DÉCRYPTAGE – Vélo chiné sur le marché, Métrovélo de location jaune poussin ou VTT urbain… Nombreux sont les Grenoblois à vouloir s’essayer à ce mode de transport pratique et écologique qui n’est toutefois pas sans risque. Nous avons tour à tour interrogé sur ce point Gabriel, coordinateur de l’association Un P’tit Vélo dans la tête, et Jacques Chiron, l’adjoint aux déplacements.
310 km d’itinéraires cyclables, 3 700 métrovélos en circulation… Sur le papier, les chiffres de la Métro font rêver les cyclistes grenoblois, soucieux d’un mode de transport écologique. Pourtant, il est loin le temps où Yves Montand courtisait une jeune demoiselle sur des routes de campagne, répétant inlassablement son refrain « à bicyclette ». Aujourd’hui, à Grenoble, la promenade champêtre a laissé place à un gymkhana urbain au milieu d’automobilistes pressés. Et désormais, sur les routes où crient les klaxons, les cyclistes ne sont pas loin de perdre les pédales. Résultat : la voiture coiffe encore au poteau tous les autres modes de transports, comme le révèle l’enquête ménages-déplacements du Syndicat Mixte des Transports en Commun (SMTC) réalisée en 2010. L’automobile représente ainsi près de la moitié des déplacements quotidiens dans l’agglomération, tandis que le vélo peine à s’imposer sur les routes, avec seulement 4 % des trajets. « Il y a déjà beaucoup de cyclistes à Grenoble mais si nous comparons la ville à d’autres comme Strasbourg, Copenhague ou encore Amsterdam, nous pourrions évidemment faire mieux », affirme ainsi Gabriel, coordinateur du P’tit Vélo dans la tête, association de promotion du vélo urbain. Bien sûr, les Grenoblois prennent parfois leur vélo pour fuir le brouhaha de la ville, le temps d’un week-end. Mais ils sont nombreux à préférer au quotidien la boîte de vitesse aux pédales. Et, une fois au volant, ne prennent pas toujours suffisamment garde aux cyclistes, leurs compagnons de route. En mars dernier, la mort d’une jeune Espagnole de 28 ans, percutée par un camion benne, alors qu’elle se rendait au Synchrotron, a ainsi provoqué l’indignation des cyclistes urbains grenoblois, condamnant le manque de sécurité sur les routes. La peur de faire du vélo Les cyclistes se plaignent, notamment, de conducteurs qui ne tiennent pas toujours compte des pistes cyclables. « Certaines personnes ne se sentent pas forcément en sécurité et ont peur de faire du vélo. Cela peut représenter un frein à la pratique », explique Gabriel. Une critique qui ne manque pas de faire réagir l’adjoint aux déplacements, Jacques Chiron : « Si le bilan de la politique du vélo de la ville était aussi négatif, pourquoi y aurait-il autant de vélos dans Grenoble ? », interroge-t-il. « Les couloirs de bus ont été agrandis, des passerelles et des ponts ont été mis en place, notamment au-dessus de la rocade sud et du Drac. Cela prend du temps mais cela fonctionne plutôt bien. Nous étions partis de zéro ! », rappelle l’adjoint. Et puis il y a eu des changements du code de la route. La mise en place, en 2010, d’un contresens cyclable, permettant aux cyclistes de prendre à l’envers tous les sens uniques de la ville, sauf les grands axes, a ainsi visiblement perturbé deux et quatre-roues. Après des premiers mois difficiles et quelques problèmes d’adaptation, les Grenoblois semblent toutefois maîtriser cette nouvelle façon de se déplacer en ville. « Les automobilistes et les cyclistes se respectent et sont capables de se croiser intelligemment », affirme Jacques Chiron. « La situation n’est pas alarmante, mais cette cohabitation a des hauts et des bas », relativise pour sa part Gabriel. Les quais de l’Isère, le cours Jean-Jaurès… Chaque année, les pistes cyclables sont étendues dans la ville. Mais, pour Gabriel, l’aménagement des voies n’est pas suffisant. « Certes, cela permet de sécuriser les trajets et d’augmenter la pratique du vélo mais nous avons également besoin d’une pompe à vélo sur le bord de la route, de vélocistes et de davantage d’ateliers pour apprendre aux cyclistes à réparer leur bicyclette », explique-t-il. De la promenade au trajet domicile-travail, les Grenoblois semblent encore hésiter à enfourcher leur vélo… Malgré des efforts d’aménagements, la ville de Grenoble, pionnière en termes de mobilité, n’a pas encore fait ses preuves avec les deux-roues. Emeline Wuilbercq
310 km d’itinéraires cyclables, 3 700 métrovélos en circulation… Sur le papier, les chiffres de la Métro font rêver les cyclistes grenoblois, soucieux d’un mode de transport écologique. Pourtant, il est loin le temps où Yves Montand courtisait une jeune demoiselle sur des routes de campagne, répétant inlassablement son refrain « à bicyclette ». Aujourd’hui, à Grenoble, la promenade champêtre a laissé place à un gymkhana urbain au milieu d’automobilistes pressés. Et désormais, sur les routes où crient les klaxons, les cyclistes ne sont pas loin de perdre les pédales. Résultat : la voiture coiffe encore au poteau tous les autres modes de transports, comme le révèle l’enquête ménages-déplacements du Syndicat Mixte des Transports en Commun (SMTC) réalisée en 2010. L’automobile représente ainsi près de la moitié des déplacements quotidiens dans l’agglomération, tandis que le vélo peine à s’imposer sur les routes, avec seulement 4 % des trajets. « Il y a déjà beaucoup de cyclistes à Grenoble mais si nous comparons la ville à d’autres comme Strasbourg, Copenhague ou encore Amsterdam, nous pourrions évidemment faire mieux », affirme ainsi Gabriel, coordinateur du P’tit Vélo dans la tête, association de promotion du vélo urbain. Bien sûr, les Grenoblois prennent parfois leur vélo pour fuir le brouhaha de la ville, le temps d’un week-end. Mais ils sont nombreux à préférer au quotidien la boîte de vitesse aux pédales. Et, une fois au volant, ne prennent pas toujours suffisamment garde aux cyclistes, leurs compagnons de route. En mars dernier, la mort d’une jeune Espagnole de 28 ans, percutée par un camion benne, alors qu’elle se rendait au Synchrotron, a ainsi provoqué l’indignation des cyclistes urbains grenoblois, condamnant le manque de sécurité sur les routes. La peur de faire du vélo Les cyclistes se plaignent, notamment, de conducteurs qui ne tiennent pas toujours compte des pistes cyclables. « Certaines personnes ne se sentent pas forcément en sécurité et ont peur de faire du vélo. Cela peut représenter un frein à la pratique », explique Gabriel. Une critique qui ne manque pas de faire réagir l’adjoint aux déplacements, Jacques Chiron : « Si le bilan de la politique du vélo de la ville était aussi négatif, pourquoi y aurait-il autant de vélos dans Grenoble ? », interroge-t-il. « Les couloirs de bus ont été agrandis, des passerelles et des ponts ont été mis en place, notamment au-dessus de la rocade sud et du Drac. Cela prend du temps mais cela fonctionne plutôt bien. Nous étions partis de zéro ! », rappelle l’adjoint. Et puis il y a eu des changements du code de la route. La mise en place, en 2010, d’un contresens cyclable, permettant aux cyclistes de prendre à l’envers tous les sens uniques de la ville, sauf les grands axes, a ainsi visiblement perturbé deux et quatre-roues. Après des premiers mois difficiles et quelques problèmes d’adaptation, les Grenoblois semblent toutefois maîtriser cette nouvelle façon de se déplacer en ville. « Les automobilistes et les cyclistes se respectent et sont capables de se croiser intelligemment », affirme Jacques Chiron. « La situation n’est pas alarmante, mais cette cohabitation a des hauts et des bas », relativise pour sa part Gabriel. Les quais de l’Isère, le cours Jean-Jaurès… Chaque année, les pistes cyclables sont étendues dans la ville. Mais, pour Gabriel, l’aménagement des voies n’est pas suffisant. « Certes, cela permet de sécuriser les trajets et d’augmenter la pratique du vélo mais nous avons également besoin d’une pompe à vélo sur le bord de la route, de vélocistes et de davantage d’ateliers pour apprendre aux cyclistes à réparer leur bicyclette », explique-t-il. De la promenade au trajet domicile-travail, les Grenoblois semblent encore hésiter à enfourcher leur vélo… Malgré des efforts d’aménagements, la ville de Grenoble, pionnière en termes de mobilité, n’a pas encore fait ses preuves avec les deux-roues. Emeline Wuilbercq
« On se disait c’est pour demain J’oserai, j’oserai demain Quand on ira sur les chemins A bicyclette… » Yves Montand