BLOG CULTURE ET SPECTACLES – L’artiste plasticienne Emmanuelle Radzyner expose l’une de ses œuvres, Pas Pieds, à la bibliothèque universitaire Droit-Lettres, sur le campus de Saint-Martin-d’Hères, jusqu’au 6 avril. Elle a été invitée à créer cette pièce, fondée en partie sur la technique de l’origami, par l’Association des étudiants en master Diffusion de la culture, dans le cadre de leur festival Plutôt la Vie. À cette occasion, Emmanuelle Radzyner partage avec nous une parcelle de son univers.
Propos recueillis par Sarah Saint-Pierre
Qu’est-ce qui, à l’origine, vous a poussée à entrer dans le milieu artistique ?
Ça remonte à l’enfance ! J’ai toujours énormément peint, dessiné, découpé, bricolé et, dès l’âge de 15 ans, je savais que je voulais faire les Beaux-Arts. J’ai suivi ces études pendant cinq années et mes recherches se poursuivent encore aujourd’hui.
Quand êtes-vous vraiment devenue artiste ?
J’ai débuté il y a plus de vingt-cinq ans en travaillant le miroir et le verre car je cherchais à mettre en évidence la lumière. Puis ça a évolué vers le multiple et j’ai commencé à travailler le papier froissé. Petit à petit, j’en suis venue au pliage.
Pourquoi le verre et le papier sont-ils vos matériaux de prédilection ?
Au départ, le miroir m’a intéressée pour la lumière. Aujourd’hui, c’est le papier parce qu’il capte cette lumière de manière intéressante. Et puis, le papier est léger. Je fais souvent des pliages que je suspends de manière à rendre une certaine souplesse. Lorsque le visiteur est dans l’installation, il en est acteur, il la fait bouger, contrairement à une sculpture autour de laquelle on tourne.
L’installation, actuellement à la bibliothèque universitaire, est plus figée. Mais j’introduis tout de même un mouvement via cette vague qui déferle et aussi grâce aux nuances des couleurs issues des pages de livres. Comme je travaille sur le multiple, il y a quelque chose de très mécanique. Au début, je suis concentrée sur le geste puis il devient automatique. C’est alors que je peux penser à l’œuvre suivante.
Qu’a de particulier cette œuvre, Pas Pieds, construite sur un amoncellement de bateaux de papiers ?
En réalité, j’ai déjà réalisé cette installation deux fois auparavant. Mais elle est un peu différente cette fois puisque les petits bateaux sortent des livres, en écho à la bibliothèque dans laquelle ils se trouvent.
Précédemment, j’avais présenté « Pas Pieds » sous la forme d’une vague découlant d’une porte. Là, ils retrouvent leur origine en émergeant des vieux livres dont ils sont issus.
Le festival Plutôt la Vie, qui s’inscrit dans la cadre du Printemps des poètes, a fait appel à vous. Quel rapport entretenez-vous avec la poésie ? Pouvez-vous nous donner un exemple de poème qui vous aurait particulièrement marquée ?
Le haïku de Maurice Coyaud me touche particulièrement : « Rien de plus que la saisie éphémère d’un instant, prêt à être oublié et à jamais inoubliable. » Je travaille moi-même sur l’éphémère. Mes créations sont mises en place pendant un temps limité alors qu’elles demandent énormément de préparation. Pour l’œuvre de la bibliothèque universitaire, trois mois de pliage des petits bateaux et une semaine de montage ont été nécessaires.
L’installation existe pendant environ un mois ou deux, selon les expositions, puis elle est détruite. C’est une nécessité pour moi parce qu’il faut qu’elle accomplisse son cycle complet. L’œuvre est conçue, portée, accouchée. Elle vit puis elle meurt. Une fois détruite, je vais pouvoir concevoir la suivante. C’est pour ça que ce poème sur l’éphémère est très important pour moi.
Propos recueillis par Sarah Saint-Pierre, étudiante en Master 1 Diffusion de la culture
Infos pratiques
Bibliothèque universitaire Droit-Lettres, campus de Saint-Martin-d’Hères
“Pas pieds” d’Emmanuelle Radzyner
Installation exposée jusqu’au 6 avril 2016