FOCUS – Comment mieux adapter l’organisme à la haute altitude ? C’est pour répondre à cette question que six chercheurs français, dont quatre Grenoblois, vont, le 21 mars 2015, rejoindre une expédition internationale au camp de base népalais du Manaslu, à 5.000 m d’altitude. Objectif : tester, grâce à un masque, la méthode de la pression expiratoire positive pour combattre le mal aigu des montagnes.
Mieux comprendre et minimiser les effets de la haute altitude. C’est l’objectif de l’expédition internationale qui, le 21 mars 2015, partira en direction des plus hauts sommets himalayens.
C’est au camp de base du Manaslu, à 5.000 m d’altitude et jusqu’à un proche sommet, 1.200 m plus haut, que les six chercheurs de l’équipe française emmenée par le Grenoblois Samuel Vergès, vont réaliser des mesures sur les adaptations de l’organisme à la haute altitude sur une cinquantaine de volontaires.
Aller plus haut, plus longtemps
Les scientifiques français étudieront plus particulièrement les effets d’un séjour prolongé en haute altitude sur le cœur, le cerveau et le sommeil. « L’idée par rapport à nos expériences antérieures dans les Alpes est d’aller plus haut, plus longtemps », précise Samuel Vergès*, chargé de recherche Inserm au sein du laboratoire Hypoxie PhysioPathologie (HP2 – UJF/Inserm/CHU de Grenoble). « On bénéficie maintenant de technologies avancées avec du matériel ultra-transportable nous permettant des évaluations poussées sur le terrain, en conditions réelles. »
Les Français ne seront pas seuls au camp de base du Manaslu. En tout, six équipes internationales prendront part, douze jours durant, à l’expédition coordonnée par Medex, fondation britannique dédiée à la recherche sur l’altitude.
Six chercheurs français, dont quatre Grenoblois, vont tester une nouvelle méthode pour mieux supporter
les effets de la haute altitude. © Be Happix, Vincent Bailleul
Limiter le mal aigu des montagnes
« Quand on est confronté au mal aigu des montagnes, on a le choix entre redescendre ou avoir recours aux médicaments, mais ils ne sont pas toujours efficaces », explique le chercheur grenoblois.
Les chercheurs testeront, notamment, un nouveau masque qui pourrait aider les alpinistes à s’acclimater et donc limiter, si ce n’est vaincre, le mal aigu des montagnes (Mam). Le principe ? Augmenter la pression de l’air dans les poumons pour contrecarrer la baisse de pression extérieure, liée à l’altitude. Avec des effets similaires au caisson hyperbare mais en moins lourd, moins encombrant et plus maniable…
Le masque pourrait donc être la solution. Avec un effet, non plus chimique, mais simplement mécanique. « Augmenter la pression dans les poumons a des effets sur les échanges gazeux et la diffusion de l’oxygène dans l’organisme », poursuit-il.
Testé en laboratoire depuis trois ans, le masque doit encore faire ses preuves sur le terrain. Car on le sait difficile à supporter durant l’effort. « L’idée est davantage de le porter une ou deux heures en refuge ou au camp de base, ou lors de courtes phases d’ascension ». Un coup de pouce, pas un remède miracle…
Patricia Cerinsek
* Samuel Vergès est également président du Centre d’expertise sur l’altitude. Cette association qui soutient les activités scientifiques et médicales sur la haute altitude participe au projet en regroupant une nouvelle fois au sein d’une même structure les principaux experts français spécialisés de l’altitude.