PORTRAIT – Du dessin aux installations, en passant par la photographie, la galerie associative Alter-Art expose tout au long de l’année des œuvres d’artistes grenoblois. Rencontre avec Geneviève Charlotte, jeune retraitée férue d’art qui anime cet espace avec d’autres bénévoles.
Une petite dame, au fond de la galerie, écoute Bob Dylan en lisant. C’est Geneviève, une passionnée d’art qui accueille toujours les visiteurs avec le sourire. La soixantaine, cheveux courts et lunettes rectangulaires sur le nez, elle présente avec habilité et bonne humeur les œuvres exposées. Geneviève Charlotte est une des bénévoles de l’association Alter-Art, qui se propose, en organisant des expositions, mais aussi des rencontres, de faire découvrir des artistes contemporains, pour la plupart grenoblois. L’ancien garage réaménagé, blanc immaculé, est ici devenu une galerie d’art associative. Une transformation décidée en 2009 par Gérard Vandôme, le propriétaire des lieux au 75 rue de Saint-Laurent, sur la rive droite de l’Isère, dans l’un des plus anciens quartiers de Grenoble. Partager sa passion A 64 ans, la jeune grand-mère tient à partager sa passion avec qui veut bien s’attarder un peu dans la galerie. Elle martèle que « cette démarche de sensibilisation est nécessaire ». Une conviction qu’elle met chaque jour en pratique. Certes, le cadre commercial peut inquiéter car « les gens pensent que l’on va les forcer à acheter ». Alors Geneviève convie les curieux qui jettent un œil depuis la porte. Elle accoste les passants, leur parle des œuvres, les présente avec pédagogie. Les visiteurs indécis s’attardent alors, captivés par ses explications. Une sensibilisation à l’art qu’elle met également en pratique avec ses petits-enfants : « J’aime les emmener aux expositions à Lyon et Paris et, bien sûr, au Musée de Grenoble. » Mais si elle apprécie de partager ses connaissances, Geneviève assure aussi s’enrichir énormément des rencontres qu’elle fait : visiteurs, professionnels, artistes… Grenobloise d’adoption depuis 45 ans, elle connaît bien le quartier et vit non loin de la galerie. Un homme en long manteau passe, la salue : « Lui, c’est un des prof des Beaux-arts ». Geneviève participe également au petit comité qui choisit les artistes. Au total, près de soixante demandes pour une dizaine d’expositions par an. Les places sont chères. Seuls les meilleurs sont retenus. Et que ce soit en photographies, dessins ou peintures, la galeriste défend ses choix avec ferveur. Très impliquée, elle ne rechigne pas non plus à mettre en place les expositions, quelle que soit l’ampleur de la tâche. Quitte à accrocher une série de 402 dessins, comme elle l’a récemment fait pour un artiste. « Au bout d’un moment, les 1206 épingles font un peu mal aux doigts » s’amuse-t-elle, toujours en souriant. Du contemporain à l’art classique Geneviève aime l’art. Et le pratique. Depuis vingt-cinq ans, elle fréquente les cours du soir des Beaux-arts. Des cours qu’elle a commencé à suivre lorsqu’elle était assistante sociale. Mais sa découverte de l’art remonte à 1968, lors de son arrivée à Grenoble. A l’époque, « on parlait de socio-cul pour culturel » se souvient-elle. Une autre époque. Cette année, elle a eu de gros coups de cœur à la Biennale d’art contemporain de Lyon qu’elle fréquente régulièrement depuis 1991. « J’ai commencé par l’art contemporain, pour ensuite remonter vers les arts plus classiques » précise cette amatrice au parcours atypique qui s’intéresse à tout et n’hésite pas à se montrer critique quand elle n’aime pas. Ce qu’apprécie surtout Geneviève, ce sont les émotions que lui font ressentir certaines œuvres contemporaines. « Quand je me sens pas bien, je vais voir une expo », confie-t-elle. Une forme de thérapie. Jean-Baptiste AuducAlter-Art, l’art autrement Alter-Art, les expositions rivalisent d’originalité. Il y a peu, étaient présentées les œuvres de la plasticienne Anne de Beaufort. Une installation composées de bocaux remplis d’eau de l’Isère. Puis ont suivi les dessins à l’encre d’Evelyne Postic : de grandes toiles où les formes se mélangent, avec des visages vaudous composés de fleurs, d’arbres et de pierres. La galerie expose désormais jusqu’au 22 décembre les œuvres d’artistes grenoblois membres de l’association Alter-Art.A