FOCUS – Fermé au public pour cause de rénovation depuis le début de l’automne, le belvédère Vauban du fort de la Bastille est à nouveau accessible depuis ce dimanche 25 décembre. Trois mois et demi de travaux pour un budget de 400 000 euros ont permis d’améliorer l’étanchéité, la sécurité et l’esthétique du vénérable ouvrage patrimonial qui voit chaque année près de 600 000 visiteurs fouler sa terrasse pour profiter d’un panorama exceptionnel.
« Avant, quand on arrivait sur le belvédère Vauban, on avait l’impression d’être sur le toit d’un immeuble ancien, mal entretenu, avec des cheminées qui gâchaient la vue […] Il y avait un sol en bitume craquelé, un peu gondolé. L’impression n’était pas géniale », se souvient Pierre Mériaux, le président de la Régie du téléphérique de Grenoble-Bastille et conseiller municipal délégué au tourisme et à la montagne.
Mais tout ça c’est de l’histoire ancienne puisque le belvédère Vauban du fort de la Bastille a été complètement rénové cet automne. Après trois mois et demi de travaux, l’ancien ouvrage militaire qui abritait autrefois le cantonnement des officiers du fort entame désormais une seconde jeunesse avec sa réouverture au public ce 25 décembre.
De quoi accueillir dignement avec sa nouvelle livrée les quelque 600 000 visiteurs annuels du site de la Bastille qui pourront encore mieux profiter du panorama qu’offre le vénérable belvédère.
Des problèmes d’esthétique, d’étanchéité et de sécurité
« Depuis les derniers investissements et notamment ceux qui avaient été consentis en 2003 pour la refonte partielle de la gare d’arrivée du téléphérique et la mise en accessibilité du site, il n’y avait rien eu de significatif », explique Pierre Mériaux. De fait, le belvédère Vauban, « point majeur d’accueil des visiteurs, selon l’élu, n’était pas digne du lieu que nous voulions magnifier comme un lieu magique pour découvrir le paysage environnant ».
Outre ses aspects inesthétiques, la sécurité et l’étanchéité du belvédère laissaient également à désirer. « Quand il pleuvait très fort, le restaurant situé en-dessous pouvait être inondé. D’autre part, le belvédère n’était pas conforme aux règles de sécurité régissant les établissements recevant du public (ERP) », explique Pierre Mériaux.
Ajoutez à cela les gardes-corps de la terrasse et les murs de la façade nord qui avaient fort besoin d’un coup de neuf. Autant de raisons pour lesquelles la Ville – malgré les contraintes budgétaires que l’on connaît – a débloqué la somme de 400 000 euros pour rénover et donner un coup de jeune à l’ouvrage. Et, du même coup, l’élu le souligne, « contribuer au maintien de l’économie locale puisque ce sont sept entreprises locales qui ont remporté les appels d’offre ».
Au nombre d’entre elles, la société Acanthe de Champ-sur-Drac s’est vu attribuer les chantiers de terrassement et de revêtement. La zinguerie a été confiée à Authentique Charpente de Séchilienne, tandis que l’entreprise martinéroise Ratto s’est vu, quant à elle, chargée du chantier d’électrification.
« Un gigantesque bateau au-dessus de la ville »
« Maintenant, l’impression qu’on a lorsqu’on arrive sur ce platelage en bois magnifique de 500 m2 avec des bancs en bois pour qu’on puisse contempler le paysage, c’est celle d’être sur le pont d’un gigantesque bateau au-dessus de la ville », se félicite le président de la régie du téléphérique. Le résultat du travail accompli est effectivement saisissant. Sur l’immense surface garnie de lames en bois d’Ipé* – un arbre exotique – ne manquent plus que quelques transats pour parfaire l’analogie maritime.
Du bois exotique pour une municipalité écolo ? Voilà de quoi faire bondir les aficionados de l’économie durable et de l’utilisation des ressources locales.
« Au début, nous avions fait le choix d’un bois d’Acacias européen mais qui s’est révélé impossible à utiliser, ce dernier ne garantissant aucune pérennité d’usage pour ce qui concerne l’accueil du public », tente de justifier Damien Thevenin, architecte grenoblois et maître d’œuvre de la rénovation.
« Malheureusement, après avoir tout essayé, nous sommes revenus sur le choix d’un bois exotique qui, par rapport à la réglementation, nous garantissait cette pérennité », regrette l’architecte.
Un nouvel escalier hélicoïdal
Pour répondre aux normes de sécurité et accueillir le public en toute sérénité, un nouvel escalier hélicoïdal a été ajouté, permettant ainsi de diversifier les accès au belvédère « et de le rendre plus accueillant et plus facile à vivre », explique l’architecte.
Ce nouvel accès s’avère d’autant plus nécessaire – nous apprend Jacques Pila, le directeur de la Régie du téléphérique Grenoble-Bastille – qu’il est prévu que le belvédère puisse être utilisé pour que s’y déroulent des animations festives. D’où la présence de nombreuses prises électriques.
Damien Thevenin nous explique quelles ont été les contraintes liées à ce chantier un peu particulier puisqu’il s’agissait certes de rénover mais aussi de respecter sans le dénaturer un ouvrage patrimonial remarquable.
Reportage Joël Kermabon
Un belvédère bien plus accueillant
« Le résultat est que nous avons désormais un belvédère bien plus accueillant, où la visibilité de ce panorama fantastique est bien meilleure. Tout ça en toute sécurité, ce qui ne gâche rien », se réjouit, pas peu fier, Pierre Mériaux. Qui ne tarde pas à coiffer sa casquette de conseiller municipal délégué au tourisme pour inviter, en cette période de vacances, les touristes ou les skieurs à utiliser « ce camp de base qu’est Grenoble ».
Joël Kermabon
* Arbre tropical au bois très dur de la famille des Bignoniaceae.