DECRYPTAGE – Le conseil de la primaire de la droite grenobloise vient de suspendre temporairement le scrutin, ce mercredi 28 août. En cause, selon elle, l’absence de réponse de la municipalité concernant la mise à disposition de lieux de vote. De son côté, la majorité municipale a répondu dans la foulée que la Ville ferait le nécessaire si l’UMP voulait « vraiment organiser » ce scrutin. Ce dernier pourrait en effet ne jamais se tenir, du fait de désaccords internes.
Le dernier feuilleton de la primaire de la droite qui s’est joué ce mercredi matin au siège de l’UMP38 pourrait bien sonner la fin de la saison. Attablés côte à côte dans la salle de réunion, les trois membres réunis du conseil des primaires ont affiché un air grave lorsque Jean-Claude Peyrin, président de la fédération iséroise, a pris la parole.
« Michel Destot refuse de nous donner les moyens d’organiser les primaires. Je lui ai écrit à trois reprises, en mars, en mai et en juillet pour lui demander de me mettre des salles à disposition. Il ne me répond pas. J’ai donc décidé de surseoir temporairement à la réalisation de ces primaires ».
Après une fin d’année chaotique et des réunions de travail conflictuelles, le seul argument des lieux de vote paraît bien maigre pour justifier cette suspension. D’autant que plusieurs questions soulevées par des candidats sur l’organisation de ce scrutin restent sans réponse.
C’est le cas notamment de la répartition du financement, de l’absence de plafonnement et de la confidentialité des parrainages et des votes. Autre point d’achoppement qui crispait les réunions internes : l’article du règlement intérieur prévoyant la solidarité entre les candidats à l’issue du vote. Certains candidats potentiels y voyaient un accord tacite entre Matthieu Chamussy, le chef de file de l’opposition municipale et l’ancien ministre et maire de Grenoble Alain Carignon, les deux seuls prétendants à avoir pour l’heure officialisé, par le dépôt de leurs parrainages, leur candidature à la primaire.
« Un écran de fumée »
La réaction de la majorité municipale n’a pas tardé. Son président Abderrahmane Djellal dénonce, dans un communiqué envoyé dans l’après-midi, « un écran de fumée visant à masquer les divisions et dissensions internes d’un parti qui peine à présenter un véritable projet aux Grenoblois ».
Concernant l’absence de réponse de Michel Destot sur la question des bureaux de vote, l’adjoint répond par le manque de précision des demandes.
« Si le maire a bien été sollicité pour l’organisation matérielle de ces primaires, M. Peyrin l’a fait dans un premier temps sans en communiquer les dates, puis en demandant l’ouverture de 28 bureaux, puis de 19, avant finalement, au beau milieu de l’été, de n’en demander plus que deux », écrit-il.
Par ailleurs, le communiqué révèle qu’une réponse officielle a été adressée, sans toutefois préciser de date d’envoi, que des pré-réservations ont été effectuées et des devis établis.
« L’obstacle est levé »
La réponse tardive de l’équipe municipale révèle « une absence de sens démocratique » selon Alain Carignon et « une décision tardive sous pression » pour Matthieu Chamussy. Ce dernier s’en réjouit cependant. « Le seul obstacle évoqué est désormais levé et le processus doit reprendre immédiatement selon le calendrier établi collectivement », réclame-t-il.
Un enthousiasme partagé par Benjamin Piton, dont la candidature à l’élection primaire n’a pas encore été reçue officiellement. Tout comme celle de Denis Bonzy, qui a salué « une décision technique sage et logique » de Jean-Claude Peyrin.
Cette réponse officielle de l’équipe municipale permettra-elle de reprendre le processus de la primaire là-même où il avait été interrompu ? Rien n’est moins sûr. Une réunion doit se tenir jeudi matin entre les membres du conseil des primaires et les candidats disponibles. Ils devront statuer sur le maintien ou l’annulation de la primaire.
Interrogé sur l’éventualité d’une réponse rapide de la mairie quant aux bureaux de vote, Jean-Claude Peyrin n’a formulé aucune réponse claire. Il s’est contenté de prévenir qu’en l’absence de primaire ce serait à la commission nationale d’investiture de l’UMP de choisir son candidat.
Un arbitrage qui pourrait alors profiter à Alain Carignon, malgré sa condamnation en 1996 pour corruption, abus de biens sociaux et subornation de témoins. Celui-ci est, en effet, aujourd’hui très introduit dans les structures nationales du parti et lui-même membre de la commission d’investiture.
Victor Guilbert