FOCUS – Le projet Cœurs de ville, cœurs de métropole ne sera pas suspendu, comme le réclame le collectif de commerçants et d’habitants Grenoble à cœur. C’est la réponse que leur a faite le président de la Métro, à quelques jours du bilan de la concertation. Modifié ? A la marge, et sur la base d’options prévues avant la concertation. Pas suffisant pour le collectif qui n’exclut pas de se tourner vers les tribunaux.
Le projet Cœurs de ville, cœurs de métropole ne sera pas suspendu.
C’est la réponse qu’a faite le président de la Métropole, Christophe Ferrari, le 3 janvier dans un courrier adressé aux commerçants du centre-ville qui réclamaient un moratoire du projet de piétonnisation des boulevards Sembat, Rey et Lyautey.
Modifié ? Même pas. Ou à la marge. Pas question donc de maintenir la circulation sur le boulevard Agutte-Sembat. Le projet de rendre piéton cet axe est la colonne vertébrale du projet porté par la Métro, qui prévoit également de fermer à la circulation dans les rues Lakenal et Montorge et d’instaurer le double sens sur le boulevard Gambetta.
Rien de neuf…
De ce plan de circulation, le collectif qui s’est constitué en réaction à CVCM n’en veut pas. Il l’a fait savoir à plusieurs reprises. Par courrier notamment, ou en manifestant le 5 décembre devant l’hôtel de Ville de Grenoble. En proposant un contre-projet aussi : celui de maintenir le trafic sur Sembat et Montorge, de faire du boulevard Gambetta l’axe structurant vélos et de revoir l’élargissement du secteur piéton avec les riverains et les usagers. Voire de rendre piétons le boulevard Sembat et la rue Montorge les dimanches et jours fériés.
Mais de cette alternative, le président de la Métro* n’en veut visiblement pas non plus. Bref, pas question de transiger, ni de repousser le projet. Le modifier ? A la marge alors. Et encore…
La piétonnisation de Sembat abandonnée au droit de la place Victor-Hugo parce qu’elle « induisait de par le report de nombreux bus et cars sur le boulevard Gambetta une dégradation de l’accessibilité qui ne pouvait être compensée ailleurs » ? C’est ce que propose Christophe Ferrari. Rien de neuf en fait, cette option ayant déjà été prévue avant la concertation.
Le collectif dénonce un « simulacre de concertation »
La circulation est bien maintenue au nord, sur le boulevard Édouard Rey, et au sud, sur le boulevard Maréchal Lyautey, « afin notamment de faciliter l’accès, respectivement, aux parking en ouvrage Philippeville et Chavant et Hoche ». Mais ce scénario avait aussi été prévu avant la concertation.
Bref, rien de neuf. C’est ce que dénonce le collectif, après le « simulacre de concertation » dont le bilan et les orientations retenues seront présentées ce jeudi 5 janvier.
« La coupure à la circulation de l’axe Sembat-Rey-Lyautey, est un choix sans discussion possible, souligne le collectif. Ce choix était fixé avant tout début de concertation et a été présenté comme irrévocable à la concertation ». Un « passage en force » qui viserait à supprimer près de 50 % des véhicules du centre-ville mais entraînerait reports de circulation et de pollution, notamment vers les quartiers sud de la ville.
« Le plan de circulation du centre-ville élargi étudié par Transitec repose sur l’hypothèse d’une baisse de la circulation de 18 500 sur 141 200 déplacements de véhicules par jour. Si on prolonge la baisse obtenue les années passées, avec une offre accrue des transports en commun, il faudrait quatre à cinq ans pour arriver à ce résultat. Le projet CVCM/Grenoble voudrait obtenir ce résultat en un trimestre. C’est impossible sans graves conséquences. De même, l’hypothèse de départ de cette étude, d’une part de déplacements cyclistes trois fois supérieure du jour au lendemain, nous paraît totalement irréaliste », note le collectif, qui réclame toujours un moratoire du projet. Et n’exclut pas de saisir la justice.
Patricia Cerinsek
* Contacté à plusieurs reprises, Christophe Ferrari n’a jamais donné suite à nos demandes d’interview.