Zoom sur le lightpainting

Zoom sur le lightpainting

VIDEO – Avec sa lampe torche, l’ar­tiste Jadikan invente, des­sine, crée et bri­cole. Pour réa­li­ser une œuvre d’art, il lui suf­fit d’un peu d’obs­cu­rité et d’un appa­reil photo numé­rique. Lors de la Nuit des musées, sa tech­nique a impres­sionné les Grenoblois, le temps d’une soi­rée, où il a brossé le por­trait lumi­neux de dizaines de volontaires. 
Il expose actuel­le­ment ses cli­chés à la Maison des Arts Plastiques Rhône-Alpes, à Lyon. Zoom sur le light­pain­ting, un art de la lumière… et du mouvement.
Crédit photo : Jadikan

Crédit photo : Jadikan

Place Gre’net : Qu’est-ce que le lightpainting ? 
Jadikan : Le light­pain­ting, c’est peindre à la lumière. Cela vient de l’é­ty­mo­lo­gie même de « pho­to­gra­phie ». « Photo » signi­fie lumière et « gra­phie » écrire. C’est un sys­tème de pose longue en pho­to­gra­phie dans un endroit sombre avec cer­taines lumières. Ce n’est pas de l’ins­tan­tané comme sou­vent aujourd’­hui avec les appa­reils pho­tos numériques.
D’où vient cette technique ?
Les pre­miers essais datent de la fin du XIXe siècle. Le light­pain­ting est apparu en même temps que la pho­to­gra­phie. Des gens ont com­mencé à uti­li­ser de la lumière pour prendre leurs cli­chés dans la pénombre. Par exemple, l’ar­tiste Franck Guilbert a voulu suivre le mou­ve­ment des tra­vailleurs à la chaîne et mis des lumières sur les bras des ouvriers. La pho­to­gra­phie de l’al­ba­nais Gjon Mili repré­sen­tant Pablo Picasso des­si­nant un cen­taure avec de la lumière dans un ate­lier d’Aubagne en est une autre illus­tra­tion. Il y a eu quelques essais en noir et blanc au début du siècle. Ensuite, la cou­leur est arri­vée. Puis le numé­rique a changé la donne. Aujourd’hui, on peut apprendre plus faci­le­ment, être plus pré­cis, la logis­tique est moins lourde. Il y a de plus en plus de gens qui s’y mettent. Moi, j’en ai fait ma spé­cia­lité depuis sept ou huit ans.
Pablo Picasso Drawing a Centaur in the Air with a Flashlight at Madoura Pottery

Pablo Picasso Drawing a Centaur in the Air with a Flashlight at Madoura Pottery

Peut-on dire que le light­pain­ting est une nou­velle forme artistique ? 
Totalement. La base du light­pain­ting, c’est la pho­to­gra­phie mais cela regroupe beau­coup de choses. C’est une véri­table per­for­mance. Quand on prend la photo, l’ob­tu­ra­teur reste ouvert pen­dant plu­sieurs minutes. Pendant ce temps-là, se joue une cho­ré­gra­phie avec dif­fé­rentes sources lumi­neuses. On éclaire une par­tie du lieu, on change de lampe, de cou­leur, puis on éclaire une autre par­tie. On ne voit pas ce qu’on fait dans le noir, il faut savoir ce que l’on veut créer avant de l’exé­cu­ter. Cela néces­site beau­coup d’en­traî­ne­ment et de tra­vail pour connaître les outils. Il faut avoir des bases solides en pho­to­gra­phie. Après, la cho­ré­gra­phie est mil­li­mé­trée, répétée.
En quoi le numé­rique est-il un atout pour cette technique ?
L’avantage de l’ar­ri­vée du numé­rique, c’est que l’on peut voir direc­te­ment ce que l’on fait sur l’ap­pa­reil. En obser­vant le résul­tat, on peut déci­der d’é­clai­rer dif­fé­rem­ment ou bien répé­ter qua­si­ment à l’i­den­tique mais avec de petites nuances pour être plus pré­cis. J’essaie de pous­ser le médium un peu plus loin, d’ou­vrir de nou­velles portes en per­ma­nence. C’est pour cela qu’il s’a­git selon moi d’une nou­velle pra­tique artis­tique. Il n’y a pas de maître à pen­ser, pas de per­sonnes qui ont tout essayé. On peut décou­vrir, créer ses propres outils, ses pin­ceaux pour uti­li­ser dif­fé­rents éclai­rages. La pièce noire est le cane­vas. La lumière est comme un pin­ceau qui enlève les zones d’ombre afin de faire appa­raître quelque chose de réel ou d’ir­réel en ajou­tant des élé­ments, en chan­geant la cou­leur, les perspectives.
As-tu des endroits de pré­di­lec­tion pour faire du lightpainting ?
Ce que j’aime bien, c’est les lieux avec un peu de patine, qui ont du vécu. Je tra­vaille la nuit, long­temps après le cou­cher du soleil. J’aime bien aller dans ces endroits lais­sés à l’a­ban­don car il n’y a pas de lumière. Cela me donne des condi­tions opti­males pour tra­vailler. L’idéal est de se retrou­ver à 2 heures du matin dans une friche indus­trielle aban­don­née. C’est une sen­sa­tion par­ti­cu­lière, on réin­ves­tit les lieux. Personne n’est là, per­sonne n’a été là pen­dant des années. Soit on a trouvé une petite porte pour entrer, soit on a grimpé sur un mur et on se retrouve dans cet endroit. Puis, on le trans­forme sans vrai­ment tou­cher à sa struc­ture. L’idée est d’u­ti­li­ser les sub­ti­li­tés du lieu, de le mettre en valeur, de l’é­clai­rer pour créer une œuvre originale.
Propos recueillis par Emeline Wuilbercq

Retour sur la Nuit des musées :
« Lors de la Nuit des musées, l’i­dée était de réa­li­ser une per­for­mance, de prendre rapi­de­ment les gens en photo pour qu’ils découvrent la pra­tique du light­pain­ting. Cela leur per­met de com­prendre à la fin sur le cli­ché qu’il n’y a rien autour d’eux mais que ce sont les mou­ve­ments qui font cette photographie. »

Informations pra­tiques :
Exposition du 23 mai au 8 juin 2013 à la Maison Arts Plastiques Rhône-Alpes (MAPRA) à Lyon
Ouverture : mardi et samedi 14h30 – 18h30
Du mer­credi au ven­dredi 10h – 12h30 et 14h30 – 18h30
Plus d’in­for­ma­tions sur le site de la MAPRA.

EW

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