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Pollution de l’air à Grenoble : res­pi­rez… Toussez !

Pollution de l’air à Grenoble : res­pi­rez… Toussez !

DÉCRYPTAGE. Il y a trop de par­ti­cules fines dans l’air. Lundi 9 décembre, le niveau d’in­for­ma­tion à la pol­lu­tion a été déclen­ché à Grenoble. Et, au vu des condi­tions anti-cyclo­niques et du phé­no­mène d’in­ver­sion des tem­pé­ra­tures, la qua­lité de l’air pour­rait encore se dégra­der un peu plus ces pro­chains jours…

Dans l'agglomération grenobloise, les seuils réglementaires de pollution atmosphérique sont régulièrement dépassés

A Grenoble, les seuils régle­men­taires de la qua­lité de l’air sont régu­liè­re­ment dépas­sés.
© David André

Depuis lundi, il ne fait pas bon res­pi­rer l’air de Grenoble. Et cela devrait durer, si ce n’est s’ag­gra­ver, jus­qu’à la fin de la semaine.
Les condi­tions anti­cy­clo­niques, com­bi­nées à une absence totale de vent et à une inver­sion des tem­pé­ra­tures, clouent en effet les pol­luants au fond de la cuvette grenobloise. 
« On est dans un sys­tème atmo­sphé­rique où toutes les émis­sions se concentrent et la nature ne nous aide pas à dis­per­ser la pol­lu­tion », explique Marie-Pierre Vagnot, ingé­nieur envi­ron­ne­ment à l’ob­ser­va­toire Air Rhône-Alpes.
Le niveau d’in­for­ma­tion à la pol­lu­tion réactivé
Une situa­tion qui a poussé hier, lundi 9 décembre, les pou­voirs publics à réac­ti­ver le niveau d’in­for­ma­tion sur la pol­lu­tion aux par­ti­cules fines dans l’agglomération. 
Ces pous­sières sont les pol­luants les plus fré­quem­ment retrou­vés dans les épi­sodes de pol­lu­tion. En 2012, elles repré­sen­taient 85 % des consti­tuants. Et le pre­mier res­pon­sable n’est pas for­cé­ment celui que l’on croit, à savoir le tra­fic automobile.

En 2014, les chercheurs de l'Inserm vont se pencher sur la pollution de l'air à Grenoble.

© David André

En hiver, dans la région Rhône-Alpes, le chauf­fage indi­vi­duel, et notam­ment au bois (quand il est ancien et pas per­for­mant), est en effet res­pon­sable de 73 % des émis­sions de par­ti­cules fines, lors des épi­sodes de pol­lu­tion, pointe Air Rhône-Alpes dans son bilan de l’hi­ver 2012 – 2013.
A chaque chute du mer­cure, le taux de par­ti­cules fines grimpe en flèche. 
« Il faut se mettre dans un contexte col­lec­tif », conti­nue Marie-Pierre Vagnot. « Les indus­triels ont un plan d’ac­tion pour réduire leurs émis­sions. A cha­cun de faire une effort. Par exemple en évi­tant de brû­ler du bois dans un chauf­fage d’ap­point et en pri­vi­lé­giant les trans­ports en com­mun ».

Des seuils dépas­sés et caduques

Pour les per­sonnes sen­sibles – femmes enceintes, enfants, per­sonnes âgées ou asth­ma­tiques – le niveau de concen­tra­tion en pol­luants, monoxyde et dioxyde d’a­zote et par­ti­cules fines, n’est pas sans risques.
Irritations de la gorge et des yeux et gêne res­pi­ra­toire sont les pre­miers symp­tômes. Mieux vaut alors évi­ter les dépla­ce­ments. Et ne pas enfour­cher son vélo ou, pire, pra­ti­quer une acti­vité spor­tive intense.

En 2012, le niveau d’in­for­ma­tion et de recom­man­da­tion a été activé 28 jours sur le bas­sin gre­no­blois. Au 9 décembre 2013, le chiffre était déjà de 26. Quant au niveau d’a­lerte, le degré au-des­sus, il a été atteint 14 jours en 2012, contre 10 jus­qu’à lundi pour l’an­née 2013 (*).
Non sans consé­quences. D’après une étude de l’Institut de veille sani­taire menée dans qua­rante com­munes autour de Grenoble, entre 100 et 200 per­sonnes suc­com­be­raient chaque année aux effets de la pol­lu­tion atmosphérique.

La pollution à Grenoble, source de problèmes de santé

Le tra­fic rou­tier reste une cause majeure de la pol­lu­tion atmo­sphé­rique.
© Véronique Serre / Place Gre’net

En France, les par­ti­cules fines seraient à l’o­ri­gine chaque année de 42 000 morts pré­ma­tu­rées, selon le minis­tère de l’Écologie.
Et les tra­vaux des scien­ti­fiques ne laissent plus de place au doute. Une vaste étude parue dans The Lancet en octobre der­nier et diri­gée en France par le Grenoblois Rémy Slama est sans appel. Non seule­ment, la pol­lu­tion, notam­ment aux par­ti­cules fines, a un impact sur le déve­lop­pe­ment des fœtus, mais le risque est accru quand bien même les normes euro­péennes seraient respectées…
Hier lundi, c’est une autre étude, parue éga­le­ment dans The Lancet, et reprise dans le jour­nal Le Monde, qui enfonce le clou.

La France rap­pe­lée à l’ordre et bien­tôt sanctionnée ?

Alors que l’OMS (Organisation mon­diale de la santé) recom­mande de ne pas dépas­ser la valeur annuelle de 20 micro­grammes de par­ti­cules fines par mètre cube, l’Union euro­péenne a fixé le seuil à 40 micro­grammes. En France, le niveau d’in­for­ma­tion est activé à par­tir de 50 micro­grammes par mètre cube ; le niveau d’a­lerte à par­tir de 80…
Des niveaux bien supé­rieurs qui, après deux rap­pels à l’ordre, valent à la France d’être assi­gnée devant la Cour euro­péenne de jus­tice pour man­que­ment aux règles de la qua­lité de l’air.
Quelle solu­tion appor­ter ? Moduler le tra­fic auto­mo­bile en fonc­tion de la qua­lité de l’air ? En France, les Zapa, zones d’ac­tion prio­ri­taires pour l’air, ont été enter­rées avant d’a­voir vu le jour. Les ZTL, les zones de tra­fic limité, iront-elles plus loin ?
Patricia Cerinsek
* Depuis février 2011, un arrêté inter-pré­fec­to­ral a abaissé les seuils de déclen­che­ment des pro­cé­dures. D’où une mul­ti­pli­ca­tion par deux ou trois du nombre de fois où ont été acti­vés les niveaux d’in­for­ma­tion et d’alerte.
A lire éga­le­ment sur Echosciences :
- L’air de l’ag­glo sous surveillance

Patricia Cerinsek

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