Une équipe grenobloise met en évidence le rôle central d’une protéine dans la réorganisation du génome lors de la différenciation des spermatozoïdes, décodage d'une étape essentielle dans le cycle de la vie

Décodage d’une étape essen­tielle du cycle de la vie

Décodage d’une étape essen­tielle du cycle de la vie

Une équipe gre­no­bloise met en évi­dence le rôle cen­tral d’une pro­téine6, décou­verte il y a plus de 40 ans, dans l’étonnante réor­ga­ni­sa­tion du génome1 lors de la dif­fé­ren­cia­tion des sper­ma­to­zoïdes. Ni plus ni moins le déco­dage d’une étape essen­tielle dans le cycle de la vie.

Saadi Kohchbin chercheur à l'Institut Albert Bonniot de Grenoble.

Saadi Khochbin cher­cheur à l’Institut Albert Bonniot de Grenoble.

La sper­ma­to­gé­nèse2 s’accompagne d’une réor­ga­ni­sa­tion struc­tu­rale consi­dé­rable du maté­riel géné­tique contenu dans le noyau cel­lu­laire. Cette réor­ga­ni­sa­tion conduit, entre autres, au com­pac­tage de l’ADN3 ren­dant celui-ci beau­coup plus résis­tant. Une condi­tion essen­tielle pour la sau­ve­garde de son inté­grité au cours du « voyage à haut risque » condui­sant les sper­ma­to­zoïdes de l’organisme mâle jusqu’au lieu de fécon­da­tion dans l’organisme femelle.
Saadi Khochbin de l’Institut Albert Bonniot à Grenoble-La Tronche et ses col­la­bo­ra­teurs ont démon­tré que ce pro­ces­sus com­plexe de com­pac­tage est contrôlé par une pro­téine par­ti­cu­lière : l’histone4 TH2B. Cette décou­verte repré­sente une avan­cée très impor­tante dans notre com­pré­hen­sion des pro­ces­sus fon­da­men­taux qui régissent le fonc­tion­ne­ment du vivant. C’est d’ailleurs cet objec­tif-là qui guide tout le tra­vail de ce cher­cheur. Un credo clai­re­ment affirmé au début de notre entre­tien, même si, bien-sûr, il ne tient pas du tout pour négli­geables les retom­bées plus concrètes, cli­niques, voire thé­ra­peu­tiques que pour­raient pro­duire les résul­tats de cette recherche très fondamentale.
Avoir des gènes5, c’est bien, les expri­mer avec per­ti­nence, c’est mieux !

Une équipe grenobloise met en évidence le rôle central d’une protéine dans la réorganisation du génome lors de la différenciation des spermatozoïdes, décodage d'une étape essentielle dans le cycle de la vie

