DÉCRYPTAGE - En l’espace de trois ans, l'homme d'affaires sino-australien Jerry Ren, énième repreneur d’Ecopla France, n’a pas seulement asséché la trésorerie du dernier fabricant français de barquettes alimentaires en aluminium. Il a démantelé tout un groupe, leader sur le marché européen. Alors que les ex-salariés d’Ecopla sont suspendus à la décision du tribunal de commerce de Grenoble, rendue ce mercredi 5 octobre, après avoir fait appel de l’ordonnance du juge cédant l'entreprise au groupe italien Cuki, quelle est la part de responsabilité des pouvoirs publics dans ce dossier ? Car les signaux d’alerte clignotaient depuis au moins deux ans déjà…
Ecopla est-il devenu un symbole ? Symbole de la lutte de salariés qui se battent pour sauver leur outil de travail et leur savoir-faire ? Symbole de l’empressement de la classe politique à “soudainement” s’emparer d’un dossier enlisé depuis plus de deux ans ?
Les candidats, probables ou déclarés, à la Présidentielle 2017, sont nombreux à avoir fait le déplacement jusqu'à Saint-Vincent-de-Mercuze.
A avoir arpenté l’usine et rencontré les ex-salariés du dernier fabricant français de barquettes alimentaires en aluminium. Coup sur coup, dans cette ligne droite qui doit les conduire mercredi 5 octobre 2016 devant le tribunal de commerce – en appel de l’ordonnance du juge-commissaire et du choix du repreneur italien Cuki aux dépends de leur projet de Scop – les Ecopla, soutenus par l’union régionale des Scop, ont reçu la visite de Benoît Hamon, Emmanuel Macron puis, dernière en date, Cécile Duflot, le 3 octobre.
A Paris, ils ont serré la main de Jean-Luc Mélenchon et de Cécile Duflot (déjà). Ils y ont aussi obtenu le soutien d’Arnaud Montebourg, de Jean-Christophe Cambadélis et même de Michel Sapin.
A Grenoble, celui de Stéphane Le Fol. Celui aussi de Laurent Wauquiez qui, au titre de la Région, a mis 400 000 euros sur la table.
Ceux-ci viennent donc s’ajouter aux 2,4 millions qu’ont réussi, avec ténacité, à collecter les ex-salariés pour monter leur projet de Scop. Et mercredi 5 octobre, avant l’audience d’appel au tribunal de Grenoble, Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste, fermera (momentanément ?) le ban. Certes, quelques portes sont restées obstinément closes. Comme celles du Medef, de Nicolas Sarkozy ou de l’Élysée.
Retour sur une succession d'occasion "manquées"
Mais tant de soutiens politiques affichés sont-ils seulement de saison ? Une simple instrumentalisation ? Car le dossier Ecopla, c’est aussi une succession d’occasions manquées. Avec une constance qui pose question.
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 78 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous