FOCUS – Les lauréats du concours d’articles des Antennes ont reçu leurs prix, mercredi 10 février, à l’hôtel de ville de Grenoble. L’occasion d’une soirée où se seront enchaînés coups de gueule et coups de cœur, dans une ambiance de fête de l’expression citoyenne.
L’expression citoyenne était à l’honneur, ce mercredi 10 février, dans la salle des mariages de l’hôtel de ville de Grenoble. Le journal Les Antennes remettait en effet les prix de son concours d’articles lancé voilà neuf mois dans l’agglomération grenobloise. Le tout devant une soixantaine de personnes.
C’est Éric Piolle en personne qui a ouvert cette réception. Dans un bref discours, le maire de Grenoble a rappelé que « les médias ont une fonction démocratique importante, et que la place pour les médias participatifs ou citoyens est bien occupée », évoquant le rôle de « vigie » de cette presse citoyenne.
« Ce fonctionnement, c’est un vrai atout, quelque chose que l’on aime et que l’on a envie de partager ! », a assuré Éric Piolle, avant de laisser la parole aux organisateurs du concours des Antennes. En l’occurrence les responsables de l’association Composite, éditrice du journal.
« Faire entendre les voix les plus discrètes »
Anne-Benoît Janin, directrice des Antennes, l’affirme : « Ce concours, c’est vraiment le cœur de notre mission, c’est-à-dire qu’il offre un espace d’expression des habitants, qu’il fait entendre les voix les plus discrètes et apporte un autre regard sur l’agglomération. »
Un concours qui devait originellement s’appeler, nous apprend-elle, « La presse a mauvaise presse ». Car le projet était bel et bien de permettre au public de « renouer avec la presse » en y écrivant des articles. Projet couronné de succès, à en juger par les 46 articles reçus, et la trentaine d’articles finalement publiés.
Un concours de la diversité
Grande satisfaction des organisateurs : la diversité des profils des participants. « Les auteurs des articles ont de 21 à 93 ans ! », souligne Anne-Benoît Janin. Diversité dans les thèmes abordés, également. Parmi les lauréats, Bruno raconte le Revenu de solidarité active (RSA) de l’intérieur. Et si son texte s’intitule « Je suis au RSA et j’ai le droit de me plaindre », ce ne sont pas des plaintes qu’il exprime, mais bien un point de vue réfléchi sur la situation des allocataires.
Autre texte, autre colère : celle exprimée en alexandrins par une pensionnaire de maison de retraite qui observe les manquements du personnel. Mais demande à rester anonyme pour ne pas nuire au directeur de l’établissement.
D’autres articles se font plus légers. Jean-Claude Grelet sera ainsi récompensé pour son texte appelant à l’amour… de la géologie. « La géol, c’est toute l’histoire de Grenoble, voilà très très longtemps, bien avant qu’on emménage dans les parages. Et en se baladant, on voit que la construction s’est faite de drôles de façons. Imagine-t-on une maison qui se dresse, toute seule sans architecte ? Mais heureusement qu’on a laissé faire sinon quelle galère. Des montagnes tirées au cordeau, c’est pas beau. »
Quant à Heiko Buchholz, homme de plume et de spectacle, il a autant fait rire le jury que le public présent en racontant les déboires d’une marmotte en peluche atteinte d’une malformation faciale fort disgracieuse. Avec son museau au milieu du front, la pauvre bête made in China représente peut-être « l’apparition d’un nouveau Dahu », se demande l’amuseur inspiré.
A la clé, de nombreux prix, car le concours a fédéré beaucoup de partenaires. Autant de catégories et de lots pour saluer l’engagement et la plume des participants. Autant d’occasions aussi de donner la parole à des personnes porteuses de causes ou d’univers différents, au cours d’une soirée conviviale et bon-enfant, malgré la gravité de certains thèmes abordés.
« Apporter ma pierre à l’édifice »
Des coups de gueule, il y en a eu aussi. « C’est bon pour la nature le tram, mais veut-on vraiment qu’on le prenne ? », demande Charlène Jerez, mettant en avant le coût des transports en commun… La jeune étudiante ne s’attendait pas à gagner un prix à ce concours d’articles, et nous confie que l’écriture ne fait pas vraiment partie de ses activités.
Fanny Baridon, de son côté, a proposé trois articles dans le cadre du concours. Rédactrice, journaliste « autodidacte », elle tient un site et vient même d’éditer à compte d’auteure son premier roman, Renzu, grâce à la plateforme de financement participatif KissKissBankBank.
« À la base, je voulais juste apporter ma pierre à l’édifice. » Une pierre qui flirte avec le politiquement incorrect lorsque la jeune femme signe, par exemple, un texte sur les nouvelles bornes de recyclage des mégots, où elle se revendique « fumeuse, volontaire pour une douce addiction mortelle au bâtonnet incandescent ».
« J’ai toujours voulu donner ce style un peu direct, comme si je parlais à quelqu’un, loin d’un style guindé ou informatif », explique Fanny Baridon. Le profil idéal pour remporter un prix dans un concours d’articles ? Sans doute, mais l’ironie aura voulu qu’elle soit lauréate du prix… des meilleures illustrations.
Le concours aura-t-il une suite ? Tout dépendra des partenaires, mais ce coup d’essai confirme l’attachement d’une partie du public à la presse participative et à une expression citoyenne libre et sincère. En attendant une seconde édition, l’ensemble des textes de cette grande première est à retrouver sur le site du journal participatif Les Antennes.