Chromatin

En l’espace de quelques décen­nies, notre com­pré­hen­sion du fonc­tion­ne­ment du vivant a for­mi­da­ble­ment pro­gressé. Mais comme tou­jours en sciences, toute nou­velle décou­verte élar­git le champ des ques­tions à explo­rer. Si nous pos­sé­dons désor­mais une connais­sance assez appro­fon­die des méca­nismes molé­cu­laires condui­sant d’un gène5 à une pro­téine6, beau­coup reste à faire pour com­prendre com­ment l’expression de ces gènes est régulée.
En effet, les quelque 30 000 gènes5 (le nombre est en débat actuel­le­ment) pré­sents chez l’homme ou chez la sou­ris ne sont pas consti­tu­ti­ve­ment et conti­nuel­le­ment expri­més dans chaque cel­lule. Ils sont hau­te­ment régu­lés : ils ne s’expriment pas n’importe quand, ni en n’importe quelle quan­tité. Nous com­men­çons à connaître quelques-uns de ces méca­nismes de régu­la­tion. Il n’entre évi­dem­ment pas dans mon pro­pos de détailler plus avant ici l’état des connais­sances dans ce vaste domaine. Nous allons nous concen­trer sur l’un des méca­nismes régu­la­teurs sélec­tionné par l’évolution et qui consiste pour la cel­lule euca­ryote7 à jouer sur le com­pac­tage de son ADN3 pour modu­ler son expression.
Saadi Khochbin nous rap­pelle que « dans le noyau des cel­lules, le génome1 (l’ADN por­tant l’ensemble de nos gènes, en orange sur le schéma ci-des­sus) s’organise grâce aux pro­téines par­ti­cu­lières nom­mées his­tone4 (en bleu et rouge sur le schéma). Les his­tones et l’ADN qui leur est asso­cié forment l’unité de base d’une struc­ture appe­lée « nucléo­some» (petits cylindres bleus entou­rés d’orange). La suc­ces­sion des nucléo­somes consti­tue la chro­ma­tine9. L’organisation locale et glo­bale de la chro­ma­tine repré­sente un élé­ment impor­tant dans le contrôle de l’expression des gènes. » Pour que l’ADN puisse s’exprimer lors du pro­ces­sus de trans­crip­tion10, il doit être acces­sible à de très nom­breux facteurs.
De plus, cette acces­si­bi­lité implique son décom­pac­tage, essen­tiel­le­ment en modi­fiant l’interaction entre les Histones et l’ADN. Comprendre le ou les méca­nismes com­plexes et sub­tils impli­qués dans ce pro­ces­sus de com­pac­tage-décom­pac­tage de l’ADN nucléaire repré­sente une étape essen­tielle dans notre com­pré­hen­sion du fonc­tion­ne­ment du vivant.
La sper­ma­to­gé­nèse2 chez la sou­ris : un excellent modèle molé­cu­laire pour l’étude du génome1

Une équipe grenobloise met en évidence le rôle central d’une protéine dans la réorganisation du génome lors de la différenciation des spermatozoïdes, décodage d'une étape essentielle dans le cycle de la vie

Spermatide au cours de l’en­lè­ve­ment des histones.

Pour toute étude spé­ci­fique d’un phé­no­mène bio­lo­gique, il est essen­tiel de pos­sé­der un bon modèle. Dans le cas des pro­ces­sus molé­cu­laires impli­qués dans les modi­fi­ca­tions struc­tu­rales et fonc­tion­nelles de la chro­ma­tine9, la sper­ma­to­gé­nèse2 appa­raît comme l’un de ces modèles d’étude par­ti­cu­liè­re­ment appro­priés. En effet, les dif­fé­rentes étapes de ce pro­ces­sus sont très docu­men­tées, notam­ment chez la sou­ris, qui est en outre le modèle ani­mal pri­vi­lé­gié et très per­for­mant pour ce genre d’études. A titre d’illustration, les pho­tos ci-contre pré­sentent deux cli­chés de micro­sco­pie élec­tro­nique mon­trant les chan­ge­ments struc­tu­raux d’un sper­ma­tide (cel­lule pré­cur­seur du sper­ma­to­zoïde) lorsqu’on enlève expé­ri­men­ta­le­ment des his­tones4.
Une équipe grenobloise met en évidence le rôle central d’une protéine dans la réorganisation du génome lors de la différenciation des spermatozoïdes, décodage d'une étape essentielle dans le cycle de la vie

Spermatide après enlè­ve­ment des histones.

