Actualité

Corinne Bernard. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Corinne Bernard : “Je n’ai jamais fait d’in­gé­rence artistique”

Corinne Bernard : “Je n’ai jamais fait d’in­gé­rence artistique”

ENTRETIEN - Le collectif Tricycle, gestionnaire du Théâtre 145 et du Théâtre de poche, s'est récemment ému de l'intention de la municipalité grenobloise de reprendre en régie directe les deux salles dès septembre 2016*. Une annonce qui ne fait que renforcer l'inquiétude des acteurs grenoblois quant au projet culturel de la Ville. Corinne Bernard, l'adjointe à la culture, tente de déminer le terrain.

 ➔ 2252 mots

 

 

Corinne Bernard - Street Art Fest. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Corinne Bernard. © Joël Kermabon

Corinne Bernard, 45 ans, est adjointe aux cultures au sein du groupe Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes, une des composantes de la coalition de gauche constituée autour d'Éric Piolle, le maire de Grenoble. Ce n'est d'ailleurs pas son seul mandat, puisqu'elle est entrée en politique en 2010 comme conseillère régionale du groupe Europe écologie - Les Verts (EELV). Une institution où elle occupe, entre autres, le poste de vice-présidente de la commission culture.

 

Mandats auxquels il faut aussi ajouter celui de conseillère communautaire à Grenoble-Alpes Métropole. Toujours chef de gare à Clelles mais en congé sans solde pour assumer ses différentes fonctions, l'élue,  fortement investie dans le projet culturel grenoblois, s'est rapidement trouvée confrontée à la résolution de la quadrature du cercle budgétaire. La baisse des dotations de l’État a en effet réduit sa marge de manœuvre et, notamment, les subventions accordées aux acteurs culturels.

 

Depuis, contre vents et marées, Corinne Bernard tente d'imprimer sa marque et ses convictions face à un secteur culturel quelque peu circonspect sur les politiques engagées et bien décidé à ne pas lui faire de cadeaux.

 

 

 

Place Gre'net : Pourquoi avoir décidé de reprendre le Théâtre 145 et le Théâtre de poche en régie directe ?

 

 

Corinne Bernard : Nous avons un projet ambitieux pour la culture à Grenoble et, en particulier, pour le théâtre. Notre projet pour le théâtre municipal de Grenoble est de mieux l'utiliser pour la pratique et la création et de le rendre accessible tant aux scènes locales que nationales. Nous avons trouvé normal d'appliquer ce principe sur d'autres lieux. Dans un cadre budgétaire contraint, nous avons dit au collectif que nous lui réitérions notre confiance mais qu'à l'issue de cette année de programmation nous reprendrions en gestion directe les deux théâtres pour être en lien avec le théâtre municipal.

 

Le ciel dans la peau au théâtre de Poche le Tricycle de Edgar Chias par la Compagnie Les Montures du Temps

« Le ciel dans la peau » au Théâtre de Poche. © Jean-Baptiste Auduc - Place Gre'net

Que ce soit clair, nous ne fermerons pas de salles en 2016. Mais les contraintes budgétaires sont si fortes que, pour ne pas les fermer, nous préférons les reprendre en régie directe. Le projet du collectif est bon mais il est coûteux.

Le but de la politique culturelle municipale est de fédérer et de faire confiance. À cet effet, dès le budget 2016, nous allons mettre en place un fond d'aide à la création.

 

Pour le gérer, ce ne seront pas les politiques qui seront autour de la table – lesquels n'ont pas vocation à choisir l'artistique, comme je l'ai souvent dit et répété – mais notamment tous les programmateurs, les gens du théâtre municipal, de la Direction des affaires culturelles, du conservatoire…

 

D'autres y prendront également place, comme la directrice de l'Espace 600, la MC2, le théâtre Sainte-Marie-d'en-Bas… L'objectif ? Avoir plus de visibilité et voir ensemble ce qui va se passer au Théâtre de Poche, au 145 et au théâtre municipal.

 

 

Le collectif Tricycle évoque, dans un communiqué publié sur son site le 9 octobre dernier, « une décision unilatérale prise sans que [le collectif ait] pu construire avec la Ville le minimum de dialogue propice au devenir de ce qui a été mis en place ». Qu'en est-il ?

 

 

C'est un peu dur de leur part de dire ça. Mais c'est une situation tellement dure à vivre pour eux que je peux comprendre. Dire que c'est unilatéral… oui et non ! Je les ai rencontrés plusieurs fois, dans mon bureau et sur le site quand je l'ai visité. Il y a une dizaine de jours, je les ai à nouveau reçus pour leur faire connaître notre décision. De plus, ils ont été en lien fréquent avec la Direction des affaires culturelles pour travailler sur le volet technique.

 

Leur bilan est bon, je le répète, mais on ne peut pas continuer. On peut et on veut poursuivre avec les artistes. On a ainsi tendu la main aux compagnies qui constituent le Tricycle pour qu'elles nous accompagnent sur le fond d'aide à la création. Aujourd'hui, ils ne sont pas unanimes et je dirais qu'à situation exceptionnelle, réactions exceptionnelles.

