FOCUS – L’ancien directeur de Carrefour Meylan a comparu, jeudi 21 mars 2024, devant le tribunal correctionnel de Grenoble, pour harcèlement moral. En juillet 2016, un cadre de l’hypermarché s’était pendu sur son lieu de travail. Un suicide que sa famille impute en grande partie aux humiliations répétées et au management du prévenu. Celui-ci a été condamné, jeudi 2 mai, à six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende. Le sexagénaire fait appel de la décision.
Prison avec sursis et amende pour l’ancien directeur, qui fait appel
Le tribunal correctionnel de Grenoble a rendu sa décision, jeudi 2 mai 2024. Reconnu coupable de harcèlement moral à l’encontre de Jean-Michel Bastien, cadre de Carrefour Meylan retrouvé pendu dans un local technique du magasin en juillet 2016, l’ancien directeur de l’hypermarché a été condamné à six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende. Son avocate Me Claudia Chemarin a aussitôt annoncé faire appel du jugement.
[Encadré ajouté le 3 mai 2024]
[Article publié le 22 mars 2024 à 10 h 53 et mis à jour le 3 mai 2024 à 9 h 49] Pour la femme et les deux filles de Jean-Michel Bastien, c’est l’aboutissement d’un « combat mené depuis huit ans », souligne leur avocat Me Flavien Jorquera. « Huit ans qu’on se bat pour que ce dossier arrive ici ! » Ici, soit devant le tribunal correctionnel de Grenoble où était jugé, jeudi 21 mars 2024, l’ancien directeur de Carrefour Meylan, pour harcèlement moral. L’homme qui, selon la famille de la victime, aurait poussé au suicide le cadre de 58 ans, il y a près de huit ans.
La femme et l’une des deux filles de Jean-Michel Bastien, aux côtés de leur avocat, Me Flavien Jorquera, à la sortie de ce procès qu’elles attendaient depuis huit ans. © Manuel Pavard – Place Gre’net
Durant plus de quatre heures, les parties civiles ont entendu les explications de Jérôme L. et les témoignages d’ex-salariés de Carrefour, tout en voyant juges et avocats décortiquer les relations unissant le prévenu à leur mari et père. Une audience qui a ravivé de douloureux souvenirs. Car Brigitte, Julie et Tiphaine Bastien n’ont rien oublié de cette funeste journée du 5 juillet 2016.
« Un bon signalant qu’il avait emprunté une corde »
Ce jour-là, Jean-Michel Bastien a été retrouvé pendu dans un local technique, sur son lieu de travail… Comme s’il avait voulu faire passer « un message clair sur la raison de son geste », estime Me Jorquera. Lequel livre une anecdote édifiante : « Quand on a découvert son corps dans ce local, il y avait un bon signalant qu’il avait emprunté une corde. »
Le détail, glaçant, « en dit beaucoup », d’après l’avocat. Même au moment de se donner la mort, le cadre de l’hypermarché conservait ainsi « le respect des procédures ». Une illustration, aussi, de l’attachement qui semblait lier encore le quinquagénaire au groupe Carrefour, pour lequel il travaillait depuis 38 ans.
Carrefour condamné pour faute inexcusable mais un non-lieu au pénal
Lorsqu’il s’est suicidé, Jean-Michel Bastien, responsable du secteur non-alimentaire de Carrefour Meylan, se trouvait alors depuis dix mois sous les ordres de Jérôme L., arrivé en 2015 à la tête du magasin isérois, en provenance de Givors (Rhône). Un prévenu qui s’est retrouvé seul à la barre du tribunal correctionnel, au grand dam des parties civiles.
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