FOCUS – A Grenoble, on a du papier mais aussi des idées ! Le Centre technique du papier (CTP), basé dans la capitale des Alpes, a ainsi conçu un appareil qui révolutionne le recyclage de la cellulose. Une invention qui a déjà reçu les Palmes 2014 de l’Innovation, décernées par un jury de professionnels.
Il s’appelle 3D-Stick et va changer la vie des producteurs de papiers recyclés en leur permettant de lutter plus efficacement contre les macro-stickies. Si ce nom ne vous évoque a priori pas grand-chose, il est en revanche la bête noire des papetiers.
Lorsque l’on recycle des vieilles feuilles, livres ou documents divers, on récupère bien sûr du papier mais aussi d’autres matières… A commencer par la colle qui permet de lier les pages entre elles. Or ces éléments collants – les fameux stickies dans l’industrie papetière –, vont se retrouver dans les nouvelles feuilles de papier créées et se mettre à coller au moment du séchage.
« Cela peut entraîner de nombreux problèmes, précise Dominique Moineau, directeur technique de Techpap, filiale commerciale du CTP. Par exemple, la feuille de papier va adhérer au cylindre et se déchirer. Ou bien des feuilles vont se coller entre elles à la fin et perturber le process industriel. »
Un problème longtemps insoluble
Les enjeux industriels à la clé sont nombreux car ces stickies peuvent être à l’origine d’arrêts de production, voire de casses sur les machines avec, in fine, des coûts plus élevés.
Si éliminer les éléments collants les plus durs s’avère relativement facile, l’affaire se corse avec les colles plus molles. Car, du fait de leur masse et densité semblables à celles des fibres de cellulose, elles passent à travers les fentes des filtres. Difficile donc de s’en débarrasser, sauf à éliminer également un grand nombre de fibres, ce qui n’est bien sûr pas le but recherché.
Voilà donc bien longtemps que les industriels cherchent à résoudre ce problème, les méthodes pour quantifier ces éléments indésirables restant jusqu’à présent approximatives.
Méthode de mesure révolutionnaire
3D-Stick permettra désormais de concentrer ces contaminants afin de mieux pouvoir les éliminer, comme le précise Dominique Moineau : « L’originalité est qu’ils vont être déposés sur un filtre et séchés en faisant attention de ne pas les faire fondre. L’idée est de garder leur structure tridimensionnelle, afin de déterminer très précisément leur nature en fonction de leur forme, grâce à des modèles de référence ».
Il devient ainsi possible de tout quantifier de façon très précise et, ainsi, de gérer en conséquence ces stickies. Si l’appareil de laboratoire est désormais fonctionnel, celui destiné à une utilisation en tout en automatique nécessite, lui, encore quelques développements. Les macro-stickies n’ont qu’à bien se tenir !
Paul Turenne