EN BREF – Un peu moins d’une centaine de personnes se sont rassemblées à la Villeneuve, ce samedi 18 février, pour manifester leur soutien à Théo, le jeune homme gravement blessé lors d’une interpellation policière, le 2 février dernier, à Aulnay-sous-Bois. Ils répondaient à l’appel à la « mobilisation citoyenne » lancé par l’Union nationale lycéenne (UNL), le collectif Pas de quartier pour les clichés et le l’Union nationale des étudiants de France (Unef).
« Nous partîmes à cent, mais par manque de renfort, nous ne nous vîmes plus que cinquante en arrivant au point de dislocation. »
Ce détournement de la fameuse tirade du Cid illustre bien le flop de la « grande manifestation citoyenne » organisée ce samedi 18 février en soutien à Théo. Le jeune homme d’Aulnay-sous-Bois avait été la victime d’un contrôle d’identité pour le moins musclé de la part de quatre fonctionnaires de police, le 2 février dernier.
Initiative de l’Union nationale lycéenne (UNL) à laquelle se sont associés le collectif Pas de quartier pour les clichés et l’Union nationale des étudiants de France (Unef), ce rassemblement n’avait rien de comparable avec la mobilisation grenobloise du 10 février. Une manifestation au cours de laquelle quelques éléments incontrôlables s’étaient livrés à des bris de vitrines.
En définitive, seule une petite centaine de jeunes manifestants a déambulé, dans le calme et encadrée par quelques policiers, de l’arrêt de tram La Bruyère à la Villeneuve jusqu’à l’anneau de vitesse… le cortège allant en se dégarnissant au fur et à mesure de sa progression. Au nombre des slogans scandés par le petit groupe : « Tout le monde déteste les matraques », « Théo, Adama [Traoré, ndlr], même combat »…
Entre autres revendications, la généralisation des caméras piétons
Après l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Bobigny le 5 février dernier, trois policiers ont été mis en examen pour violences volontaires en réunion tandis qu’un quatrième l’a été pour viol. Le rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a écarté la thèse du viol privilégiant l’accident. Ce qui n’a fait qu’alimenter la colère, en particulier dans les quartiers dits “sensibles”.
Pour le collectif Pas de quartier pour les clichés, qui a lancé l’idée de cette mobilisation, la violence policière est inacceptable. « Nous demandons le port obligatoire du matricule pour toute personne dépositaire de l’ordre public, la généralisation des caméras piétons, la limitation de l’usage des armes, la création d’une instance indépendante et impartiale de contrôle et d’enquête, afin d’apporter des réponses à une situation qui ne cesse de s’aggraver », énumère le collectif sur sa page Facebook. Autant de demandes qui s’inscrivent, selon le collectif, dans la volonté de repenser les relations police-citoyens et tenter de rétablir une confiance bien mise à mal.
Les jeunes des quartiers, grands absents
Le collectif réclame également que les habitants des quartiers populaires ne soient plus considérés comme des citoyens de seconde zone. C’est du moins ce que nous explique Moncef Hireche, le porteur du projet Pas de quartier pour les clichés à Grenoble.
Reste que les jeunes des quartiers n’étaient pas au rendez-vous, même si le fol espoir de les voir se rallier au cortège au cours de la marche a pu naître un instant dans les esprits. D’ailleurs, le choix du quartier de la Villeneuve n’était pas dû au hasard, comme l’explique Anouk Pisanesthi qui s’exprime au nom de l’Unef Isère.
Chez certains représentants du collectif Pas de quartier pour les clichés, l’heure était aussi à l’agacement face à ce qu’ils estiment être une récupération du mouvement par les syndicats étudiants. Anouk Pisanesthi s’en défend. « Je pense que leur perception est due au fait que peu de gens des quartiers sont présents. Pour autant, le but c’était qu’ils ramènent des gens à cette manifestation », explique la jeune syndicaliste. « Et c’est vrai qu’aujourd’hui il y avait très peu de personnes… », regrette-t-elle.
Joël Kermabon