DÉCRYPTAGE – Ces derniers mois, la France expulse à tour de bras des demandeurs d’asile en provenance du Congo. Un pays d’Afrique francophone où les droits de l’Homme sont bafoués au quotidien, Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères y prédisant même une guerre civile imminente. À Grenoble, un cas défraie la chronique : celui d’Emmanuel Kundela, demandeur d’asile récemment expulsé au Congo… où il est sérieusement menacé d’emprisonnement par le régime dictatorial de Joseph Kabila. Une course aux chiffres qui aurait conduit à la bavure ?
Il y a quelques semaines encore, Emmanuel Kundela était réfugié à Grenoble. Ce père de famille Congolais risque désormais la prison dans son pays d’origine, jusqu’à dix ans d’enfermement. La préfecture de l’Isère et le ministère de l’Intérieur ont effet décidé de l’y renvoyer, le 4 octobre dernier, après quasiment quarante-cinq jours de centre de rétention.
Son “crime”, selon les autorités congolaises ? Être opposant au régime dictatorial en place au Congo-Kinshasa. « Bien qu’on l’ait saisie, la préfecture n’a pas voulu accorder l’asile gracieusement pour Emmanuel Kundela », rapporte l’attaché parlementaire de la députée Geneviève Fioraso (PS).
« Elle aurait pu, au nom de la circulaire Valls – un texte qui reste toutefois à la libre appréciation de chaque préfecture – lui accorder le droit d’asile, car le Congolais était en France depuis quasiment cinq ans. Mais, manifestement, ils [la préfecture de l’Isère, le ministère de l’Intérieur, ndlr] ont appliqué strictement les textes. »
Ils sont plusieurs élus, comme également le député Michel Destot (PS), la sénatrice Annie David (PC) ou encore Eric Piolle (EELV), maire de Grenoble, à avoir tenté d’infléchir cette décision. Le Réseau éducation sans frontières (RESF) s’est de son côté mobilisé dès qu’il a pris connaissance de la situation. Les lycéens également, à la rentrée en septembre. Une pétition a circulé. Sans succès.
Arrivé en France en 2012, Emmanuel Kundela, opposant politique au Congo-Kinshasa voulait échapper à la violence et vivre ailleurs en paix avec sa famille.
Quatre ans plus tard, alors qu’il résidait à Grenoble avec son épouse enceinte et ses quatre enfants, le voici réexpédié vers le pays qu’il avait fui. Emprisonné dès son arrivée au Congo par le régime contre lequel il luttait, Emmanuel Kundela aurait visiblement dû bénéficier du droit d’asile en France. Il est depuis sorti de prison, en échange d’une caution, mais se cache, se sentant toujours menacé.
Pourquoi l’administration française a‑t-elle pris cette décision ? Face aux attentes d’explications de ses soutiens et aux demandes de rapatriement d’Emmanuel Kundela, les téléphones des hauts responsables sonnent pour l’heure aux abonnés absents…
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