FLASH INFO – Du vendredi 22 au dimanche 24 mars 2024, 132 lycéens voironnais se rendent en Pologne pour une visite, entre autres, du site du camp de concentration et d’extermination Auschwitz-Birkenau, où fut mis en œuvre la Solution finale, soit le processus d’extermination des Juifs d’Europe. Un moment de recueillement auquel participeront plusieurs élus voironnais, mais pas ceux du groupe d’opposition Voiron citoyenne, qui a refusé d’y participer.
Le déplacement des élèves voironnais résonne de façon particulière : mars 2024 marque le 80e “anniversaire” de la rafle de la Martellière, à la suite de laquelle 18 jeunes Juifs de 7 à 22 ans furent déportés, d’abord pour le camp de Drancy puis, pour la plupart, à Auschwitz. Un seul d’entre eux en revint vivant. Dans un article sur leur site, les élus de Voiron citoyenne rappellent que l’événement ne fut identifié qu’en 1996, donnant lieu dès lors à une commémoration ainsi qu’au dévoilement d’une plaque en hommage aux victimes.
Si Voiron citoyenne ne remet pas en cause l’horreur de la rafle de la Martellière, pourquoi refuser de participer au déplacement à Auschwitz ? Pour des raisons écologiques et financières, expliquent les élus. Qui jugent « incongru d’envisager un voyage en avion » et chiffrent entre 8 000 et 10 000 euros le coût du voyage et du logement des 35 élus participants. L’opposition rappelle par ailleurs que les lycéens, pour leur part, effectueront leur trajet jusqu’en Pologne en bus.
Pour les élus, le trajet en avion jusqu’à Auschwitz s’inscrit dans « les dépenses inconsidérées de la municipalité pour des choix plus que discutables ». Et de questionner encore la sincérité de la démarche, en mettant en relation ce déplacement avec le parrainage que le maire de Voiron Julien Polat avait accordé à Éric Zemmour en 2022, ou le refus par la Ville d’un stand du Réseau de lutte contre le fascisme à l’occasion de la foire de la Saint-Martin en 2023.
Julien Polat a pour sa part fait savoir au Dauphiné libéré qu’il ne commenterait pas la polémique. Ce n’est pas le cas du Crif Grenoble-Dauphiné, qui condamne l’attitude de Voiron citoyenne. « Prétextant un “oui mais” qui se voudrait tout à la fois écologique et financier, ces élus adoptent en réalité la position de celles et ceux qui, même involontairement, concourent à effacer du champ de la mémoire ce que fut la barbarie nazie et la Shoah », dénonce l’association. Et d’ajouter : « L’éducation, la culture, et la mémoire des horreurs de l’humanité n’ont pas de prix. »