LE CHOIX DE LA RÉDAC – Le mercredi, c’est la sélection sorties ! Petit panel de propositions culturelles variées à Grenoble et alentours pour célébrer comme il se doit l’arrivée de l’automne. Un seul mot d’ordre : du costaud pour les cervelles, du festif pour les semelles !
JE L’AI VU… JE VOUS EN PARLE !
DOCUMENTAIRE + CONCERT – Le projet D.Lights dans le cadre du Festival Jour&Nuit
Quatrième édition pour le Festival électro Jour&Nuit, initié par l’association MixLab, celle-là même qui a obtenu la gestion de la Belle Électrique. Cette année, de nombreuses propositions auront lieu dans le nouvel équipement et plus largement dans le quartier Bouchayer Viallet.
En ouverture, la programmation du projet D.Lights joue la variété. Docu et concert, gratuit et payant, Belle Électrique et Ampérage, rap et électro… Ça commence donc par la projection à 18 h 30 d’un documentaire à l’InfoLab de la Péniche. A l’origine, ce devait être au Magasin-Cnac mais la grève qui touche l’établissement depuis six jours a forcé le rapatriement de l’événement.
Le film Resilience, que j’ai pu visionner, s’intéresse à Détroit. Jadis prospère grâce à l’industrie automobile, la ville est maintenant exsangue. Sorte de friche industrielle à ciel ouvert dont le film montre des plans fixes fantomatiques, irréellement dépeuplés. Mais là où l’esthétisme des ruines pourrait primer, l’équipe du film choisit de porter un regard tantôt critique sur les dominants aux manettes de la cité, tantôt chaleureux. Militants, déclassés, musiciens injectent de la vie à la cité en se réclamant d’elle.
À partir de 20 heures, trois des musiciens présents dans le film seront sur la scène de l’Ampérage pour un concert mêlant hip-hop et électro. En 2013, le même label lyonnais Jarring Effects, à l’initiative de D.Lights, avait montré à l’Ampérage son premier projet, Cape town effects, liant film documentaire et musique, artistes français et sud-africains. C’était déjà une très belle soirée.
Pour en écouter un petit bout :
THÉÂTRE – « Toujours la tempête » à la MC2
Alors, bien sûr, trois heures, c’est long. Trivial comme considération de départ ? Certes. Mais le temps est de toute façon au centre de cette pièce. Le metteur en scène Alain Françon, qui admire Peter Handke sans réserve, porte l’un des textes de l’auteur à la scène pour la première fois. Et l’on sent le soin avec lequel il a tenté d’en restituer les nuances, tout en veillant à la compréhension du spectateur.
Les personnages de la pièce doivent leur existence à la mémoire et à l’imagination de leur descendant. C’est toute la magie du théâtre que de voir se côtoyer un fils et sa mère réunis au même âge de la vie sans que les effets spéciaux ne soient de la partie. Cette distorsion temporelle permet également d’ouvrir une parenthèse historique peu connue.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Carinthie, land autrichien dont sont originaires les personnages, fut la seule région du Reich où s’éleva un mouvement de résistance contre les nazis. C’est d’ailleurs l’existence de ces « partisans », issus pour la plupart de la minorité slovène vivant là, qui garantit l’autonomie de l’Autriche après-guerre. Une Autriche qui ne sut pas reconnaître ensuite ce qu’elle devait à ces résistants isolés.
Ce contexte plombé n’empêche pas que jaillisse parfois le rire, grâce notamment à la truculence de certains comédiens (Gilles Privat dans le rôle de l’aîné de la fratrie ou Wladimir Yordanoff, le grand-père, irrésistible à force d’être bourru).
Pour ceux qui se souviennent de la force du texte de Peter Handke dans Par les villages mis en scène par Stanislas Nordey (à la MC2 en 2014), il est toutefois possible d’être déçu. Point de flamboyance ici. Mais du beau théâtre, délicat et habile à réveiller la mémoire.
JE NE L’AI PAS VU MAIS J’EN AI ENTENDU PARLER
THÉÂTRE DE RUE – « Naufrage », de la Cie Kumulus à la Cour des Moulins de Villancourt
La compagnie Kumulus jouit d’une belle réputation dans le petit monde du théâtre de rue. Naufrage, « fable orgasmique et tellurique », semble s’inscrire pleinement dans l’espace publique en interrogeant ses ressorts politiques et sociaux. Un théâtre, donc, qui ne joue pas la carte de la distraction légère comme l’air mais qui sait se montrer exigeant et parfois dérangeant. Avec une sorte de poésie loufoque et grandguignolesque en plus.
De toute évidence, le propos penche plus du côté de la métaphore farcesque et orgiaque que du manifeste indigeste. L’allégorie choisie est celle du fameux radeau de la méduse, « symbole de l’échouage de notre bateau “démocrapitaliste” » !
Faisons donc confiance à La Rampe qui ouvre sa saison avec ce spectacle hors ses murs (ça se passe dans la cour des Moulins de Villancourt). La salle sait souvent dégoter de belles trouvailles.
CONCERT – Soirée d’ouverture à la Salle noire
Samedi 26 septembre, pour qui traîne ses guêtres du côté de Bouchayer-Viallet sans être pour autant un noctambule assoiffé d’électro (ceux-là seront à la Belle Électrique bien sûr), il y a la Salle noire, tenue par les Barbarins fourchus.
Première soirée de la saison, donnée ici en hommage à l’un de leurs camarades, Sylvain Latrim, disparu il y a peu. Au programme, des concerts pour une scène partagée : les Barbarins, bien sûr, mais aussi quelques-uns de leurs bons amis dont Denis Péan, le poète, interprète et musicien du groupe LO’JO.
Là aussi, un dancefloor accueillant mais qui vibre plutôt en mode rock’n’roll et chanson.
Adèle Duminy
Infos pratiques
La Rampe / Hors les murs : cour des Moulins de Villancourt
85 cours Saint-André à Échirolles
(repli à La Rampe en cas d’intempérie : 15 avenue du 8 mai 1945 à Échirolles)
« Naufrage », de la Cie Kumulus
Jeudi 24 et vendredi 25 septembre, 20 heures
Conseillé dès 15 ans
4 rue Paul Claudel
« Toujours la tempête », Texte de Peter Handke, Mise en scène d’Alain Françon
Jeudi 24, vendredi 25, samedi 26 septembre, 19 heures 30
6 euros – 10 euros – 17 euros – 22 euros – 25 euros
Durée : trois heures sans entracte
Festival Jour&Nuit (du 25 au 27 septembre)
Quartier Bouchayer-Viallet
Vendredi 25 septembre
• documentaire « Résilience » à 18 h 30 à l’InfoLab de la Péniche, au 31 rue Gustave Eiffel (à deux minutes à pied de La Belle Électrique) – gratuit
• concert à l’Ampérage à partir de 20 heures – 10/12 euros
17 rue des arts et métiers à Grenoble
Soirée d’ouverture en hommage à Sylvain Latrim
“Ma manivelle dans ta gueule”
Samedi 26 septembre à partir de 19 h 30
8 euros