DECRYPTAGE – Matthieu Chamussy est revenu sur l’accord oral passé avec deux autres candidats à la primaire ouverte de la droite pour l’élection municipale de 2014. Face au trouble créé à droite par ce revirement, le leader de l’opposition au conseil municipal de Grenoble s’explique et tempère ses propos.
Verba volant, scripta manent : les paroles s’envolent, les écrits restent. Une maxime que les candidats et organisateurs de la primaire « du changement » à Grenoble semblent avoir oubliée. Car un simple accord oral ne suffit apparemment pas à acter des engagements.
Petit rappel des faits : le 20 avril dernier à l’issue d’une réunion de travail dans les bureaux grenoblois de l’UMP38 qui chapeaute l’organisation, les candidats de la primaire prennent une décision. Celle de soutenir le vainqueur de ce processus électif.
Mais pour quatre d’entre eux, tous membres du parti, l’accord va plus loin. Matthieu Chamussy, Alain Carignon, Benjamin Piton et Colin Lecordier actent la présence des perdants sur la liste du gagnant. Si le dernier s’est depuis retiré de la course, l’entente prévaudrait donc toujours pour les trois autres encore en lice.
Confirmé par plusieurs témoins et officialisé le lendemain par un communiqué, cet accord n’en est pas moins surprenant. Les désaccords et les oppositions sont, en effet, nombreux entre Matthieu Chamussy et Alain Carignon, depuis les condamnations de ce dernier pour corruption. Sans compter les nombreuses tentatives de retour sur la scène politique grenobloise de l’ancien ministre et maire de la ville, désavoué jusque-là par les électeurs.
L’ombre d’Alain Carignon
Interrogé sur cette union étonnante par nos confrères de France Bleu Isère ce vendredi matin, Mathieu Chamussy s’est cependant bien gardé de la confirmer. Un revirement qui laisse perplexe Denis Bonzy, autre candidat à la primaire non encarté à l’UMP.
« Si Matthieu Chamussy renonce à cette union après l’avoir acceptée, il démontre une surprenante vision de la parole politique », tacle ainsi l’outsider, par ailleurs président du Club 20, club de réflexion politique local. « Denis Bonzy souhaite m’imposer un engagement que lui-même ne prend pas », répond simplement Matthieu Chamussy.Une nage entre deux eaux compréhensible stratégiquement. Sans démentir l’accord, maigre symbole d’un parti rassemblé, Matthieu Chamussy essaie malgré tout de ne pas se retrouver trop lié à Alain Carignon, soutien difficile à assumer. Rappel à l’ordre Mais la marge de manœuvre est fine. « L’accord est comme gravé dans le marbre », prévient le patron isérois de l’UMP Jean-Claude Peyrin qui ne souhaite pas que la primaire se transforme en affrontement fratricide, à l’image de la primaire parisienne. C’est donc en qualité d’arbitre de ce processus électif et en « garant du bon déroulement » qu’il a interrompu la partie.
« (Matthieu Chamussy) mérite un carton jaune pour ce manquement et, s’il ne renoue pas avec ses engagements d’union, il interdit à la primaire de remplir son objectif, qui est de réaliser ce rassemblement », dénonce Jean-Claude Peyrin.Matthieu Chamussy calme le jeu Prévenu, le conseiller municipal grenoblois s’avoue « peiné » par le « bien mauvais procès » qui lui est fait, alors qu’il avait pris l’initiative d’inscrire l’engagement de soutien au vainqueur à la charte de la primaire. Une charte qui sera signée par les candidats pleinement déclarés en septembre, selon le calendrier arrêté. « D’autres candidats peuvent se déclarer et chacun peut comprendre qu’il serait singulier de prendre un engagement sans savoir avec qui il est contracté », conclut Matthieu Chamussy. Une phrase qui offre une double lecture alors qu’Alain Carignon laisse toujours planer le doute sur sa participation effective à cette élection. Victor Guilbert Denis Bonzy, Jean-Claude Peyrin et Matthieu Chamussy ont tous été contactés pour l’écriture de cet article en complément de leurs communiqués respectifs.