PORTRAIT INTERACTIF – Le calme après la tempête. Durant les secousses qu’a connues dernièrement la droite grenobloise pour désigner sa tête de liste, Matthieu Chamussy a évité les excès de langage pour ne pas ajouter de tensions à la désunion. L’entente désormais retrouvée, le candidat de la droite (UMP-UDI), au tempérament prudent et mesuré, espère créer la surprise le 23 mars prochain, face à des gauches désunies, mais pas irréconciliables.
Les municipales : un scrutin de listes mais un bulletin de cœur. Plus qu’une équipe, c’est surtout le nom d’un maire qui sera glissé dans l’urne les 23 et 30 mars prochains. Place Gre’net vous fait découvrir un candidat chaque dimanche jusqu’au premier tour. Son parcours politique, mais aussi ses attaches personnelles et son tempérament pour faire votre choix avec conscience et conviction.
Passez votre souris sur l’image et cliquez sur les vignettes pour les animer. Photo : Véronique Serre / Interactivité : Victor Guilbert © placegrenet.frPlace Jean Achard. Contrairement aux jours de visites de soutien de François Fillon, Jean-François Copé et Bruno Le Maire, le local de campagne de Matthieu Chamussy paraît bien vide en ce matin pluvieux. Dans son agenda ce jour-là, aucun représentant national de l’UMP à accueillir pour porter sa candidature. Tout juste, dans la soirée, une réunion de présentation de son projet dans le quartier Alliés qu’il a privilégiée au deuxième débat public de Place Gre’net et du Club de la presse. Une absence qui a suscité l’indignation des candidats de la gauche : le socialiste Jérôme Safar et l’écologiste Eric Piolle. Ce d’autant plus qu’il s’est fait représenter par le numéro 9 de sa liste, Alain Carignon. Réponses brèves et pudeur naturelle. Matthieu Chamussy se confie peu. « S’il reste discret sur son parcours et sa vie personnelle, il se montre nettement plus loquace dès qu’il s’agit de politique », relativise un de ses colistiers. « Une famille catho de gauche » La politique, il a baigné dedans depuis l’enfance. Mais pas dans le courant qu’il souhaite porter à la tête de la ville où il a grandi. « À la maison, il y avait toutes les gauches représentées. Ma famille est plutôt « catho de gauche », mais mon frère est passé par tous les partis d’extrême gauche ». De quoi animer les repas de famille. « Je m’en sors bien parce qu’en général ils passent plus de temps à se taper dessus mutuellement plutôt que sur moi ». Au collège, le jeune Matthieu affine son positionnement politique. « J’avais déjà une passion pour l’histoire. Je me souviens avoir fait un exposé sur Pierre Mendès-France quelques semaines après sa mort. J’ai ensuite découvert le parcours du Général de Gaulle. C’est ce qui m’a engagé dans cette voie-là ». Sa ligne politique est, depuis, restée invariable. Après avoir parcouru l’Europe en train – un continent qu’il considère aujourd’hui comme « notre destinée » et dont il s’emploie à faire découvrir chaque année une nouvelle ville à ses trois enfants – il s’engage dans le scoutisme français en encadrant les activités des plus jeunes. « Ce mouvement véhicule des valeurs fortes et saines. C’est important, surtout dans le monde actuel. Je suis heureux que mes enfants y soient engagés à leur tour aujourd’hui. » « Un costume trop grand pour lui » Gaulliste depuis son adolescence, c’est naturellement qu’il passe du militantisme à une carrière politique. À 21 ans, il devient assistant parlementaire du député Richard Cazenave, aujourd’hui en troisième position de sa liste. Il occupera ce poste durant sept ans. Il décroche son premier mandat en 1998 à la région Rhône-Alpes et occupe, en parallèle, la fonction de secrétaire départemental du RPR en Isère. Quand Charles Millon, alors président de l’assemblée régionale, fait alliance avec le Front national pour conserver la majorité en Rhône-Alpes, Matthieu Chamussy constitue par opposition un nouveau groupe politique avec quatre autres élus régionaux. Aujourd’hui encore à Grenoble, il écarte toute alliance avec le parti d’extrême droite, malgré les mains tendues de ce dernier. Depuis 2001, il est conseiller municipal d’opposition à Grenoble et conseiller communautaire de la Métro depuis 2009. « Une opposition rigide », juge un adjoint de la majorité, pour qui « Matthieu Chamussy ne sait pas s’arrêter avant l’outrage. Son attitude peut le desservir ». Ce n’est qu’en 2012 qu’il prend la présidence du groupe politique de droite au conseil municipal de Grenoble, succédant à l’absentéiste Fabien de Sans Nicolas. « Matthieu Chamussy a voulu apparaître comme le leader légitime de la droite grenobloise, mais le costume est trop grand pour lui. Il n’a ni le charisme, ni la volonté de victoire », tacle un membre de sa famille politique. « C’est ce qu’on disait de Gérard Collomb, Bertrand Delanoë et Alain Carignon avant qu’ils ne soient élus maires », répond l’intéressé. Alors, l’activité politique, une carrière à plein temps et pour la vie ? Le candidat dilue sa réponse. « Je n’ai pas de boule de cristal, mais le mandat de maire est une activité pleine et entière. Les enjeux sont suffisamment considérables. C’est la raison pour laquelle je m’oppose au cumul des mandats, y compris contre certains de ma famille politique ». Faute de réélection à la région en 2004, il a d’ailleurs créé la même année son activité de conseil en communication de crise, « le troisième temps de (sa) vie professionnelle ».
Passez votre souris sur l’image et cliquez sur les vignettes pour les animer. Photo : Véronique Serre / Interactivité : Victor Guilbert © placegrenet.fr« Le chêne et le roseau » L’année 2013 lui a permis de mettre en pratique ses connaissances en la matière. Embourbé dans le chaos de la primaire de la droite grenobloise, annulée puis avortée en raison de désaccords internes sur le mode de scrutin ; contraint par les instances parisiennes de l’UMP à réaliser une liste d’union avec Alain Carignon, dont les partisans s’activent pourtant à le décrédibiliser, Matthieu Chamussy, de nature obstinée, n’a rien lâché. « Comme dans la fable de La Fontaine, je suis le roseau qui s’oppose au chêne. Je suis flexible mais je ne romps pas ! J’ai le sens du compromis, mais on ne m’oblige pas à faire ce que je ne veux pas », conclut la tête de liste. Victor Guilbert