REPORTAGE VIDÉO – La sixième édition du festival des Détours de Babel bat son plein et se poursuit jusqu’au 9 avril. Au nombre des événements au programme, le brunch dominical qui s’est déroulé dans le cadre du Musée dauphinois, ce dimanche 3 avril. Une manière d’offrir au public, le temps d’une journée, un rendez-vous musical “à la carte”, où chacun pouvait picorer à son gré.
Certains Grenoblois et touristes ont dû être bien surpris, une fois parvenus au Musée dauphinois, ce dimanche 3 avril. Du moins ceux qui ignoraient que c’était le jour du désormais traditionnel brunch* dominical du festival des Détours de Babel. De fait, dès l’entrée, les indices démontrant qu’il se passait quelque chose d’inhabituel sautaient aux yeux des visiteurs.
Une grande tente touareg et une yourte
Au cœur du jardin intérieur du cloître, d’habitude espace de tranquillité, un barbecue autour duquel quelques cuisiniers s’affairent, répand des volutes odorantes qui stimulent l’appétit.
Sur les pelouses, près du puits ou encore le long des galeries voutées qui ceinturent le cloître, un public disparate composé de familles, de curieux, d’amateurs de musique et de visiteurs des expositions du musée se détend, converse et se restaure.
L’occasion d’une pause entre deux concerts pour ceux venus pour les Détours de Babel mais aussi pour les autres dont ce n’était pas l’idée de départ.
De temps à autre, en tendant l’oreille, on peut percevoir tantôt une salve d’applaudissements, tantôt quelques notes de musique piégées par la vénérable architecture. Ce sont les échos des concerts qui se déroulent dans la chapelle ou sur les terrasses où trônent, pour l’occasion, une grande tente touareg et une yourte mongole.
Un rendez-vous musical “à la carte”
Tels sont les ingrédients du brunch de cette sixième édition : concerts, rencontres, performances et installations sont réparties dans tout le musée. L’objectif ? Offrir au public, le temps d’une journée, un rendez-vous musical “à la carte”, avec un tarif libre. Chacun peut ainsi picorer à son gré toute ou partie de la programmation concoctée spécialement par Benoît Thiebergien, le directeur artistique du festival.
Quid de la programmation de cette journée pas comme les autres ?
Quelques instantanés. Notamment un gros coup de cœur pour les chants diphoniques de Mongolie interprétés par Papizan Badar et Batsük Dorj, qui se produisaient pour la première fois en Europe. Les voix de l’élève et de son maître de chant nous ont littéralement transportés dans les steppes des contreforts du Haut Altaï.
Une fois installé dans la chapelle, Il suffisait, en fermant les yeux, de se laisser emporter par les étranges harmonies de leurs voix conjuguées avec une guimbarde, une flûte ou encore un luth. Une parenthèse pour oublier la ville, rejoindre la steppe, contempler le vol de l’aigle, entendre le galop des chevaux et apercevoir, au loin, quelques yourtes tapies entre deux vallons. Juste le calme et la présence de ces deux musiciens…
Luth, oud et cornemuses
Sous la grande tente touareg, nous avons pu également assister à deux autres concerts complètement différents et tout aussi intrigants. C’est d’ailleurs la marque de fabrique, la spécialité des Détours de Babel que de susciter la découverte. Quitte parfois à se retrouver au bord de la prise de risques… calculés. Cela dit, le public, averti, joue le jeu et accepte tacitement ces risques.
Pour notre part, nous avons été un peu moins transportés en empruntant le raccourci qui nous a fait passer de la musique des steppes de Mongolie aux musiques traditionnelles turques. Neva Özgen joue du kemençe, le luth traditionnel turc. Quant à Gûc Gûlle, il chante et joue du oud. Leur musique, « aux limites de la tradition et du contemporain », tente le pari de la jonction entre la musique ottomane traditionnelle et les musiques d’influence jazz ou classique.
Parmi les surprises de la journée, le trio de cornemuses composé de trois sonneurs de Bretagne, d’Iran et d’Algérie a suscité un vif intérêt. Pas tant lors des prestations solistes de E. Keravec, S. Shanbehzadeh ou de B. Temtaoui que lors de l’exécution de pièces communes. Ils sont ainsi parvenus à faire bouger le public massé sous la tente touareg, aidés en cela par les rythmes de deux percussionnistes. Une manière de retrouver l’esprit de fête à laquelle est associée la cornemuse, en Orient comme en Occident.
Retour en images sur les concerts et sur l’ambiance de ce brunch.
Reportage Joël Kermabon
« Les salles sont pleines, ça vibre… »
Sous la yourte installée sur une terrasse supérieure des jardins du musée, le duo Fluctus jouait trois pièces pour violon et violoncelle. Le résultat du travail de Matthieu Lemennicier en réponse à un appel à projets du festival dans le cadre des créations et chantiers.
Dans la matinée, la contrebassiste Joëlle Léandre et le violoncelliste Vincent Courtois avaient quant à eux présenté un travail d’improvisations libres aux tout premiers participants au brunch.
Au détour de nos déambulations babeliennes, nous avons croisé Jacques Panisset, cofondateur des Détours de Babel et membre de son conseil d’administration. L’occasion de lui demander ses premières impressions sur la fréquentation du festival 2016.
« Je n’ai pas fait les comptages mais, d’après ce que je vois, les salles sont pleines, ça vibre et puis… les gens sont contents. Au stade où nous en sommes, ce que je peux en dire c’est que c’est une réussite », se félicite-t-il. Et d’ajouter : « Voir qu’en plus un public jeune adhère à ces types de musiques, là, je dis bravo ! »
Joël Kermabon
* Brunch est un mot anglais qui combine les termes breakfast (petit déjeuner) et lunch (déjeuner) pour désigner un repas pris tard le matin ou en début d’après-midi.
Pour en savoir plus :
Le festival se poursuit jusqu’au 9 avril. Découvrez toute sa programmation sur le site des Détours de Babel.