FOCUS – L’hyperloop, train supersonique en cours d’essai dans le Nevada, transportera les voyageurs à la vitesse de 1 200 km/h. Ce projet fou, sorti de l’imagination fertile du milliardaire américain Elon Musk, intéresse désormais la Région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que les entreprises lyonnaises et stéphanoises…
Grâce à un système de capsules circulant sur des coussins d’air propulsés par un champ magnétique dans un tube à basse pression, les voyages en hyperloop iront bien plus vite qu’en TGV ou en avion. Un mode de transport digne d’un roman de Jules Verne, qui relèverait de la science-fiction ? Plus vraiment, puisque le train supersonique vient de réussir ses premiers essais dans le Nevada… « Nous sommes capables de construire tous ces procédés. Ils existent déjà. Il faut les pousser évidemment plus loin », affirme Claude Risac, président du conseil de développement de Saint-Étienne Métropole.
Le 5 juillet dernier, le conseil de développement organisait ainsi une rencontre entre la société Transpod, l’un des trois leaders de l’hyperloop dans le monde, et une cinquantaine d’entreprises stéphanoises et lyonnaises. Objectif de cette rencontre : nouer des contacts et amorcer des projets de partenariat. Il semblerait en outre qu’une première ligne soit déjà pressentie pour les tests en Auvergne-Rhône-Alpes : elle relierait Saint-Étienne et Lyon.
L’hyperloop, un projet de transition énergétique ?
La ville de Saint-Étienne se verrait bien pionnière dans l’utilisation de ce mode de transport futuriste. « La première ligne de chemin de fer est arrivée ici ! », rappelle d’ailleurs Claude Risac, qui se montre toutefois moins enthousiaste quant au choix de ce trajet… « La distance entre Saint-Étienne et Lyon est assez courte, et l’hyperloop n’aurait pas même le temps d’atteindre sa pleine vitesse. »
Toujours est-il que le 29 juin dernier les conseillers régionaux d’Auvergne-Rhône-Alpes ont adopté un vœu proposé par le groupe Groupe socialiste, démocrate, écologiste et apparentés (SDEA).
Le vœu que la Région « [devienne] un acteur majeur développement de l’Hyperloop, ce nouveau moyen de transport qui permettrait, par exemple, de relier Lyon à Saint-Étienne en moins de huit minutes… »
Fervent partisan de ce mode de transport futuriste, Stéphane Gemmani, conseiller régional SDEA, s’enflamme : « Il s’agit sans doute de la plus grande innovation de transports rapides de biens et de personnes depuis le TGV, déclare-t-il dans un communiqué. Le projet Hyperloop, nous en sommes convaincus, a un potentiel majeur en matière d’aménagement du territoire et de transition énergétique ».
Coût d’un hyperloop ? Environ 18,4 millions d’euros par kilomètre, soit à quelque chose près celui du TGV.
Les écologistes de la Région préfèrent le RER
Dans une tribune publiée sur le site Acteurs de l’économie, l’écologiste Jean-Charles Kohlhaas, porte-parole du Rassemblement citoyens écologiques et solidaires (RCES), émet, pour sa part, un grand nombre de réserves s’agissant de construire un hypothétique hyperloop entre Lyon et Saint-Étienne.
« Il ne faut pas confondre vitesse et rapidité », met notamment en garde le porte-parole EELV. L’écologiste estime en effet que le temps passé en amont et en aval du transport en hyperloop demeurerait important par rapport à la durée du trajet lui-même.
Le voyage entre Saint-Étienne et Lyon durerait au final entre une heure et une heure quinze, et non pas huit minutes. Autre problème : l’infrastructure de l’hyperloop devant être la plus linéaire possible, elle nécessiterait sur ce parcours la construction d’un nombre considérable d’ouvrages d’art…
Bref, l’écologiste n’y croit pas et ne veut pas d’hyperloop : « Les Français, rêvent souvent d’inventions plus ou moins pertinentes (Concorde, TGV, Minitel…). Nos voisins européens sont plus pragmatiques […] Le besoin du territoire entre Saint-Étienne et Lyon, c’est un mode de transport fiable, régulier… [Il] s’appelle RER. »
Déjà un groupe de travail lancé avec la SNCF
Quelles que soient les réticences et les interrogations qui demeurent, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a bel et bien décidé de mettre en place un groupe de travail. Ce qui ne l’engage en rien, du reste… « [Ce groupe] sera chargé de proposer très bientôt à la SNCF de l’accompagner dans les expérimentations en cours sur ce projet », annonce Stéphane Gemmani.
Séverine Cattiaux