DÉCRYPTAGE – Grenoble est la première ville en France à avoir interdit à ses véhicules les plus anciens de rouler lors des épisodes de pollution. Alors que le dispositif doit être généralisé en France dès 2017, reléguant la circulation alternée sur une voie de garage, et que la gratuité des transports en commun dès le premier jour de pollution est encore loin d’être acquise, quelle est l’efficacité de telles mesures ? A Grenoble, au 11e jour de pollution, au 7e jour d’interdiction de circuler, la qualité de l’air est toujours aussi mauvaise. Pire, elle se détériore…
Les interdictions de circulation en fonction de l’ancienneté des véhicules, Grenoble est la première en France à les avoir appliquées.
Pendant que Paris se débattait, et se débat toujours, avec sa circulation alternée, que Lyon pressée de ne rien décider, se la voyait imposer, la capitale du Dauphiné a mis, à la faveur de ce long épisode de pollution, son dispositif régulé au moyen des certificats qualité de l’air en application. Résultat, depuis le week-end dernier, les voitures, poids lourds et deux-roues plus ou moins polluants sont progressivement exclus du trafic.
Depuis mardi, le dispositif est même monté en puissance : désormais un quart du parc automobile est prié de rester au garage. Et, avec le maintien des conditions anti-cycloniques, cela ne devrait guère s’arranger d’ici la fin de la semaine. Les interdictions de circuler, tout comme les limitations de vitesse et la gratuité dans les transports en commun, sont ainsi maintenues ce vendredi 16 décembre.
La gratuité oui, mais au 5e jour consécutif de pollution… pour l’instant
Évidemment, le dispositif, encore en rodage, reste à améliorer. La troisième vitesse – l’élargissement des interdictions aux diesels de plus de dix ans – a mis un peu de temps à passer. La gratuité dans les transports en commun a fini par rallier un Département de l’Isère au début réfractaire mais n’a pas convaincu la Région. Résultat, le voyageur paie toujours plein pot son billet dans un TER… excepté sur le réseau ferroviaire dans le périmètre de la Métro où, moyennant un ticket Tag, aller de Grenoble gare à Gières est gratuit.
Les transports en commun gratuits sur la Métro, le Voironnais, le Grésivaudan, rejoints par le Département. © Patricia Cerinsek
En attendant que tout ce petit monde accorde ses violons, l’utilisateur va devoir faire un effort pour s’y retrouver. Car tout de suite, traverser la France relève quelque peu du parcours d’obstacles. Ce vendredi, les voitures immatriculées paires sont par exemple interdites de circuler dans Paris. Mais pas à Lyon puisque le dispositif a été levé. Un peu plus bas, à Grenoble, alors même que la pollution est loin d’atteindre des niveaux record, le dispositif est toujours activé, l’idée étant de juguler une poussée de fièvre. Là, pour montrer patte blanche, il faut “juste” que le véhicule ne soit pas trop vieux.…
Impossible pour les voitures de plus de vingt ans et les diesels de plus de dix ans de traverser la capitale des Alpes ?
En théorie oui. Dans la pratique non, le dispositif étant jusqu’au 31 décembre dans sa phase pédagogique. Les interdictions de passer/rouler dans Grenoble et les amendes (22 à 35 euros) ne tomberont en fait qu’à compter du 1er janvier 2017. Cela devrait laisser le temps à l’automobiliste français d’y voir plus clair.
Car, après plus d’un an de tergiversations, Ségolène Royal a fini par faire une croix sur la circulation alternée pour prôner, et généraliser dès 2017 la voie empruntée par Grenoble. Paris a d’ailleurs déjà annoncé déployer ses vignettes le 16 janvier prochain.
Grenoble, précurseur ? Reste à connaître l’efficacité du dispositif sur la pollution…
Alors Grenoble précurseur ? Pour un peu, la capitale du Dauphiné se sentirait pousser des ailes. Les forces de l’ordre, gendarmerie nationale, polices nationale et municipale, sont prêtes et devraient poursuivre jusqu’à la fin de l’année, lors des épisodes de pollution, leur mission de sensibilisation. Le nombre de vignettes achetées s’est envolé en quelques jours pour atteindre 75 000 certificats délivrés. Soit un tiers désormais des véhicules équipés. Et en s’inscrivant sur Métromobilité, tout le monde peut recevoir les alertes pollution/restrictions par SMS sur son téléphone portable ou par mail.
Les aires de rabattement à proximité de transports en commun sont identifiées, qui accueilleront dès le 1er janvier les automobilistes qui auront eu la malencontreuse idée de prendre le volant d’une voiture jugée inapte à rouler ce jour-là. Ils devront alors la laisser sur ces aires ou… faire demi-tour.
Tout n’est pas réglé pour autant. Car le problème est un tantinet plus compliqué aux barrières de péage de Voreppe et Crolles où ont lieu l’essentiel des contrôles.
Là, pas de parkings de rabattement à proximité en vue. Et impossible de les faire sortir de terre d’un claquement de doigts, d’autant que la Métropole et le syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise (SMTC), moteurs de ce dispositif, ne sont plus sur leur territoire mais sur ceux respectivement du Voironnais et du Grésivaudan.
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