FOCUS – L’épicerie La Bonne Pioche ouvrira ses portes le 12 septembre prochain en plein cœur de Grenoble. Son concept : proposer des produits locaux et de qualité 100 % sans emballages. Un projet lancé par deux jeunes et dynamiques entrepreneuses : Bertile Lecomte et Céline Perron. Découverte.
Et si on créait une épicerie de produits locaux vendus sans emballages en plein cœur de Grenoble ? Tel est le défi que se sont lancé Bertile Lecomte et Céline Perron, deux jeunes entrepreneuses.
La Bonne Pioche s’apprête ainsi à ouvrir ses portes le 12 septembre 2016, au 2 Rue Condillac, à deux pas de l’arrêt de tramway Hubert Dubedout.
Le principe du magasin est simple : chacun apporte ses contenants pour faire ses courses et achète la quantité dont il a besoin. De quoi lutter contre le gaspillage alimentaire et réduire les déchets. Les deux acolytes espèrent ainsi démocratiser le concept du Zéro déchet.
Sans oublier une volonté affichée de mettre en avant les producteurs de la région Auvergne – Rhône-Alpes et de recréer du lien social avec leur commerce de proximité.
« Un projet communautaire »
La Bonne Pioche, une « évidence » pour Bertile Lecomte. C’est lorsqu’elle découvre le livre Zéro déchet de Béa Johnson et après avoir visité plusieurs magasins 100 % sans emballages à Berlin et La Recharge à Bordeaux que la jeune femme a un déclic.
Car le principe n’est pas novateur. Biocoop, Day by Day, 3 ptits pois… En France, de nombreuses épiceries en vrac existent d’ores et déjà et le concept séduit de plus en plus.
Forte d’un Master de Management « Entrepreneuriat et conseil aux PME » obtenu à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Grenoble, cette Grenobloise de cœur de 25 ans décide d’agir en créant une entreprise cohérente avec ses valeurs.
Sur son chemin, elle rencontre Céline Perron. C’est alors le « coup de foudre amical » et professionnel. Ensemble, elles se lancent dans l’aventure La Bonne Pioche. Elles créent tout d’abord une communauté Facebook pour « fédérer » et « voir s’il y a de l’intérêt pour [leur] projet ». Très vite, le bouche-à-oreille fonctionne et leur « bébé » circule dans les réseaux, suscitant à chaque fois l’engouement.
La Bonne Pioche se veut « avant tout un projet communautaire ». Dès le début de l’aventure, les deux amies décident « d’impliquer les gens », en lançant un financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank en mai 2016.
« On a lancé le pari un peu fou de récolter 30 000 euros en faisant appel aux Grenoblois » sourit Céline Perron. Défi relevé.
En quarante-cinq jours, les jeunes femmes récoltent 33 065 euros, grâce à 663 KissBankers (donateurs). Avec cette somme, les cofondatrices de l’épicerie pourront financer une caisse enregistreuse et leurs distributeurs alimentaires fabriqués à Chassieu, en banlieue lyonnaise. Car Céline Perron et Bertile Lecomte jouent à fond la carte du local. Les meubles sont fabriqués à la main, sur mesure, par le designer Laurent Bailly, entre autres papa de Versilo, le distributeur de capsules imaginé pour Nespresso.
« Une démarche responsable »
Que trouvera-t-on à La Bonne Pioche ? Surtout des produits locaux. Fruits, légumes, épicerie sèche, produits frais, cosmétiques et produits d’entretien… Un peu de tout, sauf de la viande. Céline Perron estime en effet qu’il existe d’ores et déjà « des bouchers qui sont très bien ».
La Brasserie du Vercors, la boulangerie Pain du Peuil, Esprits biscuits, la Chèvrerie du Châtelard… Pour l’heure, plus de cinquante producteurs ont déjà répondu présents à l’appel. Et la gamme des produits proposés sera enrichie au fur et à mesure : « On a envie d’évoluer, de proposer des choses », affirme Céline Perron.
Les consommateurs ne seront pas en reste et pourront s’exprimer via une boîte à idées : « On veut aussi demander l’avis des gens qui viennent au magasin », renchérit la jeune femme.
