REPORTAGE VIDÉO – Répondant à l’appel d’une trentaine d’organisations, près de deux cents personnes se sont rassemblées, ce mardi 15 décembre à 18 heures, rue Félix Poulat pour dénoncer le caractère liberticide de l’état d’urgence, en vigueur depuis les attentats de Paris. Bien que le rassemblement se soit déroulé dans le calme, trois personnes ont été arrêtées par la police, sans raisons apparentes, lors de sa dislocation.
« Ce sont tous nos droits qui sont profondément modifiés et remis en cause », déclarait au porte-voix Roseline Vachetta, militante du Centre d’information inter-peuple (CIIP). La militante s’exprimait devant les quelque deux cents personnes rassemblées juste devant les chalets du marché de Noël, rue Félix Poulat, ce mardi 15 décembre à 18 heures.
Le rassemblement, autorisé par la préfecture, s’est déroulé dans le calme. Une trentaine d’organisations avaient ainsi appelé à réagir contre la prorogation de l’état d’urgence qui, selon elles, « aggrave des dispositions liberticides de la loi de 1955 datant de la guerre d’Algérie ».
Retour en images sur le déroulement de cette manifestation.
Reportage Joël Kermabon
Tout se passait normalement…
A l’issue des prises de paroles depuis la tribune improvisée sur les marches de l’église, le rassemblement s’est scindé en deux groupes. Ceux respectant les consignes de la préfecture sont restés sur place, tandis qu’un autre groupe, plus déterminé, était bien décidé à manifester.
« État d’urgence, État policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester ! », scandaient les manifestants. Ils ont ainsi pu faire un grand tour autour de la place Victor Hugo, encadrés par un très léger service d’ordre et quelques motards affectés à la circulation.
Pour autant, aucune violence. Tout s’est déroulé dans le calme.
C’est durant cette manifestation que les interpellations ont eu lieu parmi les personnes restées sur place, rue Félix Poulat ou alors plus tard lors de la dislocation du cortège improvisé. Nous ne disposons pas d’images de ces arrestations car nous suivions alors l’autre partie du rassemblement lors de sa déambulation… normalement interdite et c’est bien, là, le paradoxe.
« Tout se passait normalement lorsque, sans aucune raison ni justification, trois personnes, dont deux syndicalistes, ont été arrêtées et emmenées à l’hôtel de police », rapporte un communiqué de presse du CIIP. Ce mercredi 16 décembre dans l’après-midi, ces deux personnes, des syndicalistes de l’union syndicale Sud-Solidaires, étaient encore retenues dans les locaux de la police tandis que la troisième avait été relâchée.
« L’état d’urgence c’est l’État policier ! »
Le syndicat a vivement réagi à ces arrestations. « Oui, comme le disait une banderole de cette manifestation, l’état d’urgence c’est l’État policier. Ce n’est pas en attaquant la démocratie que l’on s’attaque au terrorisme. En interpellant deux syndicalistes, la préfecture envoie un signal fort à tous ceux qui luttent pour la justice sociale », dénonce un communiqué de Sud-Solidaires qui demande la libération immédiate de ses militants.
De son côté, le Centre d’information inter-peuples s’indigne contre cette grave atteinte à la liberté d’expression et exige, lui aussi, la libération immédiate des deux syndicalistes. Pour le CIIP, cela ne fait que renforcer sa conviction : « Cette répression n’intimidera pas le mouvement social qui ne cessera pas de demander le rétablissement de la liberté de s’exprimer et de manifester ».
Joël Kermabon