Au cours de la sper­ma­to­gé­nèse2, les cel­lule souches vont suc­ces­si­ve­ment se dif­fé­ren­cier en d’autres types de cel­lules : sper­ma­to­go­nies, sper­ma­to­cytes, sper­ma­tides et enfin sper­ma­to­zoïdes matures. Au cours de ces trans­for­ma­tions, le génome1 va subir des modi­fi­ca­tions considérables :
- la cel­lule va réduire de moi­tié son stock de chro­mo­somes. (voir13)
- La chro­ma­tine9 va subir des rema­nie­ments de très grande ampleur. Sa struc­ture typique en nucléo­somes8 va dis­pa­raître, les his­tones4 vont être chi­mi­que­ment modi­fiées, puis vont dis­pa­raître à leur tour, lais­sant place à des variants de celles-ci. Ces der­niers vont céder la place à de nou­velles pro­téines, dites pro­téines de tran­si­tions14, bien­tôt sui­vies, dans les sper­ma­tides conden­sées, de l’accumulation d’une autre classe de pro­téines, les pro­ta­mines15.
Ces modi­fi­ca­tions de la chro­ma­tine9 consti­tuent une carac­té­ris­tique unique dans le monde des cel­lules euca­ryotes7, à savoir la méta­mor­phose de l’organisation uni­ver­selle en nucléo­somes8 de la chro­ma­tine9, en une nou­velle struc­ture abso­lu­ment dif­fé­rente, très conden­sée asso­ciant l’ADN à des pro­téines non-histones.
Tous ces pro­ces­sus conduisent à la mise en place d’un génome struc­tu­ra­le­ment tota­le­ment réor­ga­nisé dans le noyau du sper­ma­to­zoïde, cel­lule hau­te­ment spé­cia­li­sée et dif­fé­ren­ciée. Cette cel­lule a acquis la capa­cité remar­quable de quit­ter l’organisme pater­nel, et de sur­vivre hors de celui-ci, ce qu’aucune autre cel­lule euca­ryote7 n’est capable de faire, à l’exception des cel­lules cancéreuses.
Cette ana­lo­gie frap­pante entre cel­lules repro­duc­trices et cel­lules can­cé­reuses est un autre sujet qui pas­sionne Saadi Khochbin, et dont je dirai un mot en fin de cet article. Les tra­vaux rap­por­tés ici, tout à fait fas­ci­nants, ouvrent des pers­pec­tives de recherche qui le sont tout autant.
Les résul­tats essen­tiels de cette recherche
La réor­ga­ni­sa­tion du génome au cours de la sper­ma­to­gé­nèse2 a été ample­ment décrite dans la lit­té­ra­ture scien­ti­fique. Cependant, la base molé­cu­laire de ces chan­ge­ments, abso­lu­ment cru­ciaux dans le cycle de la vie, nous demeure encore majo­ri­tai­re­ment incon­nue. Comme le sou­ligne Saadi Khochbin, on peut résu­mer la pro­blé­ma­tique en deux ques­tions clés :
  1. Quels sont les méca­nismes molé­cu­laires à l’origine de la consi­dé­rable réor­ga­ni­sa­tion de la chro­ma­tine? Plus pré­ci­sé­ment, quels sont les déter­mi­nants molé­cu­laires res­pon­sables de la désa­gré­ga­tion par­tielle ou totale des nucléo­somes8 et de l’incorporation séquen­tielle sub­sé­quente de nou­velles his­tones4, de pro­téines de tran­si­tions14, puis de pro­ta­mines15 dans la chro­ma­tine9 ?

  2. Quelles sont les fonc­tions des his­tones variantes4 syn­thé­ti­sées et incor­po­rées dans la chro­ma­tine à dif­fé­rents stades de la dif­fé­ren­cia­tion cellulaire ?

En uti­li­sant des tech­niques de bio­lo­gie molé­cu­laire, de pointe, voire inédites, les expé­riences réa­li­sées par l’équipe gre­no­bloise, en col­la­bo­ra­tion avec d’autres équipes fran­çaises, chi­noises et amé­ri­caines, ont per­mis de répondre à cer­taines de ces ques­tions, et incon­tes­ta­ble­ment de faire pro­gres­ser nos connais­sances dans ce domaine de la restruc­tu­ra­tion et du fonc­tion­ne­ment du génome.
Une équipe grenobloise met en évidence le rôle central d’une protéine dans la réorganisation du génome lors de la différenciation des spermatozoïdes, décodage d'une étape essentielle dans le cycle de la vie

L’Institut Albert Bonniot à Grenoble.