Chocolat, café… Des produits importés seront également en vente, mais toujours dans le respect du commerce équitable. Les deux entrepreneuses ont ainsi fait appel à une torréfaction locale, Terra Kahwa, « qui fait venir le café d’Éthiopie ». Les torréfacteurs « sont allés sur place voir les producteurs. C’est une démarche vraiment responsable », assure Céline Perron.
Sur les silos, une étiquette racontera « l’histoire du produit » et de son producteur. Objectif : que les consommateurs aient bien conscience de la provenance des aliments. Car La Bonne Pioche se veut également un lieu de sensibilisation à la consommation responsable.
« L’idée du magasin est aussi de faire prendre conscience de toute cette consommation qui est parfois démesurée et qui n’a pas de sens. L’origine [du produit] est donc super importante », insiste Céline Perron.
Et d’ajouter : « Pour Bertile et moi, c’est essentiel que l’on sache d’où viennent nos produits, comment ils sont arrivés là et que l’on puisse en parler aux gens. C’est l’idée de base de l’épicerie. » Le magasin comportera en outre un espace détente, avec de la documentation liée à la sensibilisation au zéro déchets. Sans oublier un « coin enfants ». « C’est important de les sensibiliser dès le plus jeune âge. »
« Des choses à faire sur le plan de la sensibilisation »
Bertile Lecomte et Céline Perron ne comptent pas en rester là. « La gestion des déchets devient de plus en plus importante […] Il y a des choses à faire sur le plan de la sensibilisation », estiment-elles. Et dans ce domaine aussi, les deux jeunes femmes regorgent d’idées et de projets.
DIY (Do it yourself ou Faites-le vous-même), zéro déchets… Elles prévoient de développer des ateliers thématiques, une fois par mois. Premier événement prévu au mois de novembre, à l’occasion de la semaine de la sensibilisation à la consommation responsable et au zéro déchets.
Des ateliers de sensibilisation destinés aux enfants sont également programmés, en partenariat avec La Métro.
Céline et Bertile comptent aussi mener des actions autour des producteurs, pour « mettre en avant les richesses [du] territoire », et animer des ateliers avec des structures associatives agissant « dans la même logique ». La Bonne Pioche espère enfin se créer un réseau de partenaires qui a du sens… et développer la livraison à vélo.
La monnaie locale complémentaire grenobloise le Cairn, Les Ateliers Marianne, Cité-Lib… Quelques échanges ont d’ores et déjà eu lieu. Reste à savoir sur quoi ils déboucheront.
À noter dans votre agenda : La Bonne Pioche sera présente à l’Isère Food Festival, au Marché d’intérêt national (Min) de Grenoble, le 25 septembre. Un concours culinaire qui fera la part belle aux recettes locales originales. Sans oublier, bien sûr, l’inauguration de leur épicerie, en octobre 2016.
Alexandra Moullec
L’ÉLÉFÀN, FUTUR SUPERMARCHÉ COLLABORATIF
En France et à Grenoble, les initiatives en faveur d’une consommation plus responsable se multiplient. Parmi elles : L’Eléfàn, un projet de supermarché collaboratif porté par l’association éponyme.
Le principe ? Le magasin propose des produits locaux et bio à des prix compétitifs. Et chaque mois, les bénévoles de l’association donnent trois heures de leur temps pour assurer toutes les tâches nécessaires à son bon fonctionnement : caisse, nettoyage, administration…
Depuis mai 2016, des réunions d’information sont organisées tous les mercredis à 18 heures à Cap Berriat. L’association compte, pour l’heure, 80 membres et espère grimper jusqu’à 1 500 adhérents. Un groupement d’achat a été créé. Bières, céréales, œufs, pâtes, farine, pain et miel sont ainsi d’ores et déjà proposés à la vente lors de permanences, les mercredis et jeudis entre 18 heures et 20 heures à Cap Berriat.
Plusieurs rendez-vous attendent les Grenoblois à la rentrée, dont un premier « grand rendez-vous », le 13 septembre, avec le lancement du site internet. Sans oublier la présence de l’Eléfàn au Village du développement durable à Échirolles et lors de la Fête de la gastronomie au Marché d’intérêt national (Min) de Grenoble, du 23 au 25 septembre 2016.