Papizan et Batsûkh - Festival Détours de babel 2016. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Petits détours des musiques de Babel par le Musée dauphinois

Petits détours des musiques de Babel par le Musée dauphinois

REPORTAGE VIDÉO – La sixième édi­tion du fes­ti­val des Détours de Babel bat son plein et se pour­suit jus­qu’au 9 avril. Au nombre des évé­ne­ments au pro­gramme, le brunch domi­ni­cal qui s’est déroulé dans le cadre du Musée dau­phi­nois, ce dimanche 3 avril. Une manière d’of­frir au public, le temps d’une jour­née, un ren­dez-vous musi­cal “à la carte”, où cha­cun pou­vait pico­rer à son gré.

Certains Grenoblois et tou­ristes ont dû être bien sur­pris, une fois par­ve­nus au Musée dau­phi­nois, ce dimanche 3 avril. Du moins ceux qui igno­raient que c’é­tait le jour du désor­mais tra­di­tion­nel brunch* domi­ni­cal du fes­ti­val des Détours de Babel. De fait, dès l’en­trée, les indices démon­trant qu’il se pas­sait quelque chose d’in­ha­bi­tuel sau­taient aux yeux des visiteurs.

Une grande tente toua­reg et une yourte

Au cœur du jar­din inté­rieur du cloître, d’habitude espace de tran­quillité, un bar­be­cue autour duquel quelques cui­si­niers s’af­fairent, répand des volutes odo­rantes qui sti­mulent l’appétit.

Des cuisiniers s'affairent autour d'un barbecue. © Joël Kermabon - Place Gre'net.

Des cui­si­niers s’af­fairent autour d’un bar­be­cue. © Joël Kermabon – Place Gre’net.

Sur les pelouses, près du puits ou encore le long des gale­ries vou­tées qui cein­turent le cloître, un public dis­pa­rate com­posé de familles, de curieux, d’a­ma­teurs de musique et de visi­teurs des expo­si­tions du musée se détend, converse et se restaure.

L’occasion d’une pause entre deux concerts pour ceux venus pour les Détours de Babel mais aussi pour les autres dont ce n’é­tait pas l’i­dée de départ.

De temps à autre, en ten­dant l’o­reille, on peut per­ce­voir tan­tôt une salve d’ap­plau­dis­se­ments, tan­tôt quelques notes de musique pié­gées par la véné­rable archi­tec­ture. Ce sont les échos des concerts qui se déroulent dans la cha­pelle ou sur les ter­rasses où trônent, pour l’oc­ca­sion, une grande tente toua­reg et une yourte mongole.

Un ren­dez-vous musi­cal “à la carte”

Tels sont les ingré­dients du brunch de cette sixième édi­tion : concerts, ren­contres, per­for­mances et ins­tal­la­tions sont répar­ties dans tout le musée. L’objectif ? Offrir au public, le temps d’une jour­née, un ren­dez-vous musi­cal “à la carte”, avec un tarif libre. Chacun peut ainsi pico­rer à son gré toute ou par­tie de la pro­gram­ma­tion concoc­tée spé­cia­le­ment par Benoît Thiebergien, le direc­teur artis­tique du festival.

Papizan Badar et son elève Batsükh Dorj. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Papizan Badar et son élève Batsükh Dorj. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Quid de la pro­gram­ma­tion de cette jour­née pas comme les autres ?

Quelques ins­tan­ta­nés. Notamment un gros coup de cœur pour les chants dipho­niques de Mongolie inter­pré­tés par Papizan Badar et Batsük Dorj, qui se pro­dui­saient pour la pre­mière fois en Europe. Les voix de l’é­lève et de son maître de chant nous ont lit­té­ra­le­ment trans­por­tés dans les steppes des contre­forts du Haut Altaï.

