DERNIER ÉPISODE - Quoi de mieux, pour clôturer ce dossier spécial, que d'interroger deux pointures de la lutte contre le clientélisme, contre la corruption et pour la transparence ? Entretiens sans concession avec Séverine Tessier, présidente d’Anticor, de Hervé Lebreton, président de l’association pour une démocratie directe.
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© Véronique Magnin - placegrenet.fr
« Quand on n’agit pas et que l’on sait, c'est que l'on fait partie du problème… » Séverine Tessier se livre à une analyse de l’état de l'art qui épargne peu d'élus. Autre figure de la lutte contre le clientélisme, Hervé Lebreton, président de l’association pour une démocratie directe, explique quant à lui sa méthode. Il nous livre quelques révélations et nous rafraîchit la mémoire sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Ce professeur de maths est la preuve qu’avec un peu d’opiniâtreté le citoyen peut reprendre la main.
Ces deux experts sont-ils confiants dans l’avenir ? La corruption va-t-elle, selon eux, reculer en 2015 ? Quels sont leurs plans ? Leurs raisons d’espérer ? Double entretien.
Séverine Tessier, présidente de l'association Anticor :
« LES NOTABLES SE COMPORTENT COMME DES SEIGNEURS ENVERS LEURS SUJETS »
Y a-t-il aujourd'hui, à votre sens, davantage de clientélisme qu’auparavant ?
ST : J'ai l'impression que le phénomène s'est banalisé, sur fond de délitement de l'esprit public, de culture d'affairisme et de défaillance des institutions. En gros, on laisse de plus en plus à croire l'idée que, finalement, c'est par les passe-droits que l'on peut réussir. Les valeurs, les principes républicains, l’État de droit sont méprisés. La corruption et le clientélisme ne sont pas que des problèmes éthiques, judiciaires et économiques. Ils ont des conséquences sur la paix civile, parce que les rapports sociaux sont aussi conditionnés par l’État de droit.
Pourquoi certains élus n’apprécient-ils que modérément – et le mot est faible ! – d’être interviewés sur le clientélisme ?
ST : Parce que l'on touche au sacré, au pouvoir – ce pouvoir discrétionnaire malgré les règles – d'attribuer des subventions, des logements, des emplois communaux… Les élus utilisent cette marge de manœuvre, parfois à mauvais escient, pour se faire réélire et entretenir une clientèle électorale. C'est pour cela qu'on parle de clientélisme.
Beaucoup d’élus affirment que le clientélisme est très marginal…
ST : C'est de la fausse naïveté, parce que les affaires de corruption, touchant à la fois aux logements sociaux, aux attributions de subventions etc. sont régulièrement et depuis longtemps sur la place publique. Certes, les élus ne sont pas tous pourris ! Mais que penser de ceux qui ont connaissance du problème et qui n’agissent pas ? Quand on n’agit pas et que l’on sait, c'est que l'on fait partie du problème…
Pourquoi extrêmement peu de députés remettent-ils en cause la réserve parlementaire ?
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