FOCUS – L’antenne grenobloise du Refuge, association venant en aide aux jeunes homosexuels de Grenoble, aurait-elle un peu de retard au démarrage ? Rencontre avec Gilles Roche, nouveau responsable de la délégation grenobloise, pour faire le point sur l’avancée du projet et en rappeler les lignes directrices.
Le Refuge n’a toujours pas de locaux. L’association qui vient en aide aux jeunes homosexuels ou transsexuels en errance, victimes d’homophobie ou de transphobie, est toujours à la recherche d’un lieu d’accueil pour son antenne grenobloise.
Le projet semblait pourtant bien parti puisqu’il avait été retenu dans le cadre du budget participatif de la Ville de Grenoble en 2015. Une somme de 90 000 euros destinée à l’aménagement d’une maison comme lieu d’accueil avait même été provisionnée par la municipalité. Alors, que s’est-il passé depuis ?
« Il y avait trop de travaux »
« La somme est budgétée, il faut juste trouver le bon endroit ! » Et la maison ? « Il y avait trop de travaux, explique Gilles Roche, nouveau responsable de la délégation départementale Grenoble-Isère de l’association Le Refuge. Nous sommes maintenant en lien avec des bailleurs sociaux qui vont nous présenter des propositions de logements que nous allons étudier, en fonction de notre budget et de l’emplacement du lieu. »
L’association est d’ailleurs en lien à ce sujet avec la Ville de Grenoble, le Conseil départemental et certains députés de l’Isère. En attendant de nouer prochainement contact avec la Région.
« Ce qu’il nous faut, c’est un endroit qui compte au moins deux chambres, convenable, propre, dans un quartier relativement sûr et bien desservi par les transports en commun », détaille le délégué. Tout en précisant que l’emplacement exact du lieu d’accueil sera maintenu secret. « Il peut y avoir des violences, des saccages, des parents qui recherchent leurs enfants et qui savent qu’ils sont au Refuge. Notre devoir, c’est de protéger ces jeunes et de protéger leur intimité. »
Une prise en charge au cas par cas
Sans lieu d’accueil à proprement parler, Le Refuge a toutefois débuté son activité en juillet. Des bénévoles assurent ainsi des permanences d’écoute les mercredis ou samedis après-midi, au centre LGBT de Grenoble, rue Sergent Bobillot. « L’été a été calme, concède Gilles Roche. Nous avons reçu trois personnes, et l’une d’entre elles a été intégrée dans une autre délégation qui l’héberge actuellement. » Là encore, le délégué n’en dira pas plus, soucieux de préserver l’anonymat des personnes suivies.
Des personnes dont la prise en charge ne peut se faire qu’au cas par cas. « Quand un jeune est accueilli, on lui laisse le temps mais, au bout d’une semaine, les travailleurs sociaux et les écoutants établissent un dialogue pour définir avec lui un projet de vie », explique Gilles Roche.
« Il faut imaginer ce dont peut avoir besoin un jeune de 19 ans… Cela peut être obtenir la CMU, parfois refaire des papiers, passer le permis de conduire, s’inscrire ou se réinscrire en fac, avoir une petite aide alimentaire… Le but, c’est de les remettre sur les rails, de les ramener à une condition de jeune adulte. »
Leur apprendre à pêcher plutôt que de leur donner du poisson, selon la formule consacrée ? Gilles Roche sourit. « On leur donne un peu de poisson aussi, tout de même. Ils ne sont pas malheureux au Refuge ! »
Des bénévoles de toutes orientations sexuelles
La délégation grenobloise compte une vingtaine de bénévoles, « très motivés et très mobilisés, de tous âges, de tous horizons, de toutes catégories socioprofessionnelles… et de toutes orientations sexuelles. » Une précision qui n’a rien d’innocent face aux accusations de communautarisme visant l’association. « Le Refuge a été créé parce qu’il n’existait pas de structures pour les jeunes gays. Il y a peut-être une petite part identitaire, mais c’est avant tout une association apolitique, sociale qui ne revendique rien et vient en aide. Chacune se fixe un cadre et cible un public : autant avoir ses luttes et les mener à fond. Ce qui n’exclut évidemment pas la solidarité. »
Et Gilles Roche de rappeler qu’être bénévole pour Le Refuge, comme pour toute association reconnue d’utilité publique, n’a rien d’anodin. « C’est un engagement, et c’est fondateur de conscience. On se rend vite compte de l’importance de la tâche à accomplir, et cela prend beaucoup de temps. Heureusement, nous sommes très structurés en plusieurs pôles, ce qui fait que nous arrivons tout de même à bien nous répartir. »
Avec, au final, un peu de retard sur son calendrier, Le Refuge de Grenoble espère pouvoir ouvrir son lieu d’accueil d’ici la fin de l’année 2016. « On a hâte, mais on a aussi conscience de l’enjeu, tempère Gilles Roche. On avait hâte déjà il y a un an, mais nous n’étions pas forcément prêts. Dans l’attente, on apprend aussi à se former, et aujourd’hui nous le sommes. »
Florent Mathieu
L’actualité de la délégation iséroire du Refuge peut être suivie sur sa page Facebook ou Twitter. Outre les permanences, le Refuge est joignable par courriel à l’adresse grenoble@le-refuge.org ainsi que sur sa ligne d’urgence au 06 31 59 69 50.