DÉCRYPTAGE - La Zac Flaubert de 90 ha doit devenir le modèle de quartier en transition de Grenoble. S'il faudra attendre quelques années avant de voir si le défi de la transition écologique a été relevé, quid de l'exigence de transition démocratique, qui, elle, se joue dès maintenant ? La marge de manœuvre des citoyens grenoblois est, dans les faits, très modeste…
La nouvelle démarche de concertation relative à l'aménagement du quartier Flaubert en devenir, a redémarré en avril. Avec déjà quatre premiers ateliers de co-production « nouvelle formule » en vue d’imaginer les grandes lignes de la transformation de ce secteur de Grenoble de 90 ha, tout étiré en longueur entre le centre-ville et les quartiers Sud. « Nouvelle formule », puisque la municipalité du maire EELV Eric Piolle a mis un point d’honneur à « co-construire » avec les habitants l'avenir de ce quartier.
« On recommence depuis le début ! », commente en aparte une habitante, lasse, ce mercredi 10 mai au soir, à l’issue d'une première réunion de synthèse de la démarche de concertation. Après avoir suivi balades urbaines et réunions en tous genre, menés à l'époque, sous la houlette des ateliers d’Yves Lion, et même entrevu les premières esquisses du quartier, elle vient d'apprendre que tout est à refaire…
« J’espère qu’on ira au bout cette fois-ci ! », espère-t-elle, pas tout-à-fait convaincue. Il est possible d’en douter si, à chaque élection, ce long projet dont l'échéance est établie à 2032, est remis à plat. « Eric Piolle aurait dans l’idée de faire un deuxième mandat. Alors bon… », déclare cette habitante, avec le sourire, en enfourchant son vélo.
Des avis contrastés sur la méthode
Le 10 mai dernier, les concepteurs urbains de Sathy, le groupement commandité pour animer la concertation du projet Flaubert, présentaient à la Chambre d’agriculture la synthèse du premier travail co-produit avec les habitants, lors de quatre premiers ateliers thématiques.
Comment les ateliers se sont-ils déroulés d'abord ? Dans un format assez classique… Les participants se sont installés autour de tables. Ils ont ensuite eu à sélectionner des mots en lien avec les thèmes des ateliers « transition », « mobilités », « nature en ville », etc. Certains mots étaient suggérés, mais ils pouvaient en proposer d’autres. Le produit de ces réflexions ? Un collage de mots-clé, disposés autour d’un cercle, tels les rayons d’un soleil.
L’exercice a plutôt réjoui Gisèle Lipovestzki, membre du conseil citoyen indépendant F, qui endossait par ailleurs le rôle de garante (cf. encadré ci-dessous) lors de ces ateliers : « Pour l’instant, on en est encore qu’à l’aspect théorique, souligne-t-elle. Cela me semble intéressant de travailler dans l’optique d’un village modèle, d’un environnement qui pollue moins, avec de la végétation naturelle, des matériaux recyclables pour le bâti, une attention sur la lumière, la végétalisation, l’eau, l’ouverture sur les montagnes… »
Elle demeure toutefois prudente : « Oui, on a la parole. Je pense qu’il y a une certaine marge de manœuvre. On a une action possible. Mais on jugera, après, si c’est de la poudre aux yeux ou pas. » Au contraire, Louis Cipri, habitant et président de Vivre à Grenoble, n'y va pas par quatre chemins pour critiquer la manière de faire : « Ces ateliers sont plutôt infantilisants avec des post-its à manipuler, trois quarts d’heure de présentation pour discuter de ce qu’on va coller… Les gens ont voulu coller un maximum de mots et eux [Sathy, la Ville et l'aménageur, ndlr] font la synthèse qu’ils veulent. »
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 73 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous