priorités en matière de tranquillité publique. Tout en se défendant bien de vouloir éluder la question.
De fait, des actions étaient déjà prévues bien avant les déclarations du procureur (cf. interview).
Notamment, dès ce mois de septembre, un plan de sensibilisation autour des questions de prostitution et au mois d’octobre une campagne de communication à destination des consommateurs de cannabis. « C’est juste qu’il ne faut pas non plus que les choses se bousculent », justifie Élisa Martin.
« Qu’il aille faire son boulot à l’Assemblée nationale, celui-là ! »
Mais si la première adjointe s’est montrée dithyrambique au sujet du procureur, elle a été beaucoup moins tendre avec Olivier Véran, nouveau député de la 1re circonscription. « On ne peut plus parler de tranquillité publique et de ville apaisée dès lors que l’ordre républicain n’est plus assuré sur l’ensemble du territoire grenoblois », avait-il critiqué le 27 juillet dans les colonnes du Dauphiné libéré. De quoi provoquer l’ire de la première adjointe.
« Qu’il aille faire son boulot à l’Assemblée nationale, celui-là ! », fulmine-t-elle. Et de pourfendre : « Plutôt que de faire de la politique à deux balles qu’il fasse son boulot de député comme, nous, nous faisons notre travail d’élus municipaux ! Qui est-il pour dire des choses pareilles, c’est inacceptable ! »
Avant que Jean-Yves Coquillat ne s’exprime, nous avions interrogé Élisa Martin au sujet de la tranquillité publique. Un point d’étape alors que la municipalité Piolle parvient à plus de la moitié de son mandat électoral.
Place Gre’net : En 2016, Bernard Cazeneuve en visite à Grenoble pointait une progression de la délinquance dans la ville. Que vous évoquent ces chiffres ?
Élisa Martin : II faut observer une prudente réserve et un certain recul face à ces chiffres qui reflètent, avant toute chose, l’activité de la police et les priorités actuelles du ministère de l’Intérieur. N’y figurent pas les petits actes d’incivilités ou encore, beaucoup plus graves, les agressions sexuelles qui n’ont pas fait l’objet de dépôt de plainte et encore moins d’enquêtes.
Bernard Cazeneuve, lors de sa visite à Grenoble en 2016 alors qu’il était ministre de l’Intérieur. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur a, depuis deux ans, complètement refondé son système de statistiques pour le rendre complètement homogène. Aujourd’hui, tous les services de polices entrent de la même façon tous les indicateurs qui permettent de faire de vraies comparaisons qui ne seront exploitables qu’à compter de l’année prochaine.
Force est de constater, après trois ans de délégation de tranquillité publique mais aussi en lisant Mafias de l’ancien juge d’instruction Gilbert Thiel – mon homologue à Nancy, qui consacre un chapitre entier à Grenoble –, que dans la ville et son agglomération nous avons une situation particulière où une certaine “voyouterie” s’est installée et parfaitement organisée, ce qui explique les règlements de comptes de 2015. Mais oui, bien sûr que cette situation nous inquiète. Quand vous voyez des situations comme à Saint-Bruno où des gens “arrosent” sur l’espace public, on ne peut que l’être.
« La police municipale, après trois ans, est bien meilleure
qu’elle ne l’était quand nous sommes arrivés »
La tranquillité publique repose en partie sur la police municipale. Ses effectifs ont-ils évolué ? Et ses ressources humaines sont-elles mieux réparties sur l’ensemble de la ville ?
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