FOCUS – En Europe, les perturbateurs endocriniens ne sont toujours pas réglementés. Alors que Bruxelles invoque un manque de consensus scientifique pour justifier son inaction, des chercheurs montent au créneau. Pour l’épidémiologiste grenoblois Rémy Slama, dont une étude a montré le lien entre certaines de ces substances chimiques et l’obésité chez les jeunes garçons, rien n’empêche d’encadrer ces molécules dangereuses pour la santé. Si ce n’est le lobbying des industriels…
La commission européenne traine des pieds pour définir et, derrière, réglementer les perturbateurs endocriniens. DR
Alors que la Commission européenne rechigne à définir et classifier les perturbateurs endocriniens, bloquant toute possibilité de réglementer ces substances chimiques accusées d’interférer avec le fonctionnement hormonal des humains et des animaux, sept chercheurs indépendants, dont l’épidémiologiste grenoblois Rémy Slama, montent au créneau*.
Bruxelles avait jusqu’à décembre 2013 pour présenter ces fameux critères scientifiques, préalables à une définition opérationnelle de ces molécules chimiques qui agissent comme des leurres hormonaux dans les organismes. Ne voyant rien venir, la Cour européenne de justice avait même tancé Bruxelles en décembre 2015. Las…
« La question actuelle au niveau européen, pour pouvoir permettre l’application de lois sur les pesticides et les biocides qui ne pourront plus être mis sur le marché, réclame une définition officielle reconnue pour les perturbateurs endocriniens, explique Rémy Slama, directeur de recherches Inserm à l’Institut Albert Boniot à Grenoble. En Europe, on a une définition des cancérigènes, des reprotoxiques mais pas des perturbateurs endocriniens. »
L’excuse du manque de consensus scientifique
Pourquoi cette inaction ? Absence de consensus scientifique, a répondu le commissaire européen à la Santé. Une excuse qui a fait bondir les chercheurs. Sept d’entre eux s’en sont émus dans un article paru lundi 25 avril 2016 dans la revue scientifique Environmental Health Perspectives.
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