Travailleurs de nuit : boulanger. © Véronique Serre

SÉRIE Travail de nuit : boulanger

SÉRIE Travail de nuit : boulanger

REPORTAGE – Policiers, urgen­tistes, trans­por­teurs, veilleurs de nuit… Ils sont nom­breux à tra­vailler alors que les autres dorment. Découvrez leur quo­ti­dien et par­tez en immer­sion dans cet uni­vers paral­lèle, à tra­vers une série de por­traits-repor­tages. Deuxième de cette série, Sylvain Manoukian, boulanger. 
Travailleurs de nuit : boulanger © Véronique Serre
Minuit. Alors que les lumières s’é­teignent peu à peu dans le quar­tier, Sylvain, 24 ans, com­mence sa nuit de tra­vail qui s’a­chè­vera au petit matin. Après avoir jeté un coup d’œil aux com­mandes, il fait le plein de farine, avec des sacs de 25 kilos. Puis il lui faut pétrir le pain, décou­per la pâte, pré­pa­rer les pains vien­nois… Toute une suc­ces­sion de gestes habi­tuels, rapides, maî­tri­sés, réa­li­sés six jours sur sept. « C’est un métier phy­sique, avec des gestes répé­ti­tifs, des charges lourdes » recon­naît Sylvain qui tra­vaille de nuit depuis quatre ans. « Mais c’est le métier qui est dur, pas le fait de tra­vailler la nuit. L’été, c’est hor­rible. Avec les fours, la tem­pé­ra­ture monte à 40 – 50° C. Et l’hiver, on souffre de la neige et du froid lors des livrai­sons. »
Pourtant, le jeune homme se plaint pas. « J’ai tou­jours voulu faire ce métier », assure-t-il. « Déjà, tout petit, j’avais des amis bou­lan­gers. J’ai grandi dans ce milieu. C’est un rêve de gosse. Le déclic a eu lieu en 2000, lorsque ma mère m’a emmené dans la bou­lan­ge­rie de ses amis, à la sor­tie de l’école. Je suis allé der­rière le comp­toir et là j’ai su que je vou­lais en faire mon métier. »
Seul, la moi­tié de la nuit
Travailleurs de nuit : boulanger © Véronique SerreSylvain Manoukian est arrivé il y a huit mois dans la bou­lan­ge­rie fami­liale Les Bergères, à Seyssinet Pariset. « Je tra­vaille seul la moi­tié de la nuit, ce que j’ap­pré­cie. Et comme on me laisse beau­coup d’autonomie, le temps passe très vite. Vers 4h00, on prend une pause tous ensemble, avec les autres pâtis­siers. J’apprécie car il y a une bonne ambiance. D’ailleurs, quand je finis, j’ai l’impression d’avoir tra­vaillé deux heures. Là où j’é­tais avant, c’é­tait bien plus strict et la nuit me parais­sait plus longue. »
Quand il finit son tra­vail, aux alen­tours de 7h30 ou 8h00, Sylvain passe boire un café chez sa mère ou sa grand mère, puis se détend devant la télé­vi­sion ou en fai­sant de la méca­nique. « A midi, je ne mange pas, mais je gri­gnote pas mal dans la jour­née… Puis vers 14h00, je me couche jusqu’à 17h00 ou 18h00. » Il enchaîne alors avec un bon repas vers 19h, puis se ren­dort aux alen­tours de 21h30 pour se réveiller à 23h00. « C’est ma petite sieste. Au total, je dors au maxi­mum 6h00 par jour. Tout dépend de la quan­tité de tra­vail que j’ai pu avoir dans la semaine. »
Profiter de la vie
Travailleurs de nuit : boulanger © Véronique Serre« Je pour­rais bien dor­mir tout l’après-midi, comme le font cer­tains bou­lan­gers mais j’ai choisi ce rythme car, comme ça, je pro­fite plus de la vie », explique Sylvain. Pour lui, c’est d’ailleurs le grand avan­tage qu’il y a à tra­vailler la nuit : « Etant donné que je finis tôt et que je ne dors pas beau­coup, je peux pro­fi­ter de la jour­née, du soleil et de ma famille. » Comme ils le voient le matin, l’a­près midi et le soir, ses proches ont par­fois même l’impression qu’il ne tra­vaille pas. « Et puis je suis sou­vent pré­sent à la mai­son. Du coup, je ne res­sens pas de déca­lage avec ma copine, qui est secré­taire juri­dique. Quand elle part ou rentre du bou­lot, je suis réveillé. Il n’y a que le week-end qu’on se voit un peu moins. »
Pour ce noc­tam­bule, le tra­vail noc­turne relève donc bel et bien d’un choix. « Je pré­fère tra­vailler de nuit ou, sinon, com­men­cer vers 5h pour finir vers 13h. Je ne peux pas tra­vailler en jour­née. Je n’y arrive pas, ça me rend fou. J’ai l’impression de pas­ser ma vie au tra­vail. Je l’ai fait dans une expé­rience pré­cé­dente et je n’ai pas du tout aimé. En plus, ça me fatigue davan­tage. » Sans comp­ter que le tra­vail de nuit est mieux payé. « Il me fau­drait une belle carotte finan­cière pour que je reparte tra­vailler en jour­née ! ».
Le seul incon­vé­nient, à ses yeux ? Ne pas pou­voir pro­fi­ter plei­ne­ment des soi­rées et des repas en famille ou des sor­ties entre amis. « J’en ai bien pro­fité quand j’étais « jeune ». Je me suis calmé, je ne peux plus me per­mettre », conclut le jeune homme.
Reportage photo (cf. port­fo­lio ci-des­sous) : Véronique Serre 
Rédaction : Muriel Beaudoing
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