Ils ont clai­re­ment démontré :
  • qu’au cours de la sper­ma­to­gé­nèse, avant la tran­si­tion nucléo­somes8→ pro­ta­mines15, l’histone variant TH2B rem­place l’histone « clas­sique » H2B, pra­ti­que­ment tota­le­ment et sur l’ensemble du génome. Cette pro­priété dif­fé­ren­cie TH2B des autres variants d’histones 4 qui ne rem­placent qu’une par­tie des his­tones « clas­siques » et sur des régions spé­ci­fiques du génome.
  • Par modi­fi­ca­tion géné­tique, les cher­cheurs ont pu obte­nir une souche de sou­ris pro­dui­sant une his­tone TH2B modi­fiée et une autre souche tota­le­ment dépour­vue de ce variant. Par cette approche expé­ri­men­tale sophis­ti­quée, ils ont pu pré­ci­ser la fonc­tion de ce variant TH2B. Celui-ci appa­raît occu­per un rôle cen­tral dans le contrôle des para­mètres impli­qués dans la sta­bi­lité des nucléo­somes8. Il semble que ce soit sous l’influence de TH2B que les nucléo­somes se trans­forment en une « entité inter­mé­diaire », préa­lable indis­pen­sable à l’assemblage ulté­rieur des pro­téines de tran­si­tions14 et des pro­ta­mines15.
  • Ce tra­vail met éga­le­ment en évi­dence deux autres rôles impor­tants de l’histone TH2B. Ce variant joue un rôle dans la coor­di­na­tion de l’expression des gènes de l’histone H2B, ainsi que dans cer­tains pro­ces­sus de modi­fi­ca­tion chi­mique des pro­téines his­tones après qu’elles aient été tra­duites11/16.

  • Tous ces résul­tats démontrent donc clai­re­ment la place cen­trale occu­pée par la pro­téine TH2B lors de la sper­ma­to­gé­nèse. Il était par consé­quent logique d’imaginer qu’une sou­ris, géné­ti­que­ment modi­fiée de telle façon qu’elle ne puisse plus syn­thé­ti­ser TH2B, soit dans l’incapacité de pro­duire des sper­ma­to­zoïdes nor­maux, et que ces lignées soient sté­riles. Or, quel ne fut pas l’étonnement de Saadi Khochbin et de son équipe de consta­ter « qu’il n’en était rien, et que spermatozoÏdes et embryons ont un déve­lop­pe­ment nor­mal, en absence de toute trace du variant TH2B. Et le cher­cheur de rajou­ter : « Nous étions là devant une contra­dic­tion appa­rem­ment inso­luble ». Cette contra­dic­tion a été levée lorsque les cher­cheurs ont mis en évi­dence un phé­no­mène tout à fait remar­quable : en l’absence de TH2B, la cel­lule va mettre en place une espèce « d’issue de secours », un nou­veau méca­nisme molé­cu­laire ayant pour consé­quence une aug­men­ta­tion impor­tante de la modi­fi­ca­tion chi­mique post-tra­duc­tion­nelle16 des his­tones nucléo­so­males H2B, H3, H4, un méca­nisme capable de « rem­pla­cer fonc­tion­nel­le­ment TH2B ». En effet, ces modi­fi­ca­tions vont entraî­ner la désta­bi­li­sa­tion des nucléo­somes, exac­te­ment comme le fai­sait TH2B.

