FOCUS - Le nouveau règlement des marchés de Grenoble n'est pas encore adopté qu'il soulève déjà nombre d'oppositions de la part des commerçants non sédentaires. Nouveau système de location des places, nouvelle signalétique, nouveaux tarifs… Autant de nouveautés qui en amèneront certains à manifester lundi 8 décembre aux côtés des “sédentaires”.
La fin d'un règlement « obsolète », ou la perte d'acquis sociaux ? Le nouveau règlement des marchés que la municipalité de Grenoble s'apprête à adopter lors du conseil municipal du 19 décembre est loin de satisfaire les commerçants non sédentaires à qui il s'adresse.
Un règlement qui se présente pourtant, selon le Rassemblement de la Gauche et des Écologistes, placé sous le signe de la sainte trinité « Équité, justice et convivialité ». Et que le maire de Grenoble Éric Piolle a d'ores et déjà défendu, lors du précédent conseil municipal, comme un texte destiné à « ramener de l'activité en ville ».*
Un règlement datant de 1984
Quelles évolutions, par rapport au texte actuel datant de 1984 ? Parmi les mesures les plus voyantes : une extension de l'heure de fermeture des marchés, une modification du système d'abonnement, et une obligation pour les commerçants d'afficher la raison sociale de leur entreprise sur leurs étals.
"Dans une grande ville comme Grenoble, il est essentiel que les habitants puissent disposer d'une offre de marché qui soit transparente, de qualité, régulière tout au long de la semaine et le week-end », déclarait ainsi Éric Piolle, défendant un nouveau règlement se faisant "dans l'intérêt des commerçants comme dans l'intérêt des Grenoblois. »
Les commerçants ne semblent pourtant pas vouloir de ce règlement, et rejoindront lundi 5 décembre la manifestation organisée par les commerçants sédentaires qui protestent, de leur côté, contre le projet Cœurs de ville, cœur de métropole, incluant un renforcement de la piétonnisation de Grenoble, notamment sur le boulevard Agutte-Sembat.
Assiduité obligatoire
Pour Marie Amore, présidente du Syndicat des commerçants non sédentaires de l'Isère, le nouveau règlement constitue une perte des "acquis sociaux des commerçants ». Premier point de désaccord, et non des moindres : le nouveau système d'abonnement.
Le règlement actuel permet en effet aux commerçants de louer un emplacement sur le marché à long terme, sans obligation d'assiduité. Laissée vacante, la place peut alors être occupée par un autre commerçant “passager”.
Jugeant cette méthode de gestion "chaotique », la municipalité compte imposer aux commerçants une obligation d'assiduité. Ainsi, faute d'une présence obligatoire d'au moins quatre jours par semaine sur sa place, le commerçant perdra sa location au profit d'un autre.
Cette assiduité obligatoire, Marie Amore ne veut pas en entendre parler "Nos professionnels des marchés sont très atypiques. Les professionnels producteurs, agriculteurs, qui sont dans leurs champs pour cultiver ne vont pas travailler la nuit quand même !"
Et quand la mairie parle de "chaos », Marie Amore parle d'équilibre : "Cela arrange les passagers, cela crée des places et de la diversité et c'est un système qui fonctionne très bien. Les marchés ne sont pas assez grands pour accueillir toute la planète ! En obligeant les commerçants à venir la semaine, il n'y aura plus de place pour les passagers."
Un abonnement à la journée
Durant le dernier conseil municipal, le conseiller d'opposition Matthieu Chamussy faisait également remarquer que le système actuel est profitable financièrement à la Ville : louée mais laissée vacante, la place de marché est en effet payée deux fois. Par le commerçant qui la loue, et par le passager qui finalement l'occupe.
La majorité fait cependant savoir qu'un système d'abonnement à la journée, prenant en compte les spécificités des producteurs, sera proposée par le nouveau règlement.
"Le système d'abonnement à la journée n'inclut pas le samedi ET le dimanche », dénonce Marie Amore. "Le commerçant devra choisir soit le samedi, soit le dimanche. Alors que tous les gens qui ont aujourd'hui un système d'abonnement l'ont pour pouvoir être présents le samedi ET le dimanche, car c'est là que l'activité se fait."
Sur les marchés, le même son de cloche se fait entendre. Marie-Claude Peffekorn est productrice agricole, présente tous les jours sur le marché de l'Estacade. Quand bien même ce nouveau règlement ne la pénalisera pas, elle est farouchement contre, par solidarité avec certains de ses voisins d'étal.
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 58 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous