REPORTAGE – Avenue Edmond-Esmonin, à Grenoble, plus de 300 personnes vivent dans des cabanes de bric et de broc, à proximité de la friche industrielle Allibert, tout près d’Échirolles. Parmi cette population d’exclus, une grande majorité de Roms. Focus sur cette micro-société qui s’est organisée dans la précarité.
Première chose qui frappe aux abords du camp, visible depuis le rond-point Pierre et Marie Curie : l’odeur. Alors que le soleil montre tout juste ses rayons, un épais nuage de pollution flotte au-dessus des habitations de fortune. Des tentes, mais aussi des cabanes construites avec des objets hétéroclites de seconde main…
Au milieu des toits plats, entre bâches plastique et planches en bois, de la fumée noire s’échappe de tubes métalliques et d’anciennes gouttières reconverties en conduits de cheminées bancales. A l’arrière-plan, un homme consolide son abri avec le dessus d’une vieille table, tel un équilibriste sur une poutre.
Un talus en terre d’un mètre de haut sépare le campement informel du flot des automobiles. De quoi offrir un semblant d’intimité, dans ce camp où le quotidien se déroule à la vue de tous. Juché sur une pierre, un petit garçon guette les va-et-vient en mangeant un bout de pain, les doigts couverts de suie. Ici, les enfants comme lui sont légion. Une joyeuse fourmilière qui s’amuse avec des ballons, des vélos, grimpe et chahute au milieu des ordures, nombreuses.
« Ça devient vite un vrai bidonville ! »
Au fond d’une impasse, deux blocs de béton marquent le début de la zone gérée par le Centre communal d’action sociale (CCAS) de Grenoble. Autrement dit, les familles prises en charge par la ville. En décembre 2013, le centre communal a en effet décidé d’héberger les personnes mises à la rue, suite à la fermeture de foyers ou de centres autogérés, comme le squat de l’ancien restaurant Moulissimo à Saint-Martin‑d’Hères.
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