  • Enfin der­nier résul­tat de cette étude et non des moindres, les cher­cheurs ont observé qu’après la fer­ti­li­sa­tion, le génome mâle va subir une modi­fi­ca­tion inverse de celle qui avait été la sienne lors de la sper­ma­to­gé­nèse. Les pro­ta­mines, vont céder leur place aux his­tones « clas­siques ». L’équipe de Saadi Khochbin a pu mon­trer, d’une part , que pen­dant ce pro­ces­sus le variant TH2B est non seule­ment pré­sent dans l’ovule mais que, d’autre part, il s’associe au génome mâle venant de s’introduire dans celui-ci. Ayant démon­tré le rôle essen­tiel joué par le variant TH2B dans les modi­fi­ca­tions de la struc­ture nucléo­so­male du génome lors de la sper­ma­to­gé­nèse, il est tout à fait conce­vable d’i­ma­gi­ner que pen­dant l’ovogénèse et dans les toutes pre­mières étapes du déve­lop­pe­ment embryon­naire, un moment où le génome requiert aussi une très grande plas­ti­cité, le variant TH2B joue à nou­veau un rôle cen­tral dans le pro­ces­sus de désta­bi­li­sa­tion de la chro­ma­tine. La démons­tra­tion expé­ri­men­tale de la réa­lité de ce phé­no­mène consti­tuera à n’en pas dou­ter un des axes des pro­chaines recherches de l’équipe grenobloise.
Un lien pos­sible avec le cancer

Cellule cancéreuse du poumon © Anne Weston LRI-CRUK Wellcome-Images

Cellule can­cé­reuse du pou­mon © Anne Weston LRI-CRUK Wellcome-Images

Dans un pré­cé­dent article de Patricia Cerincek paru dans « Place Gre’Net », Saadi Khochbin et Sophie Rousseaux rap­por­taient une décou­verte remar­quable réa­li­sée par leur équipe. On sait que lorsqu’une cel­lule nor­male se trans­forme en cel­lule can­cé­reuse, un cer­tain nombre de gènes, nor­ma­le­ment silen­cieux, c’est-à-dire qui ne s’expriment pas, « se réveillent ». Mais de quels gènes s’agit-il parmi les quelque 30 000 poten­tiel­le­ment expri­mables ? Trouver les bons gènes relève dès lors de la gageure.
Cette dif­fi­culté a pu être sur­mon­tée parce que les cher­cheurs ont su éta­blir un lien de simi­li­tude fonc­tion­nelle, une cor­ré­la­tion entre cel­lules can­cé­reuses et sper­ma­to­zoïdes : de toutes les cel­lules de l’organisme, ces deux types de cel­lules-là par­tagent une pro­priété com­mune, à savoir leur capa­cité à quit­ter un endroit de l’organisme pour migrer et s’installer dans un autre. Le sper­ma­to­zoïde va migrer du tes­ti­cule vers le lieu de fer­ti­li­sa­tion chez la femelle, et la cel­lule tumo­rale va quit­ter un organe quel­conque où elle est appa­rue pour se déve­lop­per dans un autre, via le pro­ces­sus de métastase.
Très logi­que­ment, les scien­ti­fiques ont alors recher­ché des gènes spé­ci­fiques du sper­ma­to­zoïde dans les cel­lules can­cé­reuses. Ils en ont effec­ti­ve­ment trouvé plu­sieurs dizaines, dont 26 asso­ciés à des tumeurs très agres­sives. Pour plus de détails, je ren­voie le lec­teur à l’article de Patricia Cerinsek. Il devient, dès lors, très inté­res­sant et tout à fait per­ti­nent de se deman­der si l’histone TH2B, qui joue un rôle si essen­tiel dans la réor­ga­ni­sa­tion du génome du sper­ma­to­zoïde, pour le pré­pa­rer à migrer hors de l’organisme mâle, pour­rait être reliée au pro­ces­sus de trans­for­ma­tion maligne et/ou à son niveau d’agressivité. Nul doute que l’équipe de Saadi Khochbin ten­tera bien­tôt de répondre à cette question.
Patrick Seyer
GLOSSAIRE
  1. Génome : ensemble du maté­riel géné­tique d’un individu.

