FOCUS – Le groupe de réflexion Grenoble démocrates sous la houlette de Stéphane Gemmani, conseiller d’opposition régional Cap 21 – Société civile, monte au créneau sur la thématique de la sécurité. Des rencontres avec les Grenoblois au printemps dernier ont permis à ce « laboratoire d’idées » d’isoler quelques-uns des thèmes jugés les plus préoccupants par les habitants. Raison pour laquelle, dès cet automne, un nouveau cycle de réunions est organisé dont la première consacrée à la vigilance publique et la sécurité.
« Nous sentions qu’il y avait nécessité, pour les personnes que nous avons rencontrées, d’échanger. […] Pas forcément sur des choses qui ne fonctionnent pas mais aussi sur ce qui fonctionne bien », explique Stéphane Gemmani, conseiller régional d’opposition Cap 21 – Société civile et fondateur du Samu social grenoblois.
L’élu fait là référence aux rencontres avec les Grenoblois initiées par le laboratoire d’idées Grenoble démocrates qui se sont enchaînées tout au long du premier trimestre 2016. Des moments de « dialogue et de partage » au fil desquels sont remontées nombre d’interrogations récurrentes, notamment celles afférentes à la sécurité et la vigilance citoyenne.
Construire une démarche en amont des scrutins à venir
D’où l’idée de Grenoble démocrates d’organiser une nouvelle série de quatre réunions qui se dérouleront tout au long de l’automne avec, pour fil rouge, les questions touchant à la sécurité et sa périphérie. Pour aborder ce nouveau cycle – qui démarre le lundi 7 novembre à 18 heures à la Maison des associations –, Stéphane Gemmani entend procéder « thématique par thématique » et non plus de manière globale.
« L’idée de ces réunions c’est de poser les choses sur des points précis, de faire des propositions, d’en discuter, de venir avec peut-être quelques préconisations voire même des solutions mais sans pour autant les imposer », ajoute le conseiller régional.
Et d’ajouter, « S’il faut user d’un terme quelque peu galvaudé ces derniers temps, disons qu’il s’agira de co-construction », tacle l’élu. Quid des objectifs ? « Faire en sorte que progressivement nous puissions construire une démarche sur ces questions de sécurité, afin de proposer des actions bien en amont de tous les scrutins à venir », déclare le groupe de réflexion.
Vigilance citoyenne, vidéosurveillance, comité d’éthique…
« La sécurité ? Parlons-en, rencontrons-nous… », résume le tract imprimé par Grenoble démocrates. Dont acte, mais quelles sont les propositions concoctées par le think tank grenoblois ?
Une première idée serait la mise en place d’une “vigilance citoyenne”. Cette dernière s’appuierait sur une réserve citoyenne composée de volontaires – juristes, éducateurs à la retraite ou encore des personnes dont le métier est relatif à la sécurité.
Notamment d’anciens militaires, des membres de la police ou de la gendarmerie… Mais pas seulement. Un comité permanent où siègeraient citoyens et experts de la société civile (juristes, acteurs du monde économique…) viendrait compléter le dispositif. À charge pour ce dernier d’apporter son aval ou la contradiction sur telle ou telle thématique.
Le laboratoire d’idées animé par Stéphane Gemmani entend également aborder avec les Grenoblois d’autres pistes de réflexion. Parmi ces dernières, « réfléchir à une augmentation des effectifs de la police municipale présents sur le terrain d’au moins 50 % sur cinq ans » et envisager son éventuel armement ne sont pas les moindres.
« On ne peut pas envoyer les policiers municipaux sur des missions similaires à celles de la police nationale sans qu’ils disposent des mêmes moyens », argumente Stéphane Gemmani.
Des dispositions qui iraient de pair avec l’étude d’une nouvelle forme d’exploitation de la vidéosurveillance à laquelle serait affectée, à plein temps, une équipe dédiée notamment au visionnage. Le tout sous le contrôle d’un comité d’éthique car « il ne s’agit pas de vulgariser la vidéosurveillance comme un “big brother” […] mais plutôt de le voir comme un dispositif de prévention », s’empresse de déminer le conseiller régional.
Rétablir les antennes de police de secteurs
« « La police a déserté les quartiers, c’était la volonté de Nicolas Sarkozy à l’époque », constate Stéphane Gemmani. Qui, pour palier cette absence et gagner en efficience, propose de réfléchir « au rétablissement des antennes de police de secteurs, de façon à ce qu’il puisse y avoir des lieux partagés conjointement entre la police municipale et la police nationale ». Des antennes qui pourraient s’adosser, en « exploitant des locaux du patrimoine grenoblois, à un dispositif de police intercommunal sous pilotage métropolitain ».
De quoi permettre, selon l’animateur de Grenoble démocrates, « une meilleure interaction entre les différentes polices municipales et la police nationale ». Ce dernier ne voit d’ailleurs dans ces propositions « rien d’ubuesque », à la condition que les différentes strates administratives impliquées jouent le jeu, en concertation avec la population.
« Je n’ai pas envie que les préoccupations liées à la sécurité ne soient qu’un aspect cosmétique pour avoir une caisse de résonance au national », résume l’élu régional.
Ceci pour les grandes lignes. Dans la boîte à idées du think tank, s’empilent encore d’autres thèmes à débattre. Notamment l’expérimentation de plaques d’immatriculation pour les vélos, l’implantation de salles ce consommation à moindre risque (SCMR, plus connue sous le nom de “salle de shoot”) ou encore la mise en place de dispositifs de captation mobiles sur des bus ou des camions de livraison. L’objectif de cette mesure ? Le repérage des délits routiers sous le contrôle de personnes issues de la réserve citoyenne assermentées.
« L’idée, c’est d’être une force de propositions »
« Nous ferons un bilan de ces quatre rencontres. L’idée est de voir comment nous allons nous inscrire dans une démarche collective. Nous n’attendons pas les échéances électorales, que ce soit les municipales de 2020 ou d’autres plus proches. L’idée c’est d’être force de propositions sur des problématiques de terrain… maintenant ! », explique avec conviction Stéphane Gemmani.
Qui ne cherche par ailleurs pas forcément à tirer la couverture à lui. « Si la municipalité veut s’emparer d’une de nos propositions dans l’intervalle, pourquoi pas commencer maintenant ? », questionne-t-il. Comment procéder en l’occurrence ?
« On pourrait partir sur les outils que l’équipe municipale propose : les pétitions, les conseils citoyens… Si effectivement notre démarche est politique, elle est avant tout citoyenne. Ce n’est pas incompatible. Mais avant tout, ce qui nous intéresse, c’est l’action », tente de convaincre l’élu.
Quant aux prochains thèmes qui seront investis au cours d’un autre cycle de rencontres avec les habitants, ils sont déjà dans la file d’attente. « « Nous avons eu beaucoup de remontées sur l’emploi, l’économie et l’attractivité de Grenoble, c’est une thématique très forte », conclut Stéphane Gemmani.
Joël Kermabon
Pour en savoir plus sur les prochaines réunions
Lundi 7 novembre à 18 heures, à la Maison des associations, salle 112
Mardi 22 novembre à 18 heures, Maison des habitants Bajatière, 29 rue de Moyrand
Mardi 29 novembre à 18 heures au café « La table ronde », 7 place Saint André
Vendredi 9 décembre à 18 h 30, Maison des habitants Mistral, 68 bis rue Anatole France