Une fois ins­tallé dans la cha­pelle, Il suf­fi­sait, en fer­mant les yeux, de se lais­ser empor­ter par les étranges har­mo­nies de leurs voix conju­guées avec une guim­barde, une flûte ou encore un luth. Une paren­thèse pour oublier la ville, rejoindre la steppe, contem­pler le vol de l’aigle, entendre le galop des che­vaux et aper­ce­voir, au loin, quelques yourtes tapies entre deux val­lons. Juste le calme et la pré­sence de ces deux musiciens…

Luth, oud et cornemuses

Sous la grande tente toua­reg, nous avons pu éga­le­ment assis­ter à deux autres concerts com­plè­te­ment dif­fé­rents et tout aussi intri­gants. C’est d’ailleurs la marque de fabrique, la spé­cia­lité des Détours de Babel que de sus­ci­ter la décou­verte. Quitte par­fois à se retrou­ver au bord de la prise de risques… cal­cu­lés. Cela dit, le public, averti, joue le jeu et accepte taci­te­ment ces risques.

Une grande tente touareg pour accueillir certains spectacles. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Une grande tente toua­reg pour accueillir cer­tains spec­tacles. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Pour notre part, nous avons été un peu moins trans­por­tés en emprun­tant le rac­courci qui nous a fait pas­ser de la musique des steppes de Mongolie aux musiques tra­di­tion­nelles turques. Neva Özgen joue du kemençe, le luth tra­di­tion­nel turc. Quant à Gûc Gûlle, il chante et joue du oud. Leur musique, « aux limites de la tra­di­tion et du contem­po­rain », tente le pari de la jonc­tion entre la musique otto­mane tra­di­tion­nelle et les musiques d’in­fluence jazz ou classique.

Parmi les sur­prises de la jour­née, le trio de cor­ne­muses com­posé de trois son­neurs de Bretagne, d’Iran et d’Algérie a sus­cité un vif inté­rêt. Pas tant lors des pres­ta­tions solistes de E. Keravec, S. Shanbehzadeh ou de B. Temtaoui que lors de l’exécution de pièces com­munes. Ils sont ainsi par­ve­nus à faire bou­ger le public massé sous la tente toua­reg, aidés en cela par les rythmes de deux per­cus­sion­nistes. Une manière de retrou­ver l’es­prit de fête à laquelle est asso­ciée la cor­ne­muse, en Orient comme en Occident.

Retour en images sur les concerts et sur l’am­biance de ce brunch.


Reportage Joël Kermabon

« Les salles sont pleines, ça vibre… »

Sous la yourte ins­tal­lée sur une ter­rasse supé­rieure des jar­dins du musée, le duo Fluctus jouait trois pièces pour vio­lon et vio­lon­celle. Le résul­tat du tra­vail de Matthieu Lemennicier en réponse à un appel à pro­jets du fes­ti­val dans le cadre des créa­tions et chantiers.

Le jardin du cloître du musée Dauphinois. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Le jar­din du cloître du Musée dau­phi­nois. © Joël Kermabon – Place Gre’net

Dans la mati­née, la contre­bas­siste Joëlle Léandre et le vio­lon­cel­liste Vincent Courtois avaient quant à eux pré­senté un tra­vail d’im­pro­vi­sa­tions libres aux tout pre­miers par­ti­ci­pants au brunch.

Au détour de nos déam­bu­la­tions babe­liennes, nous avons croisé Jacques Panisset, cofon­da­teur des Détours de Babel et membre de son conseil d’ad­mi­nis­tra­tion. L’occasion de lui deman­der ses pre­mières impres­sions sur la fré­quen­ta­tion du fes­ti­val 2016.

« Je n’ai pas fait les comp­tages mais, d’a­près ce que je vois, les salles sont pleines, ça vibre et puis… les gens sont contents. Au stade où nous en sommes, ce que je peux en dire c’est que c’est une réus­site », se féli­cite-t-il. Et d’a­jou­ter : « Voir qu’en plus un public jeune adhère à ces types de musiques, là, je dis bravo ! »

Joël Kermabon

* Brunch est un mot anglais qui com­bine les termes break­fast (petit déjeu­ner) et lunch (déjeu­ner) pour dési­gner un repas pris tard le matin ou en début d’après-midi.

Pour en savoir plus :

Le fes­ti­val se pour­suit jus­qu’au 9 avril. Découvrez toute sa pro­gram­ma­tion sur le site des Détours de Babel.

Joël Kermabon

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