  2. Spermatogénèse : ensemble des pro­ces­sus cel­lu­laires condui­sant des cel­lules souches au sper­ma­to­zoïde mature.

  3. ADN : acide Désoxyribonucléique. Macromolécule bio­lo­gique com­po­sée de 4 désoxy­ri­bo­nu­cléo­tides, eux-mêmes for­més d’un sucre, (le désoxy­ri­bose) d’une base azo­tée et d’un grou­pe­ment phos­phate. Les 4 nucléo­tides dif­fèrent par la nature de leur base azo­tée : Adénine (A), Thymine (T),Guanine (G), Cytosine ©. Dans l’ADN, un très grand nombre de nucléo­tides sont chi­mi­que­ment reliés les uns aux autres. La suc­ces­sion linéaire des nucléo­tides est encore appe­lée séquence nucléo­ti­dique. Par com­mo­dité, on repré­sente chaque nucléo­tide par l’initiale de la base qui le com­pose, par exemple ‑A-T-G-G-A-C-A-T-C-C-T-A- etc. Mais la molé­cule d’ADN, telle qu’elle existe dans la cel­lule, est encore plus com­plexe. En effet, à cette pre­mière séquence, à ce pre­mier brin d’ADN, vient s’associer, se « col­ler » en quelque sorte une seconde séquence, ou brin com­plé­men­taire. Cette asso­cia­tion est régie par des affi­ni­tés chi­miques entre les bases, A pou­vant s’associer à T, et G à C. Ainsi, à la séquence ci-des­sus ‑A-T-G-G-A-C-A-T-C-C-T-A- cor­res­pon­dra la séquence com­plé­men­taire ‑T-A-C-C-T-G-T-A-G-G-A-T-. La molé­cule d’ADN est donc for­mée de deux brins com­plé­men­taires. La véri­table struc­ture de notre petite séquence d’ADN sera donc :

-A-T- G‑G-A-C-A-T- C‑C- T- A-
-T- A‑C- C‑T- G‑T-A-G-G-A- T
On sait en outre, depuis les années 50, que ces deux brins s’enroulent l’un autour de l’autre en une double hélice. L’ADN pré­sent dans toutes les cel­lules vivantes est le sup­port chi­mique ren­fer­mant l’information néces­saire au fonc­tion­ne­ment et au déve­lop­pe­ment des orga­nismes vivants et per­met­tant la trans­mis­sion (et la varia­tion) des carac­tères héré­di­taires. Par une suc­ces­sion de méca­nismes extrê­me­ment com­plexes (trans­crip­tion10, tra­duc­tion11), cette macro­mo­lé­cule va ser­vir de matrice ini­tiale pour la pro­duc­tion d’un autre acide nucléique, un ARN12 (ici un ARN mes­sa­ger), lui-même ser­vant de matrice pour pro­duire une pro­téine6.
  1. Histones : ce sont des pro­téines6 très riches en acides ami­nés (voir 6) basiques. Elles sont situées dans le noyau cel­lu­laire. Très étroi­te­ment liées à l’ADN 3, elles consti­tuent avec celui-ci une struc­ture com­plexe appe­lée chro­ma­tine9. Il y a cinq his­tones majeures ou conven­tion­nelles : H1, H2A, H2B, H3 et H4. Chaque classe, sauf H4, com­prend plu­sieurs sous-types, dont cer­tains sont appe­lés variants, H2AZ par exemple. TH2B est un variant de H2B.

  2. Gène : por­tion de la molé­cule d’ADN qui spé­ci­fie une pro­téine6. Notons que le pro­duit ultime exprimé par un gène peut aussi être un acide nucléique, un ARN12 (ARN ribo­so­mique par exemple).

