FOCUS – Pour son premier déplacement depuis sa nomination au gouvernement le 21 juin, Julien Denormandie, secrétaire d’État à la cohésion des territoires, s’est rendu lundi 10 juillet dans l’Oisans pour évoquer la thématique des accès aux services publics et au numérique dans les territoires de montagne. Une problématique prégnante en Oisans. Sa volonté affichée de travailler en étroite collaboration avec les acteurs locaux a été appréciée.
Le rendez-vous avait été donné à la Maison de services au public de l’Oisans, située au Bourg‑d’Oisans. Cette structure aide la population du territoire notamment dans ses démarches vis-à-vis des administrations. Démarches qui sont aujourd’hui dématérialisées. Elle contribue ainsi à lutter contre la fracture numérique, présente sur ce territoire, et à retisser du lien social.
Partir des réalités du terrain
C’est là que Julien Denormandie a entamé sa première visite de terrain lundi 10 juillet en début d’après-midi. « L’objectif de ce déplacement est de venir au plus proche des acteurs de terrain pour se demander si l’ensemble de nos politiques publiques ont véritablement une efficacité pour apporter aux habitants des services publics, de téléphonie, d’internet ou d’accompagnement dans toutes leurs démarches administratives », explique le secrétaire d’État à la cohésion des territoires. « Cela m’a paru vraiment pertinent de venir dans le pays de l’Oisans discuter avec les acteurs de terrain pour comprendre leur perception, parfois critique, leurs pistes de progrès et pouvoir ensemble établir des améliorations pour que, in fine, cela se fasse au bénéfice des habitants. »
Les problèmes de couverture numérique, frein au développement économique
15 % de la population française est encore aujourd’hui en précarité numérique. Cela signifie que ces personnes n’ont pas de boîte mail, ne savent pas naviguer sur internet ou n’ont pas les moyens financiers de s’équiper en matériel.
En parallèle, la couverture numérique n’est pas encore totale ni optimale. Cela contribue à l’isolement de populations et constitue un frein économique majeur.
« Ces problématiques de couverture mobile et numérique, c’est mon quotidien », confie Marie-Noëlle Battistel, députée de la 4e circonscription de l’Isère dont l’Oisans fait partie.
« Nous avons la problématique des agriculteurs qui n’arrivent pas à envoyer les documents très importants pour eux de la Pac, les fichiers sont trop lourds », illustre par l’exemple celle qui est aussi présidente de l’Association nationale des élus de montagne (Anem). « C’est très bloquant et notamment pour l’installation de petites entreprises sur nos territoires. »
Au sein d’une même commune, des différences de couverture importantes
Au cours d’un échange avec le secrétaire d’État, André Salvetti, maire du Bourg‑d’Oisans, a souligné qu’« il y a[vait] un problème dans les pourcentages » de couverture affichés par les opérateurs téléphoniques, souvent 98 ou 99 %.
« Notre commune est considérée comme très bien reliée. C’est vrai ici à la Maison de services au public, mais à 1 km où il y a des entreprises, ce n’est pas le cas. Ce n’est pas dans les statistiques. » Un message qui a été entendu par Julien Denormandie. « L’idée n’est pas de partir des cartes que nous donnent nos services ou les opérateurs mais de la perception qu’ont les habitants de ce qui marche et de ce qui ne marche pas, a assuré le secrétaire d’État.
« La plateforme France Mobile [permettant aux exécutifs locaux de faire remonter les problèmes de couverture qu’ils identifient sur leur territoire, ndlr] servira à faire une cartographie qui soit proche de la réalité. La réalité ce sont les gens qui nous l’indiquent, pas les statistiques. »
Objectif du gouvernement : l’accès au très haut débit pour tous d’ici 2022
Concrètement, en matière de très haut débit, le gouvernement se donne pour objectif la « couverture de l’ensemble du territoire (français) en très haut débit fixe à échéance 2022 » et « l’accélération significative de la couverture mobile avec la fin des zones blanches 4G ». Il a demandé aux opérateurs, lors d’une réunion le 7 juillet à Paris, de définir une feuille de route détaillée d’ici septembre pour l’atteindre.
Marie-Noëlle Battistel rappelle aussi l’apport de la loi Montagne, dont elle était rapporteur, adoptée fin 2016. « Nous avons inscrit un certain nombre de dispositifs qui vont être à la fois incitatifs et facilitateurs pour déployer ou trouver des solutions alternatives et un droit à l’expérimentation des territoires pour aller plus vite. Parce qu’il faut aller plus vite », a insisté la députée.
« La couverture totale est prévue pour 2022 et, moi, j’aimerais bien que ça soit pour 2020 », glisse Marie-Noëlle Battistel dans un sourire. La présidente socialiste de l’Anem a, en tout cas, été satisfaite des échanges avec le secrétaire d’État macroniste. « Le ministre s’est montré réceptif et surtout collaboratif au niveau de la mise en œuvre d’expérimentations à partir du territoire alors que, souvent, elles partent du haut [des administrations, ndlr]. Je pense que c’est prometteur et qu’il faut engager ce travail avec son cabinet et voir comment nous pouvons avancer ensemble. »
Après la Maison des services au public, Julien Denormandie et les élus du territoire ont pris la direction de Besse-en-Oisans pour inaugurer un site mutualisé entre quatre opérateurs qui permettra prochainement l’accès à la 3G aux habitants du village.
Laurent Genin