Réunion du Refuge Grenoble. © Christophe di Gioia

Le Refuge sur les rails à Grenoble… mais tou­jours sans lieu d’accueil

Le Refuge sur les rails à Grenoble… mais tou­jours sans lieu d’accueil

FOCUS – L’antenne gre­no­bloise du Refuge, asso­cia­tion venant en aide aux jeunes homo­sexuels de Grenoble, aurait-elle un peu de retard au démar­rage ? Rencontre avec Gilles Roche, nou­veau res­pon­sable de la délé­ga­tion gre­no­bloise, pour faire le point sur l’a­van­cée du pro­jet et en rap­pe­ler les lignes directrices.

Gilles Roche, responsable de la délégation départementale Grenoble-Isère de l'association Le Refuge avec la délégation de Montpellier. DR

Gilles Roche, res­pon­sable de la délé­ga­tion Grenoble-Isère de l’as­so­cia­tion Le Refuge avec la délé­ga­tion de Montpellier. DR

Le Refuge n’a tou­jours pas de locaux. L’association qui vient en aide aux jeunes homo­sexuels ou trans­sexuels en errance, vic­times d’ho­mo­pho­bie ou de trans­pho­bie, est tou­jours à la recherche d’un lieu d’ac­cueil pour son antenne grenobloise.

Le pro­jet sem­blait pour­tant bien parti puis­qu’il avait été retenu dans le cadre du bud­get par­ti­ci­pa­tif de la Ville de Grenoble en 2015. Une somme de 90 000 euros des­ti­née à l’a­mé­na­ge­ment d’une mai­son comme lieu d’ac­cueil avait même été pro­vi­sion­née par la muni­ci­pa­lité. Alors, que s’est-il passé depuis ?

« Il y avait trop de travaux »

« La somme est bud­gé­tée, il faut juste trou­ver le bon endroit ! » Et la mai­son ? « Il y avait trop de tra­vaux, explique Gilles Roche, nou­veau res­pon­sable de la délé­ga­tion dépar­te­men­tale Grenoble-Isère de l’as­so­cia­tion Le Refuge. Nous sommes main­te­nant en lien avec des bailleurs sociaux qui vont nous pré­sen­ter des pro­po­si­tions de loge­ments que nous allons étu­dier, en fonc­tion de notre bud­get et de l’emplacement du lieu. »

35542- LE REFUGE AfficheA3-23-04-13.inddL’association est d’ailleurs en lien à ce sujet avec la Ville de Grenoble, le Conseil dépar­te­men­tal et cer­tains dépu­tés de l’Isère. En atten­dant de nouer pro­chai­ne­ment contact avec la Région.

« Ce qu’il nous faut, c’est un endroit qui compte au moins deux chambres, conve­nable, propre, dans un quar­tier rela­ti­ve­ment sûr et bien des­servi par les trans­ports en com­mun », détaille le délé­gué. Tout en pré­ci­sant que l’emplacement exact du lieu d’ac­cueil sera main­tenu secret. « Il peut y avoir des vio­lences, des sac­cages, des parents qui recherchent leurs enfants et qui savent qu’ils sont au Refuge. Notre devoir, c’est de pro­té­ger ces jeunes et de pro­té­ger leur inti­mité. »

Une prise en charge au cas par cas

Sans lieu d’ac­cueil à pro­pre­ment par­ler, Le Refuge a tou­te­fois débuté son acti­vité en juillet. Des béné­voles assurent ainsi des per­ma­nences d’é­coute les mer­cre­dis ou same­dis après-midi, au centre LGBT de Grenoble, rue Sergent Bobillot. « L’été a été calme, concède Gilles Roche. Nous avons reçu trois per­sonnes, et l’une d’entre elles a été inté­grée dans une autre délé­ga­tion qui l’hé­berge actuel­le­ment. » Là encore, le délé­gué n’en dira pas plus, sou­cieux de pré­ser­ver l’a­no­ny­mat des per­sonnes suivies.

