DÉCRYPTAGE – Une association, des élus d’opposition et une élue de la majorité qui dénoncent les choix de terrain, les indemnités versées ou la manière d’agir du maire… La question du déplacement d’une aire de gens du voyage fait polémique à Saint-Ismier, autant qu’elle agace la Communauté de communes du Grésivaudan.
« On s’est engagés à faire la transparence, à économiser l’argent public, à faire les choses correctement… et on ne fait pas les choses correctement ! » Ainsi s’exprime Geneviève Picard, conseillère municipale de Saint-Ismier. Et le “on” en question désigne… la majorité municipale à laquelle elle appartient, suite à une fusion de listes entre centristes et Républicains au second tour des élections de 2014.
Un déplacement nécessaire
Le motif de colère de Geneviève Picard ? Le déplacement d’une aire d’accueil de gens du voyage, ou plutôt la manière dont ce déplacement a été fait. Si l’opération représente un coût d’environ un million d’euros, ni Geneviève Picard, ni les élus d’opposition de Saint-Ismier – qui dénoncent également des irrégularités, ne remettent en cause son principe ou ses raisons.
Tous conviennent en effet que l’aire actuelle, qui accueille des gens du voyage “sédentarisés” dûment ismérusiens, n’est pas adaptée du fait de sa proximité avec une déchèterie ouverte tous les jours de la semaine. Une situation qui entraîne des nuisances sonores importantes et, au final, des tensions entre les gens du voyage et le personnel de la déchèterie.
Mais le dossier, pris en charge par la Communauté de communes Pays du Grésivaudan (CCPG), n’en fait pas moins grincer des dents. Une « fusée à trois étages », estime l’avocat Thierry Aldeguer, saisi par Geneviève Picard pour déposer un recours auprès du tribunal administratif de Grenoble.
Acheter 16 000 m2 pour n’en garder que 5 000 ?
Premier étage : l’achat d’une parcelle de terrain afin d’implanter la nouvelle aire des gens du voyage. En l’occurrence, 16 000 mètres carrés de terres agricoles, achetés au prix de 5 euros le mètre carré, quand seuls 5 000 mètres carrés sont nécessaires. Ce qui amène la CCPG à revendre les 11 000 mètres carrés restants au prix… d’un euro le mètre carré.
« L’opération immobilière m’a interpellée : ceux qui ont fait la négociation savaient dès le début qu’il ne fallait que 5 000 mètres carrés. Et c’est le maire de Saint-Ismier qui a fait la négociation pour la Communauté de communes, à qui j’ai dit que ce n’était pas une opération correcte ! », s’exaspère Geneviève Picard.
L’opposition de Saint-Ismier ne dit pas autre chose, estimant par la voix d’un de ses représentants que l’achat de 16 000 m2 quand seuls 5000 étaient nécessaires relève de la « gabegie ». Un terme qu’elle a par ailleurs utilisé au sein de sa tribune dans le journal municipal de Saint-Ismier, Le Lien.
« Pourquoi acheter 16 000 quand on a besoin de 5 000 ? On pouvait faire une division parcellaire, cela existe. Le vendeur n’était pas obligé de céder la totalité de sa parcelle ! », s’indigne-t-elle ainsi.
Saint-Ismier posséderait 32 000 m2 de terres communales
« On n’aurait jamais réussi à n’avoir que 5000 m2. À un moment donné, il faut aussi que les choses soient efficaces et que l’on avance ! », lui répond Bruno Caraguel. Le conseiller délégué du Grésivaudan en charge des gens du voyage invoque l’urgence de la situation : « Il y a des gens qui vivent dans des cabanons à côté d’une déchèterie et ce n’est pas tenable. Si on avait cherché à n’acheter que 5 000 m2, on les chercherait encore… »
Sans avoir peut-être, pour autant, besoin d’aller très loin. Geneviève Picard affirme en effet avoir découvert que la municipalité de Saint-Ismier possède 32 000 m2 de terres communales, non exploitées, sur lesquelles aucun projet n’est établi, situées à proximité de la parcelle accueillant la nouvelle aire des gens du voyage.
« On aurait pu choisir une terre communale proche des réseaux d’eau et d’électricité et la vendre pour 1 euro symbolique à la Communauté de Communes. J’ai posé la question : pourquoi n’avons-nous pas choisi une terre communale ? Nous n’avons pas eu de réponse. Visiblement, la CCPG n’était pas au courant de l’existence de ces 32 000 m2 de terres communales. »
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