FOCUS – Nouveau record de douceur cet hiver dans les Alpes septentrionales. La saison 2015 – 2016 est la plus chaude jamais enregistrée depuis 1959 par l’Observatoire du changement climatique dans les Alpes du Nord. Et la tendance va se poursuivre, au moins pour les trente prochaines années.
On s’en doutait. L’Observatoire savoyard du changement climatique dans les Alpes du Nord le confirme. L’hiver 2015 – 2016 est le plus chaud jamais enregistré dans cette partie des Alpes, depuis les premières mesures en 1959.
Par rapport à la période 1981 – 2010, les températures relevées cet hiver sont supérieures en moyenne de 2,7 °C à la normale, et même de 3,4 °C par rapport à la période 1961 – 1990. Par rapport à l’hiver précédent, on gagne également + 1,5 °C.
De fait, les records pleuvent. Balayé, le mois déjà exceptionnellement doux de décembre 2000… Décembre 2015 devient le mois le plus chaud jamais enregistré, avec une température moyenne mensuelle supérieure à la normale de 4,8 °C. Record d’ensoleillement également, avec vingt-cinq jours de parfait beau temps.
Le début de l’année 2016 a suivi la même tendance. Les mois de janvier et février ont été parmi les plus chauds, note l’Observatoire, avec des températures journalières exceptionnelles. Le 21 février, il faisait ainsi 16,7 °C à Bourg-Saint-Maurice.
L’hiver fut doux, mais il fut aussi l’un des plus arrosés. Conséquence immédiate : difficile de voir tomber de la neige, sous 1.800 mètres. Changement climatique ? Si la hausse des températures ne fait aucun doute, les scientifiques sont plus circonspects quant à l’évolution des précipitations.
Seule certitude : il fait, et il fera, plus chaud. « On observe, sur le long terme, une lente érosion des périodes hivernales froides », relève l’Observatoire. Lequel, prudent, précise : « Bien que cette analyse prospective ne présage en rien de l’avenir, elle indique clairement que les périodes de douceur prennent le pas sur celles de froid. »
En un demi-siècle, les Alpes se sont réchauffées deux fois plus vite que le reste du globe. Rien ne dit que l’accélération va continuer demain. Mais la tendance au réchauffement va, elle, vraisemblablement se poursuivre ces trente prochaines années. Les scientifiques en sont persuadés, tels Christophe Chaix, géographe-climatologue à l’Observatoire du changement climatique, interrogé en septembre dernier par Place Gre’net.
Patricia Cerinsek