Des per­sonnes dont la prise en charge ne peut se faire qu’au cas par cas. « Quand un jeune est accueilli, on lui laisse le temps mais, au bout d’une semaine, les tra­vailleurs sociaux et les écou­tants éta­blissent un dia­logue pour défi­nir avec lui un pro­jet de vie », explique Gilles Roche.

Réunion de l'équipe de l'association Le Refuge Isère-Grenoble. © Christophe di Gioia

Réunion de l’é­quipe du Refuge Isère-Grenoble. © Christophe di Gioia

« Il faut ima­gi­ner ce dont peut avoir besoin un jeune de 19 ans… Cela peut être obte­nir la CMU, par­fois refaire des papiers, pas­ser le per­mis de conduire, s’ins­crire ou se réins­crire en fac, avoir une petite aide ali­men­taire… Le but, c’est de les remettre sur les rails, de les rame­ner à une condi­tion de jeune adulte. »

Leur apprendre à pêcher plu­tôt que de leur don­ner du pois­son, selon la for­mule consa­crée ? Gilles Roche sou­rit. « On leur donne un peu de pois­son aussi, tout de même. Ils ne sont pas mal­heu­reux au Refuge ! » 

Des béné­voles de toutes orien­ta­tions sexuelles

La délé­ga­tion gre­no­bloise compte une ving­taine de béné­voles, « très moti­vés et très mobi­li­sés, de tous âges, de tous hori­zons, de toutes caté­go­ries socio­pro­fes­sion­nelles… et de toutes orien­ta­tions sexuelles. » Une pré­ci­sion qui n’a rien d’in­no­cent face aux accu­sa­tions de com­mu­nau­ta­risme visant l’as­so­cia­tion. « Le Refuge a été créé parce qu’il n’exis­tait pas de struc­tures pour les jeunes gays. Il y a peut-être une petite part iden­ti­taire, mais c’est avant tout une asso­cia­tion apo­li­tique, sociale qui ne reven­dique rien et vient en aide. Chacune se fixe un cadre et cible un public : autant avoir ses luttes et les mener à fond. Ce qui n’ex­clut évi­dem­ment pas la soli­da­rité. »

Des bénévoles de l'association Le Refuge durant la Marche des fiertés de Grenoble. © Christophe di Gioia

Des béné­voles du Refuge durant la Marche des fier­tés de Grenoble. © Christophe di Gioia

Et Gilles Roche de rap­pe­ler qu’être béné­vole pour Le Refuge, comme pour toute asso­cia­tion recon­nue d’u­ti­lité publique, n’a rien d’a­no­din. « C’est un enga­ge­ment, et c’est fon­da­teur de conscience. On se rend vite compte de l’im­por­tance de la tâche à accom­plir, et cela prend beau­coup de temps. Heureusement, nous sommes très struc­tu­rés en plu­sieurs pôles, ce qui fait que nous arri­vons tout de même à bien nous répar­tir. »

Avec, au final, un peu de retard sur son calen­drier, Le Refuge de Grenoble espère pou­voir ouvrir son lieu d’ac­cueil d’ici la fin de l’an­née 2016. « On a hâte, mais on a aussi conscience de l’en­jeu, tem­père Gilles Roche. On avait hâte déjà il y a un an, mais nous n’é­tions pas for­cé­ment prêts. Dans l’at­tente, on apprend aussi à se for­mer, et aujourd’­hui nous le sommes. »

Florent Mathieu

L’actualité de la délé­ga­tion isé­roire du Refuge peut être sui­vie sur sa page Facebook ou Twitter. Outre les per­ma­nences, le Refuge est joi­gnable par cour­riel à l’a­dresse grenoble@​le-​refuge.​org ainsi que sur sa ligne d’ur­gence au 06 31 59 69 50.

Florent Mathieu

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