« À force de dormir peu et de lire beaucoup », rappelle Cervantès, Don Quichotte « se dessécha le cerveau, de manière qu’il vint à perdre l’esprit ». Combats utopistes, révoltes passionnées ou désirs interlopes, tels peuvent être les effets des lectures interdites auxquelles la bibliothèque du centre-ville consacre, samedi 14 janvier de 19 à 22 heures, son premier rendez-vous de l’année 2017.
« Au prétexte qu’elle attente aux “bonnes mœurs”, à “la morale publique” ou qu’elle dérange les pouvoirs politiques ou religieux, la littérature a toujours subi la censure et les interdits », rappellent les organisateurs de cette Nuit de la lecture, avant d’inviter chacun à venir « redécouvrir quelques-uns de ces textes devenus des classiques ou restés méconnus, choisis et lus par les comédiens du collectif Troisième Bureau et les bibliothécaires ».
Mais cette Nuit des lectures interdites veut également donner la parole aux lecteurs, qui sont invités à livrer leurs souvenirs personnels de “lectures interdites” — « Qui ne s’est pas délecté de la lecture illicite d’un livre trouvé au plus haut de la bibliothèque, au fond de la cave, ou caché dans la chambre des parents ? » — et à envoyer leurs textes à l’adresse info@bm-grenoble.fr. Les Grenoblois ont jusqu’au 9 janvier pour pouvoir faire partie de la sélection des textes lus par des comédiens.
Des textes d’Asli Erdogan, journaliste pro-kurde récemment libérée
Enfin, après une « mi-temps » sous la forme d’une collation que chacun pourra agrémenter en amenant un dessert à partager, c’est la voix de l’auteure Asli Erdogan qui résonnera à travers de nouvelles lectures.
Romancière et journaliste, Asli Erdogan (sans lien aucun avec Recep Tayyip Erdogan) a passé quatre mois dans la prison Barkirköy d’Istanbul. Arrêtée le 17 août 2016 par le régime turc pour avoir écrit dans un journal pro-kurde, elle n’a été libérée que le 29 décembre 2016, et demeure actuellement sous contrôle judiciaire.