  3. Protéine : macro­mo­lé­cule bio­lo­gique com­po­sée d’une suc­ces­sion de petites molé­cules appe­lées acides ami­nés, reliés en longues chaines par des liai­sons chi­miques fortes. Il y a 22 acides ami­nés dif­fé­rents. Ils sont clas­sés selon leur nature et leurs pro­prié­tés chi­miques en diverses caté­go­ries : acides, basiques, polaires, etc . Une pro­téine est com­po­sée de plu­sieurs cen­taines d’acides ami­nés. L’agencement des acides ami­nés dans une pro­téine est spé­ci­fié par la séquence des nucléo­tides sur l’ARN mes­sa­ger (voir 11), lui-même spé­ci­fié par la séquence d’ADN d’où il a été trans­crit (voir10). L’ensemble des règles qui régissent le trans­fert de l’information de l’ADN vers les pro­téines via les ARN mes­sa­gers s’appelle le code génétique.Les pro­téines peuvent être ran­gées en diverses grandes caté­go­ries : les pro­téines néces­saires à l’entretien et au fonc­tion­ne­ment « banal » de la cel­lule, encore appe­lées « pro­téines de ménage », et les pro­téines dites « de luxe » qui ne sont pas indis­pen­sables à la cel­lule mais qui vont être utiles à d’autres cel­lules de l’organisme. D’autres caté­go­ri­sa­tions des pro­téines sont aussi per­ti­nentes : celles qui ont une action cata­ly­tique (les enzymes) et celles qui ont un rôle structural.

  4. Eucaryotes : orga­nismes vivants mono ou plu­ri­cel­lu­laires, dont la ou les cel­lules possède(nt) un noyau clai­re­ment déli­mité par une mem­brane et conte­nant entre autre, le génome1. Ils se dis­tinguent des orga­nismes pro­ca­ryotes qui n’en pos­sèdent pas. D’autres cri­tères struc­tu­raux et méta­bo­liques per­mettent de dif­fé­ren­cier ces deux grandes caté­go­ries d’organismes.

  5. Nucléosome : struc­ture macro­mo­lé­cu­laire asso­ciant huit pro­téines6 his­tones4 (deux exem­plaires de cha­cune des his­tones H2A, H2B, H3 et H4), autour de laquelle s’enroulent envi­ron 146 paires de bases d’ADN sur un tour trois quarts. L’ensemble forme un cylindre de 11 nm de dia­mètre sur 5,5 nm de haut environ.

  6. Chromatine : forme sous laquelle se pré­sente l’ADN dans le noyau. C’est la sub­stance de base des chro­mo­somes euca­ryotes7. Elle cor­res­pond à l’as­so­cia­tion de l’ADN3, d’ARN12 et de pro­téines6. Les pro­téines sont de deux types : his­tones et pro­téines non-histones.

  7. Transcription : pro­ces­sus molé­cu­laire com­plexe qui per­met de copier une séquence de la molé­cule d’ADN3 en un ARN12

  8. Traduction : pro­ces­sus molé­cu­laire com­plexe qui per­met de « tra­duire » un ARN12 par­ti­cu­lier, appelé mes­sa­ger, en pro­téine6.

  9. ARN : Acide ribo­nu­cléique. Macromolécule bio­lo­gique com­po­sée de 4 ribo­nu­cléo­tides, eux-mêmes for­més d’un sucre (le ribose), d’une base azo­tée et d’un grou­pe­ment phos­phate. Trois bases, Adénine, Cytosine, Guanine sont com­munes entre l’ADN et l’ARN. Seule la qua­trième, la Thymine pré­sente dans l’ADN est rem­pla­cée par l’Uracile dans les ARN. La séquence des nucléo­tides dans une molé­cule d’ARN est spé­ci­fiée par la séquence d’ADN qui a été trans­crite10, selon la règle sui­vante : en face d’un A de l’ADN, vient un U (et non un T) dans l’ARN ; en face d’un T un A, en face d’un C un G.