 

 

Vous auriez évoqué des problèmes de fonctionnement. Pouvez-vous préciser ?

 

 

On peut me faire dire plein de choses, ils en disent d'autres… Le sujet est que les salles sont publiques et doivent le rester. Maintenant, sur le fonctionnement, c'est un collectif qui travaille énormément avec la ville de Grenoble. Nous sommes la tutelle la plus importante du projet qu'il porte. En plus de la subvention de la Ville et de la mise à disposition gracieuse des locaux municipaux, la municipalité a mis trois de ses agents à leur disposition.

 

Le Théâtre 145. © Joël Kermabon - Place Gre'net

Le Théâtre 145. © Joël Kermabon - Place Gre'net

A mon sens, ce qui aurait dû être plus efficient, c'est le lien avec le théâtre municipal et, ça, on peut dire que c'est un problème de fonctionnement.

 

D'autre part et pour être plus précise, je ne crois pas au bénévolat [le collectif est composé d'artistes bénévoles, ndlr]. On ne peut pas, d'un côté, défendre le régime des intermittents du spectacle et, d'un autre, favoriser le bénévolat. Ce qui était un peu compliqué aussi c'est l'insuffisance des aides qu'ils attribuaient aux compagnies. Du coup, elles revenaient vers la Ville pour obtenir le complément. Mais je n'ai pas envie de regarder en arrière. Allons de l'avant et soyons ambitieux ! Avec eux je l'espère. Et c'est bien du théâtre qu'il y aura dans ces lieux-là.

 

 

Dans un autre communiqué, le Syndicat national des arts vivants (Synavi) monte au créneau. « Ce qui arrive au Tricycle est significatif d’une dérive politique au nom du “populaire”. Cela n’est pas admissible d’une municipalité qui défend la transparence et le débat public », lance le syndicat…

 

 

Poursuivez votre lecture

Il vous reste 53 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.

Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous

Joël Kermabon

Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A lire aussi sur Place Gre'net

Scission chez les ex-fron­deurs à Grenoble : le nou­veau groupe Place publique et GDES se ren­voient la responsabilité

FOCUS - Anouche Agobian, Maxence Alloto et Barbara Schuman ont présenté, lundi 22 avril 2024, leur nouveau groupe, Place publique social démocrate, à la Ville Lire plus

Alpes Insertion conteste vivement le reportage (et ses méthodes) de Cash Investigation à son endroit
Alpes Insertion conteste vive­ment les pro­pos tenus dans le repor­tage de Cash Investigation

DROIT DE SUITE - Après un reportage accablant de Cash Investigation sur Fontaine Insertion en janvier 2024 et un rassemblement syndical devant ses locaux en Lire plus

Emplois possiblement fictifs à la Région: l'opposition tire à boulets rouges sur Laurent Wauquiez
Auvergne-Rhône-Alpes : Laurent Wauquiez épin­glé pour un dépla­ce­ment confi­den­tiel au Japon, « aux frais du contribuable »

EN BREF - Le Monde a révélé, samedi 20 avril 2024, le déplacement très confidentiel de Laurent Wauquiez, en mars, au Japon. Un séjour d'une Lire plus

Grenoble : sept nou­veaux bus élec­triques mis en cir­cu­la­tion sur les lignes C3 et C4 du réseau M Tag

FOCUS - Le Smmag et M Tag ont présenté, lundi 22 avril 2024, au dépôt d'Eybens, les sept nouveaux bus électriques mis en circulation prochainement Lire plus

Risques présents et habitants inquiets: le Rapport annuel sur les risques et la résilience (Rarre) livre ses conclusions
Risques envi­ron­ne­men­taux, éco­no­miques ou sociaux : les habi­tants de la région gre­no­bloise majo­ri­tai­re­ment inquiets

FOCUS - L'Agence d'urbanisme de la région grenobloise et l'Atelier des futurs ont présenté le Rarre. Autrement dit, le Rapport annuel sur les risques et Lire plus

Le Hero Festival de retour à Grenoble les 11 et 12 mai avec Holly Marie Combs en invitée d'honneur
Le Hero Festival de retour à Grenoble les 11 et 12 mai avec Holly Marie Combs en invi­tée d’honneur

ÉVÉNEMENT - Le Hero Festival annonce son retour à Grenoble pour une sixième édition toujours placée sous le signe des imaginaires pop et geek. Au Lire plus

Flash Info

|

24/04

18h58

|

|

24/04

11h01

|

|

21/04

20h48

|

|

21/04

18h12

|

|

19/04

20h52

|

|

19/04

20h24

|

|

18/04

17h28

|

|

17/04

23h47

|

|

17/04

15h53

|

|

17/04

12h58

|

Les plus lus

Société| Après Un Bon Début, le gre­no­blois Antoine Gentil pré­sente sa méthode édu­ca­tive « star­ter » avec son livre Classe réparatoire

Société| Grenoble, sixième ville « où il fait bon vivre avec son chien », selon 30 mil­lions d’amis

Économie| Le salon Mountain Planet de retour à Alpexpo Grenoble, avec la visite de la ministre Dominique Faure

Agenda

Je partage !