ENTRETIEN – Patricia Hermitte alias Bionic Patricia prend le départ, ce samedi 7 juin, pour son tour de France en vélo (5 300 km en 80 étapes). Rescapée d’un cancer des os, cette triathlète et marathonienne de 58 ans qui ne peut plus courir comme avant, veut se dépasser et dire « merci »… Rendez-vous pour encourager cette femme exceptionnelle au parc Paul Mistral, Tour Perret, samedi 7 juin, vers 9 heures.
Bionic Patricia, tout sourire. © Nils Louna – placegrenet.fr
Pourquoi ce tour de France ?
Je suis passionnée de course à pied. C’est ce qui me fait rêver, ce qui m’éclate. J’ai de l’endurance en moi ! Je réalise ainsi un peu mon rêve… Cet hiver, suite à un deuxième cancer assez fort en 2013, j’ai repris la forme. Et même si je ne peux plus courir comme avant, j’ai besoin d’ivresse dans la vie. C’est quelque chose d’important pour moi. Faire ce tour de France en autonomie, c’est aussi remercier tout le corps médical qui m’a permis de me remettre sur pied et de pouvoir faire ce rêve… C’est ma façon de dire merci à toute la clinique Belledonne et toute l’équipe d’Henri Bazire à Saint Julien de Raz, qui est une maison de convalescence où je suis restée deux mois.© Jacques-Marie Francillon
Vous partez seule et en totale autonomie…
Le premier jour, certains amis vont m’accompagner. Après, ceux qui voudront rouler avec moi quelques heures seront les bienvenus, mais l’objectif est que je fasse mon tour de France. C’est le mien. Il est important de le faire tout seule. C’est faire un pied de nez à la maladie.Oui, je pars en totale autonomie : avec ma tente, mon réchaud… Avec ce chargement de 10 ou 11 kg, je pense rouler entre 5 et 6 heures par jour, pas plus. Je peux faire 1000 à 1200 mètres de dénivelé par jour sans trop de problème, et je m’accorderai une journée de repos tous les 9 à 10 jours. C’est ce que j’envisage de faire. Je peux grignoter un peu plus, mais il faudra que je sois prudente là… Au départ, je pensais faire le tour en 70 jours. Là, je l’envisage plutôt en 80 jours, comme Jules Vernes ! Oui, il faut être sage. Il faut que je sois bienveillante avec mon corps. Aujourd’hui, c’est la règle que je me suis fixée.
© Nils Louna – placegrenet.fr
Pour qui est ce défi ? Pour vous-même, mais pas seulement ?
D’abord pour me réapproprier mon corps qui a été reconstruit… Il est fait de Gortex et de titane. J’ai un sternum en Gortex et des bouts de côtes en titane, suite à un cancer des os. Ça a été assez douloureux… Faire ce tour de France, c’est faire un pied de nez à la maladie – ça c’est important – et à l’après-maladie. Je suis suivie tous les trois mois, avec encore un contrôle assez important. C’est encore suspensif. Mais pour la maladie, c’est fini. Maintenant, je suis dans la vie. En faisant ce tour de France, je vais aussi essayer de faire rentrer des fonds via une cagnotte que j’ai mise sur leetchi pour l’association Isère espoir contre le cancer. Une partie des dons versés va servir à mes frais d’hébergement tout au long de mon Tour de France et tout le reste sera reversé à cette association…DR
C’est énorme quand même… un Tour de France !
Oui Jeannie Longo, qui est ma marraine, m’a fait la même remarque, en me disant : « vous êtes sûre que c’est par là qu’il faut commencer ? ». J’ai besoin de défi, en fait… Et ce défi m’a portée tout l’hiver.Qui vous épaulera quand vous serez sur les routes, seule, et en cas de problème ?
L’association AcCorder, dont la présidente Véronique Launay est une amie. Une équipe de bénévoles coordonnée par Bernard Tourtet va gérer depuis Grenoble tous les imprévus qui pourraient y avoir et mes hébergements au fur et à mesure. Mais j’insiste beaucoup sur le besoin d’autonomie que j’ai. C’est un peu paradoxal, mais je tiens à ma liberté. Je pars donc avec ma toile de tente, mon réchaud. Une fois que j’aurais passé les grands cols des Alpes, ce sera plus simple de pouvoir camper, un petit peu où je voudrai, même chez l’habitant, sur un coin de pelouse… Pour manger, le soir, ce sera chez l’habitant ou au restaurant : un repas complet à base de féculents, de protéines… Il faut être très vigilant là-dessus.Patricia entourée de son équipe de bénévoles. © Nils Louna – placegrenet.fr
Quand rentrez-vous ?
Au plus tard, début septembre.© Jacques-Marie Francillon
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