  10. Cellule diploïde et cel­lule haploïde. Chez les euca­ryotes7, à cer­taines étapes de la divi­sion cel­lu­laire, appe­lée mitose, la chro­ma­tine se condense pour for­mer les chro­mo­somes qui sont très visibles et iden­ti­fiables en micro­sco­pie optique. On peut clas­ser ces chro­mo­somes par paires, en fonc­tion de leur taille et de leur forme. On appelle cela le caryo­type. Ainsi, chez la sou­ris, on observe 20 paires de chro­mo­somes dont une paire de chro­mo­somes sexuels. Il y a donc dans chaque cel­lule 2 copies d’un même chro­mo­some, l’un venant du père et l’autre de la mère. On dit que la cel­lule est diploïde. Au cours de la matu­ra­tion des cel­lules sexuelles, ou gamè­to­gé­nèse, une mitose par­ti­cu­lière appe­lée méiose per­met de réduire par deux le nombre des chro­mo­somes et de « bras­ser » les gènes du père et de la mère. La cel­lule résul­tant de cette divi­sion par­ti­cu­lière est dite haploïde. Lors de la fécon­da­tion, la fusion d’un gamète mâle (sper­ma­to­zoïde) haploïde et d’un gamète femelle (ovule) éga­le­ment haploïde, pro­duira un œuf qui, lui, sera à nou­veau diploïde.

  11. Protéines de tran­si­tion : pro­téines6 non his­tones asso­ciées tran­si­toi­re­ment à l’ADN3 après la dis­pa­ri­tion de celles-ci lors de la désa­gré­ga­tion des nucléo­somes8

  12. Protamines : petites pro­téines nucléaires qui rem­placent les pro­téines de tran­si­tions 14 qui avaient elles-mêmes rem­placé les his­tones des cel­lules ger­mi­nales mâles au cours de la sper­ma­to­gé­nèse2

  13. Modifications post-tra­duc­tion­nelles. Une pro­téine6, une his­tone4 par exemple, pro­vient de la « tra­duc­tion11 » d’un ARN mes­sa­ger : à la séquence des ribo­nu­cléo­tides sur la molé­cule d’ARN, cor­res­pond une séquence d’amino-acides, de la pro­téine, selon les règles du code géné­tique(voir 11 et 6). Mais ces pro­téines peuvent encore subir ulté­rieu­re­ment des modi­fi­ca­tions par « gref­fage » de cer­tains motifs chi­miques sur des acides ami­nés par­ti­cu­liers. Ces pro­ces­sus (méthy­la­tion, acé­ty­la­tion, cro­to­ny­la­tion) ont pour consé­quence de modi­fier consi­dé­ra­ble­ment les pro­prié­tés phy­sico-chi­miques de la pro­téine, entre autres son affi­nité pour l’ADN et sa confor­ma­tion tri­di­men­sion­nelle. Ces modi­fi­ca­tions post-tra­duc­tion­nelles consti­tuent une base pour ce qu’il est convenu d’appeler l’épigénétique.

Pour plus de détails sur l’Institut Albert Bonniot, cli­quer ici.
Pour en savoir (beau­coup) plus :
Chromatin-to-nucleo­pro­ta­mine tran­si­tion is control­led by the his­tone H2B variant TH2B
Emilie Montellier,Faycal Boussouar,Sophie Rousseaux,Kai Zhang,Thierry Buchou,
Francois Fenaille,Hitoshi Shiota,Alexandra Debernardi,Patrick Henry,Sandrine Curtet,
Mahya Jamshidikia,Sophie Barral,Helene Holota,Aurelie Bergon,Fabrice Lopez,
Philippe Guardiola,Karin Pernet,Jean Imbert,Carlo Petosa8 Minjia Tan,Yingming Zhao,
Matthieu Gerard,and Saadi Khochbin,
Genes and development/Cold Spring Harbor Presse/Edition en ligne 24 juillet 2013

Patrick Seyer

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