Grenoble est la ville la plus accessible de France. Un long chemin parcouru depuis une trentaine d’années. Pourtant, il reste encore beaucoup à faire, à en croire l’Association des paralysés de France (APF) de l’Isère. Tour d’horizon des derniers points noirs de la ville en matière d’accessibilité.
En 2013, Grenoble a été classée en tête des villes les plus accessibles de France. Le palmarès 2014 ne sera disponible que dans plusieurs mois mais l’évaluation de la ville a dores et déjà été réalisée par l’APF et par la mairie. Et l’association nous a confié ce qu’elle y a mentionné.
Premier point positif : la volonté politique de travailler de concert avec les associations. « On nous écoute. On a de la place, une capacité de propositions, ce qui est un très bon point pour Grenoble, comparé à certaines villes où la communication est peut-être moins facile » estime Sarah Dujardin, attachée de délégation à l’APF Isère. Une concertation qui porte ses fruits, notamment sur les quais Saint-Laurent, où les pavés initialement prévus ont été remplacés par un sol plus lisse et donc plus praticable pour les personnes en fauteuil roulant.
Les efforts faits par les commerçants sont également salués par l’association. Même si la situation diffère suivant les quartiers, de gros efforts sont entrepris pour rendre les commerces accessibles. La légère élévation des trottoirs sur le cours Jean-Jaurès a ainsi permis de supprimer la marche d’une vingtaine de centimètres qui séparait la voie publique et les commerces. De quoi les rendre accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Même les commerces du vieux centre font des efforts. « Je connais une librairie dans le centre ville, trop petite pour envisager une mise en accessibilité. Le gérant répond au problème en essayant de se déplacer auprès des personnes à mobilité réduite qui ne peuvent accéder à sa boutique quand il le peut. »
Malgré cette bonne volonté générale, certains commerces continuent à poser problème : « Nous signalons régulièrement des problèmes d’accessibilité à l’entrée du magasin Minelli. Les travaux qu’ils ont entrepris les obligeaient à rendre leur local accessible mais ils ont refusé de le faire » regrette l’attachée de délégation. « La décision d’engager des travaux de mise en accessibilité n’est pas de notre ressort, mais de celle du groupe », explique pour sa part la directrice-adjointe du magasin. « Nous avons fait remonter l’information à plusieurs reprises mais rien ne bouge. »
Quant aux transports, ils représentent toujours le point fort de la ville en matière d’accessibilité, toutes les lignes de bus et de tram étant accessibles. Il n’en va cependant pas de même pour le réseau Transisère, dont les véhicules restent mal adaptés, selon Sarah Dujardin. Des travaux sont toutefois en cours pour améliorer la situation.
L’attachée de délégation déplore également le fait que « les chauffeurs de bus du réseau TAG (Transports de l’agglomération grenobloise, ndlr) ont également reçu pour ordre de ne plus ouvrir systématiquement les portes, ce qui peut être compliqué pour quelqu’un qui ne peut pas appuyer sur le bouton d’ouverture ».
Peu d’écoles et de cabinets médicaux accessibles
Mais le véritable point noir, ce sont les établissements publics de la ville. En effet, seul 42% d’entre eux ont fait le nécessaire en terme d’accessibilité. Et, parmi eux, encore trop peu d’écoles, puisqu’un seul établissement scolaire par secteur est pour l’instant accessible. Les piscines municipales sont également pointées du doigt. « Énormément de travaux d’accessibilité sont prévus et, même s’ils ne sont pas encore effectifs, nous avons une tolérance car les travaux pour ce genre de structures sont extrêmement lourds » précise toutefois Sarah Dujardin.
L’offre de soins pour les personnes à mobilité réduite est également à revoir. Très peu de cabinets médicaux sont accessibles, si bien que l’attachée de délégation conclut : « si l’on est en fauteuil et que l’on est malade, on ne peut pas avoir de médecin ». Les praticiens à domicile se font également de moins en moins nombreux, ce qui raréfie encore l’offre de soins pour les personnes en situation de handicap.
Cependant, malgré ces problèmes, Sarah Dujardin considère Grenoble comme « une ville dans laquelle il est facile d’évoluer ». Surtout si l’on compare à d’autres villes « qui commencent seulement maintenant un chantier initié chez nous il y a près de 30 ans ». La capitale des Alpes devrait donc rester dans le peloton de tête dans les années à venir.
Valentin Dizier
« Un problème de civisme » « Il m’est déjà arrivé de devoir laisser passer trois bus parce qu’ils étaient tous pleins » déclare Sophie, handicapée moteur. Les transports en commun ont donc beau être accessibles sur le papier, en pratique, cela dépend du bon vouloir des gens, poursuit la jeune fille qui tempère : « 95% des conducteurs de bus sont adorables mais certains ont juste l’air de ne rien en avoir à faire de nous ». Emmanuel, un ami de Sophie, déficient visuel, partage ce point de vue. « Le problème, c’est surtout le civisme, et ça aucune innovation n’y changera rien ».Cliquez ici pour voir la frise en plein écran A lire aussi sur Place Gre’net : « Il reste énormément à faire »