Le projet Cœurs de ville, cœurs de métropole (CVCM) inquiète les unions de quartier et les associations de commerçants de Grenoble. Rassemblées dans le tout nouveau collectif “Cœur de Grenoble”, elles l’ont fait savoir dans un courrier adressé au président de la Métropole, Christophe Ferrari, dans lequel elles demandent un moratoire.
Et elles sont nombreuses à s’être rassemblées derrière cette bannière : deux unions de quartier (Championnet, Bonne, Condorcet, Hoche et centre-ville) et huit unions commerciales (Cœur de ville, Étoile centre-ville, Label ville, Lafayette Développement, les Boutiques de Berriat, les Halles Sainte-Claire, Strasbourg-Chavant et Vieilles rues des Halles) ont apposé leur signature à ce courrier.
Toutes réclament au président de la Métro un moratoire du projet, le temps de mettre en place une véritable concertation “accompagnée d’une évaluation sérieuse des conséquences”.
Car le calendrier du projet, lancé au pas de charge, est serré. La phase de concertation terminée, un bilan doit être tiré (en décembre), avant que la Métro n’arrête la liste des rues concernées par la piétonnisation (en janvier), que le nouveau plan de circulation soit testé (en février) et que le boulevard Agutte-Sembat soit totalement fermé à la circulation automobile (en mars)… Mais de concertation, pour le collectif qui y a participé dès le début, il n’y a pas eu.
« Avec ce projet, on risque de jeter le bébé avec l’eau du bain ! »
“ Nous avons éprouvé le sentiment d’entrer dans un entonnoir dont la seule sortie était le projet arrêté préalablement, sans possibilité d’introduire des idées nouvelles hors de rares cadres prédéfinis. Notre avis était sollicité sur les mesures d’accompagnement d’un projet arrêté, sans possibilité de le discuter et d’explorer des alternatives”, souligne le collectif dans son courrier.
“Ce n’est pas un débat pour ou contre la piétonnisation, souligne François Bazès, vice-président de la chambre de commerce et d’industrie de Grenoble. Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut réduire la place de la voiture en ville. Or, là, avec ce projet, on risque de jeter le bébé avec l’eau du bain ! »
Des bouchons supplémentaires ?
Pour le collectif, le remède serait pire que le mal. « La coupure du boulevard Agutte-Sembat va aboutir à augmenter de 60 à 100 % la distance à parcourir par les automobiles sur divers parcours, dont plusieurs au sud. Certains des trajets de reports cités dans l’étude Transitec sont déjà saturés aux heures de pointe. Des bouchons supplémentaires peuvent a minima doubler le temps de trajet et augmenter la pollution générale dans l’agglomération, ceci se cumulant à l’augmentation de distance déjà citée. »
Alors que les premiers coups de pelle sont prévus dès mars 2017, accélérés par la nécessité avancée par la municipalité de réaliser concomitamment des travaux sur le réseau de chauffage, la majorité va-t-elle tenir compte des avis collectés pendant la phase de concertation ? De la demande de moratoire du collectif ? Des solutions alternatives qui vont être proposées par le collectif ? A suivre…
PC